Résultats d’essais

Quels sont les choix techniques incontournables avant l’implantation d’un blé dur ?

Le blé dur est sensible aux conditions d’implantation : sa fragilité racinaire lui défend d’avoir les pieds dans l’eau. Il est également plus sensible que le blé tendre au froid, aux excès d’eau et à la sécheresse ainsi qu’aux parasites provenant du sol : piétin-échaudage, fusarioses, mosaïques. Les solutions de désherbage sont également plus limitées, que ce soit vis-à-vis des produits disponibles que des doses envisageables.

Parcelle nue avant semis de blé dur

Choix de la parcelle

Pour obtenir un blé dur de qualité, le choix de la parcelle est décisif. Sa plus grande sensibilité aux stress abiotiques et aux maladies des pieds et des racines doit être prise en compte dans la mesure du possible :

  • Des parcelles saines, sans risque d’hydromorphie (bien drainées) et avec des sols bien structurés, avec une assez bonne réserve utile (100-120 mm minimum) ou pouvant être irriguées.
  • Eviter les parcelles contaminées par les mosaïques ou fréquemment touchées par le piétin échaudage.
  • Eviter les parcelles infestées de graminées (vulpins, ray-grass, bromes, vulpie queue de rat), les solutions de désherbage antigraminées sont plus limitées en blé dur qu’en blé tendre et l’espèce est plus fragile vis-à-vis d’éventuelles phytotoxicités.

Choix du précédent

Pour limiter les risques sanitaires et faciliter l’obtention d’une bonne qualité, le choix du précédent est également important :

  • Privilégier des précédents favorables à la minéralisation de l’azote (légumineuses, colza…).
  • Eviter les précédents favorables aux fusarioses (maïs, sorgho et millet). Lorsque cela n’est pas possible, procéder à un broyage fin du précédent après récolte suivi de préférence d’un labour ou d’un travail du sol pour garantir l’absence de résidus en surface.
  • Eviter les précédents favorables au piétin échaudage : deuxième paille, graminées fourragères…

Adapter la période de semis

Toutes les variétés de blé dur étant de type « printemps », leur développement n’est pas freiné par la durée du jour et seule la température dicte leur rythme de développement. Ainsi, elles peuvent amorcer leur montaison très tôt si elles sont semées trop précocement. Les semis trop précoces peuvent également augmenter le risque de contamination par les parasites du sol. Retarder la date de semis quand cela est possible permet de limiter le risque de contamination par les mosaïques ou le piétin échaudage.

En sol profond ou en situation irriguée, notamment dans l’ouest et le centre de la France, les semis de printemps sont envisageables et peuvent permettre de réduire encore plus les risques d’attaques de parasites du sol et les infestations par les adventices difficiles à gérer.

Consultez l’article « Réussir la culture de blé dur de printemps »

Dans le sud de la France, les semis tardifs sont à proscrire. Les sécheresses en fin de cycle entraînent une perte systématique d’au moins 30 % de rendement sur les parcelles non irriguées. En situation irriguée, les pertes varient de 15 à 20 % en moyenne. Dans les situations hydromorphes avec des risques de ne plus pouvoir rentrer dans les parcelles à l’arrivée des premières pluies (Camargue, Vallée du Rhône), il sera judicieux d’anticiper la date de semis à mi-octobre.  

Pour en savoir plus, lire aussi l’article « Blé dur : des dates et densités de semis recommandées »

Choisir des variétés adaptées aux conditions agronomiques et aux exigences de qualité

En plus de sa productivité, chaque variété inscrite au catalogue est caractérisée par des critères agronomiques et technologiques. Ces informations permettent de choisir la (ou les) variété la plus adaptée et de répondre au mieux aux marchés en alliant productivité et qualité.

En effet, les variétés se différencient par leurs sensibilités face aux aléas climatiques ou aux maladies, et par leurs critères de qualité. En choisir plusieurs permet donc de répartir les risques. Pour chaque situation, (type de sol, possibilité d’irriguer ou non, précédent), il convient de choisir la mieux adaptée.

Pour vous aider dans votre choix, consultez :
les fiches variétés  
- les préconisations régionales 
             - dans le Sud-Est
             - dans le Sud-Ouest
             - dans l’Ouest Océan
             - en Centre / Île-de-France

La productivité d’une variété peut certes séduire mais ne peut constituer, à elle seule, l’unique critère de choix variétal. En effet, des potentiels parfois élevés sont obtenus au détriment de critères qualité indispensables à la filière ou bien au détriment de caractéristiques agronomiques intéressantes (tolérance à certaines maladies). Les derniers quintaux gagnés ne seront pas rentabilisés si la récolte est trop affectée par un fort taux de mitadinage, une teneur en DON ou en moucheture élevée.

Par ailleurs, les variétés se distinguent également selon leur aptitude à produire des protéines. Avec un fractionnement des apports azotés adéquats et pour une même dose d’azote, le choix d’une variété plutôt qu’une autre peut faire la différence et vous permettre d’atteindre les teneurs en protéines visées dans les situations où ce critère est délicat à atteindre.

En parcelle irriguée, on retiendra également des variétés ayant un bon comportement vis-à-vis de la verse et une faible sensibilité à la moucheture.

Enfin, les variétés n’ont pas toutes les mêmes aptitudes à supporter les stress climatiques : dans certaines situations à risque, il sera préférable de choisir une variété robuste vis-à-vis de la sécheresse au détriment d’un éventuel supplément de potentiel.

En résumé
• Opter pour des parcelles saines, bien drainées, propres et avec une réserve utile intéressante et/ou la capacité d’irriguer.
• Privilégier des précédents pourvoyeurs d’azote (légumineuses) pour le blé dur et sans risque fusarioses (maïs, sorgho, millet).
• Cultiver des variétés qui trouveront acheteurs.
• Cultiver deux variétés au minimum si la surface envisagée est importante.
• Ne pas se contenter uniquement des résultats de rendement. Tenir compte des critères de qualité, de résistance aux maladies, à la verse et aux stress biotiques.
• Se référer aux données d’essais pluriannuels, tout en testant des variétés nouvellement inscrites.
• Respecter l’adaptation des variétés au milieu et les dates de semis recommandées.

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