Blé dur : quelles variétés choisir pour les prochains semis ?
En blé dur, le choix d’une variété n’est pas anodin, puisqu’il engage la conduite de la culture d’une part et le débouché d’autre part. Les expérimentations de post-inscription permettent de consolider ce choix et de mieux positionner les variétés selon leur terrain de prédilection. Revue de détails des caractéristiques agronomiques et qualitatives des dernières inscriptions et des références.
Les caractéristiques agronomiques et qualitatives des variétés de blé dur, évaluées plusieurs années dans le réseau d’essais de post-inscription d’ARVALIS, constituent une clé solide pour composer les futurs assolements. L’institut propose une sélection de variétés par région, particulièrement adaptées aux quatre principaux bassins de production du blé dur (tableau 1).
Les préconisations d’ARVALIS pour 2023
Les variétés proposées possèdent souvent un ou plusieurs atouts intéressants en plus de leur productivité : une bonne tolérance globale aux maladies du feuillage, une bonne teneur en protéines, une bonne tolérance au mitadin ou encore à la moucheture.
Tableau 1 : Préconisations régionalisées d'ARVALIS pour les blés durs
Les « Valeurs sûres » ont été testées au moins cinq ans (dont deux au CTPS) et ont un comportement suffisamment fiable pour préciser leur adaptation à différents milieux, adapter leur conduite en conséquence et limiter ainsi les risques d’accident.
La catégorie « Des avantages certains » regroupe les variétés qui ont généralement un comportement typé, une productivité un peu faible ou un défaut de qualité ou de comportement agronomique important. Ces écueils ne permettent pas de les préconiser largement, mais elles présentent des points forts intéressants à valoriser dans certaines situations spécifiques.
Les variétés « À tester » sont fraîchement inscrites et leurs principaux atouts et points faibles sont bien identifiés.
Une nouveauté qui se comporte très bien
Cette année, sur les deux nouvelles inscriptions au catalogue français en 2022, une seule variété sera mise sur le marché. Elle a rejoint le réseau d’essais d’ARVALIS. Rocaillou, inscrite en zone Sud par Florimond Desprez, est demi-tardive à demi-précoce à l’épiaison. C’est la première variété « Blé dur Élite » inscrite au catalogue depuis la révision des classes technologiques en 2019, appliquée aux nouvelles inscriptions depuis 2021.
Son profil « qualité » est équilibré et de bon niveau pour l’ensemble des critères examinés. Rocaillou a d’ailleurs obtenu un bonus pour le critère « moucheture », avec une cotation de 7,5. Elle exprime également une belle couleur jaune (8) mais affiche cependant un petit PMG (5,5). Avec une bonne teneur en protéines (6), elle semble moyennement sensible au mitadinage (6).
Sur le plan des performances agronomiques, Rocaillou a montré un bon potentiel (avec un rendement moyen atteignant 103,5 % des témoins, Miradoux, Anvergur et RGT Voilur), et ce à la fois en conditions traitées (101,5 %) et non traitées (105,4 %). Son comportement vis-à-vis des bioagresseurs est globalement bon ; elle a ainsi reçu une bonification pour la rouille brune (7), la septoriose (6.5) et la fusariose (5). Attention, cependant, la variété étant haute (3.5), elle sera à surveiller vis-à-vis de la verse.
Rappelons qu’il ne faut pas tout miser sur une variété nouvelle car ses performances sont établies sur deux années d’essais seulement. Or, le comportement pluriannuel est essentiel, comme le soulignent les essais réalisés en 2022, parfois fortement impactés par la sécheresse.
Des performances variétales perturbées par le sec en 2022
Dans le Sud-Ouest, le potentiel important mis en place par les pluies hivernales régulières ne s’est pas exprimé à la récolte à cause de l’échaudage exceptionnel et du fort déficit hydrique en fin de cycle. Les rendements varient de 39 à 94 q/ha. Sur les sites de Montaut-les-Créneaux (32) et Lamasquère (31), très impactés par le temps chaud et sec de fin de cycle, de bonnes variétés comme Relief et RGT Belalur affichent de mauvaises performances, au contraire de la variété la plus précoce, RGT Vanur. Anvergur a montré une fois de plus sa souplesse, même avec une fin de cycle difficile.
Dans le regroupement des essais du Sud-Est, RGT Vanur arrive en tête, avec 75,1 q/ha. C’est l’une des variétés au plus gros poids de mille grains (PMG), qui a réussi à maintenir ce PMG correct malgré la sécheresse alors que beaucoup de variétés se sont effondrées au moment du remplissage. Puis vient RGT Belalur (73,7 q/ha), qui a maintenu un nombre élevé de grains par épi. Anvergur, Canaillou, RGT Voilur et Platone sont, avec 73 q/ha, légèrement au-dessus de la moyenne des rendements. Dimokritos (très précoce) et Relief (très tardif) ont été très impactées par l’année.
Le bassin Centre / Ile-de-France a aussi été marquée par une sécheresse exceptionnellement précoce et durable en 2022. Si ces conditions ont limité le développement des maladies foliaires et les fusarioses des épis, le principal facteur limitant du rendement a été la pluviométrie et/ou la capacité d’irriguer les blés durs. Les rendements moyennés sur les onze essais de la région s’échelonnent entre 83,8 q/ha pour Anvergur et 76 q/ha pour Karur et Miradoux. RGT Voilur et RGT Belalur obtiennent autour de 81 q/ha.
Pour la région Ouest Océan, les potentiels de trois essais ont été trop pénalisés par l’intensité de la sécheresse pour constituer des références. Seul l’essai en marais (Grues, 85) est exploitable, avec un rendement moyen de 96,5 q/ha.
Tableau 2 : Caractéristiques des variétés de blé dur - catalogue 2023
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