Semis de lin fibre de printemps : faire attention au ressuyage des parcelles et aux températures
Les conditions pédo-climatiques sont primordiales lors des semis de lin fibre de printemps. En effet, le sol doit être ressuyé pour la préparation du lit de semences et suffisamment réchauffé pour optimiser la levée des plantes.

Un hiver humide
L’hiver 2024-2025 se caractérise par une pluviométrie hétérogène sur l’ensemble du bassin linier. Des excédents de pluies sont observés notamment autour du bassin parisien. A l’inverse, en bord de mer, les parcelles sont plutôt déficitaires par rapport à la pluviométrie moyenne. Des pluies fortes courant octobre et janvier entrecoupées d’averses régulières ont engorgé les sols. Le temps plus sec et chaud pour la saison en février/mars a permis de commencer à faire ressuyer les parcelles. Le lin étant très sensible au défaut de structure, il convient d’éviter de semer du lin dans les parcelles ayant été récoltées en conditions humides (maïs, pomme de terre, betterave, légumes, etc.). De même, les travaux de préparation du sol et de semis doivent être réalisés lorsque le sol est ressuyé.

Semis lin : des conditions à ne pas négliger
Le travail du sol pour assurer un meilleur enracinement des semis
La préparation du sol représente une étape clé de la conduite de la culture. Le lin présente une racine pivot qui la rend très sensible à des défauts de structures. Un bon enracinement conditionne la capacité de la plante à puiser l’eau et les nutriments nécessaires à son développement.
- Pour limiter le tassement du sol, il est recommandé de limiter le nombre de passages. L’utilisation d’un combiné de semis est alors préférable.
- Un lit de semence de 3 à 5 cm de profondeur suffit pour permettre une bonne implantation.
- Pour éviter de créer des zones de lissage pénalisant l’enracinement, la reprise du labour doit être réalisée sur un sol réessuyé sur une profondeur de 40 cm (humidité < 18 %). Aucune pluie ne doit être annoncée dans les 48 heures suivant cette étape.
On estime qu'un lin implanté sur une zone tassée peut perdre 50 % de son rendement.
Assurer une levée rapide et homogène du lin
Les semences représentent un poste de dépense important pour les liniculteurs. La réussite du semis est d’autant plus importante qu’une mauvaise implantation peut entraîner une double levée et créer des complications techniques pénalisant la rentabilité de la culture. Les conditions optimales de semis pour une bonne levée sont les suivantes :
- Le lin doit être semé dans un sol réchauffé (température supérieure à 10°C). La culture se développant à partir de 5°C, des températures atmosphériques douces favoriseront une levée rapide.
- La graine de lin disposant de peu de réserves : elle doit être semée à une profondeur comprise entre 1 et 2 cm. Semer en vitesse réduite (6 km/h) favorise une levée homogène.
- Après le semis, les terres doivent blanchir pendant au moins 48 heures afin de favoriser la cohésion du sol en surface et limiter le risque de battance en cas de forte pluies. Il est alors nécessaire d’évaluer les risques de précipitations.
Viser un peuplement de 1500 à 1600 plantes viables/m²
Le lin compense mal une hétérogénéité dans les parcelles : la régularité du peuplement prime alors sur la densité. Le liniculteur doit viser un peuplement de 1500 à 1600 plantes viables/m². Une densité trop importante favorise la verse et le développement des maladies en conditions humides et, à l’inverse, rend la culture plus sensible aux stress hydrique en cas de conditions sèches. Le nombre de graines semées varie selon la date de semis et du type de sol :
- Les semis en sols difficiles : avec une forte teneur en argile, une préparation grossière, il est conseillé d’augmenter la dose de semences de l’ordre de 20 % afin de palier des éventuels problèmes de levée.
- Les semis précoces : bien souvent, ces semis sont réalisés dans des sols encore froids, mal ressuyés et avec des préparations de sol grossières. Il convient par conséquent de majorer la densité de semis d’environ 10 %.
- Les semis plus tardifs : ils sont favorables à une bonne germination des plantes car les conditions sont meilleures. Il n’est généralement pas nécessaire d’augmenter la dose de semences.

Semer du lin : anticiper les problèmes de bio-agresseurs
Le semis de lin, un premier levier de lutte contre les altises
La préparation du sol et la date de semis influencent le risque altises. Il est alors recommandé :
- D’assurer une levée rapide des lins pour réduire la période de sensibilité du lin vis-à-vis des altises. Les dates de semis très précoces sont généralement plus exposée aux altises.
- De limiter la présence de résidus et de mottes dans la parcelle.
Limiter la présence d’adventices au champ
L’impact des adventices sur le lin est double : concurrence pour la lumière, l’eau et les éléments nutritifs puis dépréciation de la qualité de récolte (pollution des nappes, complexification des travaux de récolte, etc.). Bien que les meilleurs leviers soient à mettre en place à l’échelle de la rotation, le liniculteur doit anticiper le risque au moment du semis.
Lire aussi : « Lin fibre de printemps : penser au désherbage dès les semis »
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