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Auvergne / Centre / Île-de-France

Semis de céréales d’automne 2024 : faire les bons choix

A l’instar de l’automne 2023, la nouvelle campagne de céréales démarre avec beaucoup de pluies. Pas de précipitation, il faut avant tout viser de bonnes conditions agronomiques pour semer. A prioriser : les sols argileux et hydromorphes. Dans les autres types de sol, la plage de semis reste potentiellement très large.

Un semoir Amazone, Airstar Primera, au travail après un déchaumage de céréales

Le contexte climatique actuel est toujours très humide sur l’ensemble de la région (carte 1), avec des cumuls de pluies qui varient selon les postes de 40 mm à plus de 80 mm depuis le 1er octobre. Il n’est pas sans nous rappeler les semis de la saison dernière. Ce constat nous amène à envisager des retards de semis en céréales à paille.

Carte 1 : Cumul de pluies (33) du 1er au 12 octobre 2024
Carte 1 : Cumul de pluies (33) du 1er au 12 octobre 2024

Type de sol et qualité d’implantation

A l’heure actuelle, les sols sont dans la plupart des cas à la capacité au champ, voire saturés, avec des inondations en Eure-et-Loir, Loir-et-Cher et Seine-et-Marne. Les pluies annoncées pour les prochains jours vont de nouveau retarder les interventions. Dans tous les cas, il faut privilégier la qualité de semis avant la date de semis. Il vaut mieux assurer une levée rapide en décalant la date de semis de dix jours plutôt que l’inverse. Quelques éléments de priorisation :

  • Priorité aux parcelles en sols les plus hydromorphes dès qu’une fenêtre climatique s’ouvre, sachant qu’il faudra attendre sans doute une dizaine de jours après la dernière pluie significative pour assurer un ressuyage en profondeur et maximiser les chances de créer une structure favorable à la levée, sans matraquer les structures souvent éprouvées par la dernière campagne.
  • Pour les parcelles non hydromorphes et en particulier pour les argilo-calcaires, priorité aux parcelles à faible pression de graminées, mais dans ces situations, il n’est pas utile de trop se presser.

Précocité des variétés

Arrivé mi-octobre, il est difficile d’envisager un changement de variétés au sein des exploitations et donc de précocités, que ce soit en blé tendre ou en orge d’hiver. Si un choix adapté des variétés au type de sol avait été envisagé (ex. : variété plus tardive à épiaison en sol plus profond), il doit être revu. La priorité actuelle est de semer les variétés dans leur plage optimale de semis : les plus tardives à épiaison en premier, quel que soit le type de sol !

Périodes optimales de semis en blé tendre et orge d’hiver

Retrouvez toutes les informations dates et densité de semis dans les guides régionaux Choisir et Décider avec les préconisations en :

Il est important de rappeler qu’il est nécessaire d’ajuster les densités de semis à la hausse en fonction de la qualité d’implantation attendue et du retard pris.

Impact sur le potentiel

Concernant le blé tendre 

En reprenant l’ensemble de la base de données historique d’ARVALIS de la région Centre et du Sud Bassin parisien, il est possible de distinguer deux grandes situations : Sud Loire (départements : 18, 36, 37 et 41) et Nord Loire (départements : 28, 45, 77, 78 et 91).

Figure 1 : Pertes potentielles de rendement en fonction des dates de semis - blé tendre - % des données moyennes - départements : 18, 36, 37 et 41
Figure 2 : Pertes potentielles de rendement en fonction des dates de semis - blé tendre - % des données moyennes - départements : 28, 45, 77, 78 et 91

Au sud de la région comme au nord, on estime les pertes de rendements à environ 10 % pour des semis de début novembre et de 20 % après le 20 novembre. Ces pertes peuvent être très variables en fonction des conditions de semis, et dans les meilleurs cas, être sans impact sur le potentiel (variétés adaptées comme Prestance, fort enherbement graminées et conditions de fin de cycle favorables).

Concernant l’orge d’hiver 

Le constat est semblable à celui fait en blé tendre :

  • Pertes de 10 % début novembre et 20 % fin novembre.
  • Pertes d’autant plus variables qu’en blé tendre en lien avec une sensibilité plus forte à la qualité d’implantation.
Figure 3 : Pertes potentielles de rendement en fonction des dates de semis – orge d’hiver - % des données moyennes - départements : 18, 36, 37 et 41
Figure 4 : Pertes potentielles de rendement en fonction des dates de semis - orge d’hiver - % des données moyennes - départements : 28, 45, 77, 78 et 91
En résumé 
- Blé tendre : pas d’inquiétude pour le moment et priorité donnée aux variétés les plus tardives.
- Orge d’hiver : des semis possibles jusqu’au 10 novembre et surtout, privilégier avant tout la qualité d’implantation.

Parcelles infestées en graminées : qui sème, désherbe !

Dans notre région, les résistances herbicides très présentes incitent à désherber durant l’automne. La prélevée est un moment privilégié. Ainsi, sur vulpins et ray-grass, en application solo, dans nos essais, les traitements de prélevée présentent généralement de meilleures efficacités que les post précoces, entre 5 et 15 points de plus, sauf en cas de conditions très sèches au semis.

En cas de programme d’automne, les niveaux d’efficacité sont également très dépendants de la prélevée : si la base est solide, le programme sera alors d’un très bon niveau. Si la prélevée est plus limitée, le complément de postlevée ne sera pas suffisant pour garantir un haut niveau d’efficacité.

Sauf cas particuliers - prévisions d’abats d’eau, sillons mal refermés (= risque de phytotoxicité élevé)…-, un désherbage est recommandé juste après semis pour gérer des problématiques graminées d’automne.

En cas d’utilisation du prosulfocarbe, attention aux cultures non cibles de notre région et encore sur pieds, au vu des conditions climatiques, comme le sorgho ou le sarrasin par exemple.

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