Blé dur : les dates et densités de semis recommandées selon les variétés
Pour optimiser le développement des variétés de blé dur pendant tout le cycle, il est nécessaire de raisonner la date et la densité de semis.
A quelle date semer ?
Les variétés de blé dur cultivées sont toutes alternatives (elles ont toutes un faible besoin de vernalisation et un frein photopériodique1 réduit). Leur développement est essentiellement lié à la température ; il n’y a pas, ou très peu, de frein lié à la durée du jour. Cela se traduit par des développements très rapides si l’automne et l’hiver sont doux, ou à l’inverse, des développements ralentis en hiver froid. De manière générale, le blé dur est plutôt précoce à la faveur des températures douces, ce qui l’expose plus fortement aux risques de gel printanier. Il est donc important de ne pas semer le blé dur trop tôt, surtout lorsqu’il est noté précoce à montaison.
La précocité à montaison est mesurée grâce au stade épi 1 cm. La précocité à épiaison est proche de la précocité à maturité. Les deux précocités sont très liées mais certaines variétés sont plus sensibles aux températures hivernales : quand l’hiver est doux, leur montaison est accélérée, c’est le cas de Claudio ou historiquement Sculptur par exemple.
Les précocités à montaison et à épiaison permettent de calculer la date de semis idéale pour éviter les risques de gel précoces ou tardifs et la période d’échaudage en fin de cycle.
Tableau 1 : Classement des variétés de blé dur selon leurs précocités à montaison et épiaison - synthèse pluriannuelle 2007-2024
Une variété tardive échappe plus souvent au gel de printemps et a plus de chance de rattraper un accident précoce (excès d’eau ou sécheresse précoce). Mais elle subit plus fortement la sécheresse pendant le remplissage. Elle donnera donc de meilleurs résultats là où on ne manque pas trop d’eau en fin de cycle (sols profonds). Elle peut être semée tôt.
Une variété précoce subit moins la sécheresse pendant le remplissage mais elle est plus sensible aux accidents précoces. Elle est exposée au gel de printemps si elle est semée très tôt ou que l’hiver est très doux. Elle donnera de meilleurs résultats là où la sécheresse en fin de cycle est forte (sols séchants à faible réserve en eau).
Le potentiel de rendement maximum du blé dur est atteint pour des semis réalisés entre le 20 octobre et le 5 novembre dans tous les bassins de production, avec un optimum légèrement différent pour chaque variété selon son rythme de développement et pour certains milieux.
Les semis précoces sont rarement synonymes de meilleur potentiel car les maladies racinaires et les virus transmis par les insectes (nanismes) ou par des micro-organismes du sol (mosaïques) sont favorisés par les semis précoces.
Les semis de blé tardifs peuvent réduire le potentiel de rendement certaines années, notamment quand la fin de cycle est séchante, car cela impacte le remplissage et le poids de mille grains (PMG). Mais cela peut également décaler la fin de cycle vers des périodes plus pluvieuses et avoir ainsi une incidence sur la qualité.
Tableau 2 : Risques pour des semis trop précoces ou trop tardifs
La date optimale de semis se situe autour de début novembre dans tous les bassins de production mais il existe quelques nuances en fonction des régions et des précocités variétales.
Figure 1 : Plages optimales de semis pour quelques variétés selon la région de production
Dans les quatre grandes régions de production, le rendement maximum du blé dur est atteint pour des semis réalisés entre le 20 octobre et le 5 novembre. Débuter les semis de blé plus tôt se justifie dans les secteurs méditerranéens froids (Piémont, Montagne) ou à risque d’excès d’eau à l’automne.
Entre le 15 octobre et le 15 novembre, un écart de date de semis de cinq jours se traduit par un écart d’un jour à épiaison. Bien que la gamme de précocité variétale soit assez resserrée, il y a en moyenne sept jours d’écart à l’épiaison entre une variété précoce (type Sculptur) et une demi-tardive (type Karur - Miradoux).
Pour répartir les risques de gel au printemps, il est conseillé de semer un bouquet de variétés de précocité différentes, aussi bien à l’échelle de l’exploitation que du bassin de production.
Et à quelle densité semer ?
Quelle que soit la région et la variété, le rendement maximum est atteint avec 200 à 220 plantes/m² en sortie d’hiver. Les densités supérieures à 250 plantes/m² sont plus sensibles à la sécheresse, aux maladies et à la verse. Les densités faibles sont surtout pénalisantes au-dessous de 150 plantes/m², car le tallage compense en partie. Comme pour beaucoup de cultures, il est préférable d’avoir une culture pas trop dense en sol à faible réserve en eau : et au contraire, d’assurer une densité un peu plus élevée en sol à fort potentiel de rendement.
En conditions de semis favorables (semis de fin octobre et préparation assez fine), les pertes à la levée sont en moyenne de 15 % ; 250 grains/m² semés suffisent donc.
En conditions plus difficiles (sol motteux, excès d’eau précoce, sols battants…) ou d’hiver rude (semis tardif en région froide), les pertes à la levée et en hiver peuvent atteindre 30, voire 40 %. La densité de semis conseillée augmente donc, mais le surcoût induit est important et le premier objectif doit être d’améliorer la qualité de la préparation.
En semis tardif, le coefficient de tallage épis est fortement pénalisé (durée du tallage réduite) ; en semis de printemps irrigué, les densités préconisées sont donc élevées (jusqu’à 400 grains/m²).
Tableaux 3 : Densités de semis conseillées par bassin de production
En Centre - Île-de-France (Taux de levée moyen = 90 %)
En région Ouest –Océan (Taux de levée moyen = 85 %)
Dans le Sud-Ouest (Taux de levée moyen = 80 %)
En région méditerranéenne (Taux de levée moyen = 75 %)
1 Frein photopériodique : en hiver, le développement des céréales est ralenti par les jours courts (photopériode) et par le froid. En blé dur, toutes les variétés sont peu photosensibles (pas de frein photopériodique) mais thermosensibles, c’est-à-dire que seule la température permet aux plantes de passer d’un stade à un autre.
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