Variétés de blé dur : les performances 2023/2024 dans le Sud-Ouest
Retrouvez les résultats des variétés de blé dur, obtenus dans le réseau d’essais du Sud-Ouest, en termes de rendements et de qualité.
Contextualisation des résultats de l’année
La campagne 2023-2024 est une nouvelle fois très singulière. Elle s’illustre par des implantations très difficiles à l’ouest de la région, des dégâts de cicadelle (pied chétifs) d’une rare ampleur de l’Est du Gers à l’Aude, et par une récolte ponctuée d’averses orageuses importantes, limitant l’expression du potentiel des blés durs dans de nombreuses situations.
Figure 1 : Points clés de la campagne blé dur 2023/2024
Des semis difficiles
Le début de la campagne est très sec (-10 à -70 % de pluie sur septembre et début octobre). Les premiers semis se font donc dans le sec avec des préparations grossières. Les pluies reviennent fin octobre et début novembre mais en quantité importante (+40 à +240 %) avec un gradient décroissant d’Ouest en Est. Ce gradient sera visible jusqu’à la fin du cycle avec des pluviométries toujours plus nourries à l’Ouest qu’à l’Est. Ainsi, le Gers et une partie de Tarn ont des implantations très difficiles, et comme les pluies perdurent tout l’hiver, le nombre de plantes levées est en retrait. Cela s’observe aussi dans les autres départements mais avec beaucoup moins d’impacts. Même si les semis débutent fin octobre, c’est surtout du 1er au 10 novembre que la majorité des chantiers se réalisent. Les semis restants ne sont possibles ensuite que sur le mois de décembre, janvier et février.
Une campagne sous des températures douces
La douceur est de nouveau de mise cette année (température moyenne de +40 à +60 % par rapport à la médiane entre novembre et janvier), ce qui contribue à l’activité intense des pucerons et cicadelles et accélère les stades des cultures. Les pluies régulières mais en léger retrait permettent à la végétation de bien se développer. Les maladies restent discrètes sur blé dur (bien que présente en blé tendre). La septoriose, très présente au début, se calme avec quelques épisodes de sec, et la rouille brune explose au stade grain laiteux. Les biomasses sont d’un bon niveau et sont à floraison très élevée dans les parcelles sans souci agronomique. Les fertilités épis sont très bonnes et compensent le nombre d’épi faible dans les secteurs humides. Malgré ce climat plutôt favorable à montaison, quelques épisodes de gel autour de la méiose font perdre un peu de fertilité des épis dans certains secteurs, et les symptômes de pieds chétifs apparaissent dans de très nombreuses parcelles avec des disparitions de pieds entre fin mai et début juin. Les impacts sont importants surtout en parcelles exposées au Sud et en coteaux : certaines d’entre elles sont affectées entre 50 et 100 % de leur surface.
Des conditions de fin de cycle favorables au remplissage
Le remplissage des grains se déroule dans de très bonne condition, pluies régulières et pas d’échaudage : on ne compte aucun jour avec une température moyenne supérieure à 30°C, et une dizaine de jours supérieurs à 25°C contre une quinzaine en médiane. Les pluies depuis l’épiaison ont permis au complexe fusarien de se développer mais de façon plus contrainte que la campagne 2022/2023. Fusarium graminearum produit très peu de mycotoxines DON cette année et les effets de Microdochium spp. sont visibles régulièrement sans être catastrophiques : grain atrophié et moucheture.
A peine le grain est prêt à être récolté que des pluies orageuses s’invitent et perturbent les moissons. La qualité (mitadin) et les poids spécifiques (PS) se dégradent à chaque épisode de pluie (entre 20 et 120 mm de fin juin à mi-juillet selon les secteurs). Les mitadins varient de 0 à 40 % et les PS de 78 à 84 kg/hl. Les teneurs en protéines sont corrects et le Temps de Chute de Hagberg (TCH) ne bouge pas malgré les craintes de germination des grains.
Au final, les rendements sont moyens, entre 10-20 q/ha là où les cicadelles ont eu un fort impact, et 70-75 q/ha pour les meilleures potentiels. Dans les essais, sans impact agronomique majeur, les potentiels sont supérieurs de 7 à 30 % à la moyenne des 5 dernières années.
Cette année, le réseau variétal met donc en avant des variétés qui valorisent les fins de cycle favorable au remplissage et qui peuvent compenser des chutes d’épis/m² notamment par la fertilité des épis. Au-delà des résultats de l’année, il est donc important de regarder les performances des variétés sur plusieurs années.
Description du réseau d’essais
Le réseau d’évaluation variétale Sud-Ouest 2023/24 se composait de cinq essais (tableau 1). Nous remercions nos partenaires agriculteurs et Arterris qui les ont mis en place.
L’essai de Montaut-les-Créneaux n’a pas pu être récolté (implantation difficile et développement de piétin verse provoquant 100 % de verse pathologique sur le site) et l’essai de Castelnaudary a subi une forte phytotoxicité herbicides qui rend le classement variétal peu représentatif. Le regroupement se base donc sur trois essais cette année.
Tableau 1 : Description du réseau d’évaluation des variétés de blé dur de la récolte 2024 dans le Sud-Ouest
L’ensemble des sites réalise un score supérieur à la moyenne des 5 dernières années, y compris dans les sites où le nombre d’épis par m² est en retrait (-7 % à Laurac et -10 % à Lamasquère). Les fertilités d’épi records mis en place dans les sites avec moins d’épis (+5 % à Laurac et +16 % à Lamasquère) et les poids de mille grains (PMG) très bons sur l’ensemble des sites (+4 à +20 %) permettent de compenser un début de cycle moins favorable.
Résultats des essais variétés en rendement traité
Avec des rendements équivalent à ceux d’ANVERGUR, deux nouveautés se hissent cette année en haut du classement : CABAYOU et RGT INSIEMUR (figure 2).
ANVERGUR conserve sa régularité légendaire quels que soient les sites, ce qui ne semble pas être le cas des nouveautés, plus irrégulières. Ces 2 nouveautés sont prometteuses, aussi sur d’autres critères, mais attention à la dilution en teneur en protéines qui peut être parfois importante.
Dans le milieu de classement et dans le même groupe statistique, on retrouve RGT VOILUR, RGT BELALUR, ROCAILLOU, CANAILLOU et RGT KAPSUR. Ces variétés, même si légèrement moins productives qu’ANVERGUR, gardent des atouts incontestables pour se développer.
En bas de tableau, on retrouve RELIEF qui n’apprécie pas les implantations difficiles, la nouveauté RGT RAPSOLUR, et RGT VANUR, en dernière position car elle performe mieux dans des conditions climatiques plus sèches.
Figure 2 : Résultats de rendement traité du regroupement Sud-Ouest 2024 – trois essais
De manière générale, il est important de faire ses choix en regardant les résultats pluriannuels. En effet, le comportement des variétés est très marqué par l’année climatique : il est préférable de l’apprécier sur plusieurs années.
Figure 3 : Rendements pluriannuels de quelques variétés de blé dur dans le Sud-Ouest
Sources des données : ARVALIS et partenaires (post-inscription), CTPS/ GEVES (inscription).
Afin de comparer les résultats de variétés expérimentées sur différentes campagnes, les rendements sont corrigés des effets annuels à l’aide des variétés communes entre année. Ils sont exprimés en % de la moyenne des variétés représentées. Les chiffres et le point central indiquent respectivement le millésime et la moyenne ajustée pluriannuelle (ex : 24 = 2024). Les résultats des nouvelles variétés et des témoins en 1re et 2e année d’inscription au CTPS sont respectivement représentés par c1 et c2.
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