Réussir la culture de blé dur de printemps
Par choix ou à la suite d’un accident climatique à l’automne, du blé dur peut être implanté au printemps. Comment le cultiver ? Quelles adaptations de l’itinéraire technique prévoir ?
L’intérêt du blé dur de printemps
Le blé dur de printemps a tout son intérêt dans une rotation qui veut introduire une céréale de printemps. Afin de maximiser ses performances, il faut le semer tôt et l’irriguer. Si l’évolution climatique se traduit dans les années qui viennent par des printemps chauds et secs, ses rendements pourraient devenir beaucoup plus aléatoires sans une irrigation adaptée, voire soutenue.
Une culture de printemps supplémentaire dans la rotation permet de mieux gérer les graminées adventices. On peut ajouter que le blé dur de printemps n’exprime que très rarement des symptômes de mosaïques et que les maladies racinaires (comme le piétin échaudage) s’y développent moins. Partager sa sole de blé dur entre des semis d’automne et des semis de printemps permet de répartir les risques agronomiques et les accidents de qualité.
Une conduite à adapter
Choix variétal : certaines variétés sont plus adaptées au semis de printemps
Le blé dur est foncièrement une culture de printemps, c’est-à-dire qu’il n’a quasiment pas besoin de vernalisation, à l’inverse de la majorité des variétés de blé tendre. Toutes les variétés de blé dur sont intrinsèquement de printemps, mais certaines peuvent mieux se comporter que d’autres, en lien avec leur précocité à maturité et leur capacité à produire un nombre d’épis/m² suffisant (tallage).
Dans le bassin de production Centre – Île-de-France, propice à la culture de blé dur au printemps, des essais variétés semés au printemps sont régulièrement mis en place. Les dernières références ont été mises à jour en 2020 dans un réseau composé de quatre essais conduits par les partenaires du Comité technique Blé Dur Centre – Île-de-France. On notera dans ce réseau régional, le bon comportement d’Anvergur et de Casteldoux sur deux ans (deux essais par an).
Par ailleurs, dans ce bassin de production, les écarts de potentiel de rendement entre blé dur d’hiver et de printemps sont en moyenne (références pluriannuelles) de 10 q/ha en sol profond irrigué, mais sont très variables (en fonction de l’année, des conditions de fin de cycle, de la date de semis de blé…).
Figure 1 : Relation entre teneurs en protéine et rendements pour plusieurs variétés de blé dur - récolte 2020 – Comité technique blé dur Centre - Île-de-France – quatre essais
Figure 2 : Synthèse historique des essais blé dur de printemps sur la relation entre teneurs en protéine et rendements – en % des témoins – 2012/2017 – Comité technique région Centre - Île-de-France
Date et densité de semis
De par son cycle plus court, le blé dur de printemps possède moins de capacité de tallage. Afin d’obtenir un peuplement épis suffisant, la densité de semis devra être élevée. La date de semis est fonction de l’état de ressuyage des parcelles. Le plus tôt est le mieux, pourvu que l’implantation soit de qualité (optimale entre le 1er et le 25 février en région Centre, courant décembre pour les marais de l’Ouest Océan).
Tableau 1 : Nombre de grains à semer au m² selon la date de semis et le type de sol en blé dur de printemps
Stratégie de fertilisation azotée
La fertilisation azotée pourra se faire en trois apports : un premier (50 unités) entre le semis et 2 feuilles ; le dernier, adapté à la variété (de 40 à 80 unités) au stade dernière feuille étalée ; et le complément, au stade épi à 1 cm. Cela peut se faire à l’aide d’outils de pilotage, comme sur cultures d’hiver (N-Tester par exemple).
Protection fongique, régulateur et irrigation : quelles adaptations ?
Le blé dur de printemps permet certaines économies par rapport au blé dur d’hiver ; en règle générale, le régulateur de croissance est inutile.
En culture de printemps, le blé dur est généralement plus exposé aux attaques de rouille brune en région Centre, le cycle étant décalé. Les stratégies de protection fongicide sont les mêmes qu’en semis d’hiver.
Concernant les besoins en irrigation, ils peuvent être plus élevés du fait d’un enracinement plus superficiel et d’une fin de cycle intervenant à une période généralement plus sèche.
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