Projet PhosphoBio - Pratiques culturales : 61 enquêtes déjà réalisées !
Lors de l’hiver 2021/2022, les pratiques culturales de 61 parcelles, situées dans le Gers et l’Aveyron, ont été caractérisées via des enquêtes en exploitation agricole(*). En attendant les résultats des 142 autres parcelles de l’observatoire PhosphoBio, voici les premiers résultats pour le Sud-Ouest.
Grâce aux informations recueillies dans ces enquêtes, des bilans entre les entrées de phosphore (apports de fertilisants) et les sorties (exportations de grains, de pailles ou de fourrages) ont été calculés sur 5 ans, de 2017 à 2021. Ces bilans permettent d’identifier les parcelles qui s’enrichissent en phosphore (stockage) et celles qui s’appauvrissent (déstockage).
À plus long-terme, les résultats seront également confrontés aux teneurs des sols en phosphore recueillies dans le cadre de la campagne d’analyse de sols. Ils permettront d’établir les relations entre pratiques culturales et fertilité chimique des sols.
Carte 1 : Distribution géographique des exploitations agricoles de l’observatoire PhosphoBio, dont celles enquêtées lors de l’hiver 2021-2022 (en rouge)
La majorité des parcelles reçoivent un apport de phosphore
Sur les 61 parcelles étudiées, 48 ont reçu au moins une fois des fertilisants contenant du phosphore durant les 5 dernières années (entre 2017 et 2021). 13 se sont donc passées de tout type d’apports de phosphore.
Parmi les différents produits apportés, les fumiers – compostés ou non – sont les plus utilisés dans les enquêtes (figure 1). On retrouve ensuite des engrais organiques du commerce contenants du phosphore (bouchons, fientes sèches, compost de déchets verts…). Parmi les engrais de ferme, les sources sont diverses : fumiers de volailles, ovins et bovins, plus ou moins compostés.
Figure 1 : Occurrence des différents apports de phosphore à la parcelle (61 parcelles enquêtées du Sud-Ouest)
Le maïs est la culture la plus fertilisée en phosphore, avec en moyenne 114 kg de P2O5 par hectare et par an (figure 2). Le blé tendre et le tournesol sont, quant à eux, fertilisés en moyenne à hauteur de 41 et 38 kg de P2O5 par hectare et par an.
Parmi les cultures peu ou pas fertilisées, on retrouve des légumineuses (pois, pois chiche, lentille, fève, féverole, luzerne, sainfoin), mais également l’avoine ou le millet.
Figure 2 : Apport moyen de P2O5 (en kg/ha/an) dans les cinq cultures les plus représentées dans les 61 parcelles enquêtées
Des bilans F-E sur 5 ans très variables
Sur les 61 parcelles enquêtées du Sud-Ouest, les bilans phosphatés Fumure – Exportations sur 5 ans varient de -162 à +590 kg de P2O5 par hectare (figure 3). On observe une forte diversité de résultats, la moyenne se situant à 36 kg P2O5/ha. Toutefois, la valeur de la médiane (en-dessous de laquelle se trouve 50 % des situations) est nettement inférieure à la moyenne, et même négative (-8 kg P2O5/ha). Cette différence s’explique en raison de quelques valeurs positives extrêmes (+380 ; +426 ; +590 kg/ha).
Figure 3 : Cumul des bilans fumure-exportations en P2O5 pour la période 2017-2021 selon le nombre de parcelle (61 parcelles enquêtées)
Il convient de préciser que ces bilans ont été calculés à partir de concentrations en P des produits récoltés et des produits fertilisants, valeurs acquises en agriculture conventionnelle (grille COMIFER), qui ne sont pas nécessairement adaptées au contexte de l’agriculture biologique. En effet, ces concentrations de référence proviennent majoritairement de situations où le phosphore et les autres éléments n’étaient pas ou peu limitants.
Un des objectifs du projet PhosphoBio est justement de tester la validité de ces référentiels en Agriculture Biologique et, si nécessaire, d’en proposer une adaptation. Des éléments d’interprétation complémentaires seront ainsi apportés tout au long du projet PhosphoBio, en fonction des résultats obtenus.
Sur les 203 parcelles de l’observatoire PhosphoBio, il reste désormais 142 parcelles réparties sur 105 exploitations agricoles dont les pratiques n’ont pas encore été renseignées. Sous la responsabilité de l’école d’ingénieurs Bordeaux Science Agro, deux autres groupes d’étudiants poursuivront ce travail d’enquêtes à l’automne/hiver 2022/2023, dans les territoires restants, i.e. Bassin Parisien, Grand-Ouest, Rhône-Alpes et les dernières parcelles du Sud-Ouest.
(*) Nous tenons à remercier l’ensemble des agricultrices et agriculteurs qui ont répondu aux enquêtes, les étudiants de Bordeaux Sciences Agro qui les ont menées et Joséphine Demay, doctorante dans le projet PhosphoBio, qui a coordonné ce travail.