Orge d'hiver : raisonner les dates et densités de semis
Le positionnement des semis d'orges d'hiver est fonction des conditions climatiques, mais doit prendre en compte, avant tout, les exigences physiologiques des variétés retenues et les risques en parcelles : adventices, pucerons...
Semer trop tôt fait partie des erreurs dont les conséquences peuvent être lourdes : augmentation de la pression adventices, dégâts de gel d’épis sur les variétés très précoces à montaison, risque de verse et de développement des maladies sur les variétés les plus sensibles, contamination des plantes par des virus transmis par les ravageurs d’automne. En revanche, les semis tardifs sont souvent confrontés à des conditions climatiques limitantes et pénalisés par les défauts de structure du sol. L’orge est plus sensible que le blé à l’anoxie racinaire (manque d’oxygène lié à une mauvaise structure ou un excès d’eau).
Tableau 1 : Dates de semis optimales en fonction des précocités variétales
* : Au-dessus de 900 mètres d’altitude, anticiper les semis de 10 jours par rapport au tableau ci-dessus. Privilégier les variétés tolérantes au froid (voir tableau 2)
Quel impact sur le potentiel de rendement en semis tardif ?
La figure 1, réalisée à partir de résultats pluriannuels de la grande région Centre-Est, illustre le comportement de variétés 6 rangs d'hiver vis-à-vis de la date de semis. Le rendement maximum est généralement réalisé sur des semis précoces. Ensuite, jusqu’au 20/10, la perte potentiel de rendement n’excède pas 10 % alors qu’au-delà, elle peut être sévère. Cependant, une gestion insuffisante des bioagresseurs (notamment adventices et pucerons vecteurs de jaunisse nanisante de l'orge (JNO)) dans les semis précoces peut réduire l’écart de potentiel avec les semis tardifs.
Figure 1 : Effet de la date de semis sur le potentiel en orge d’hiver 6 rangs : base pluriannuelle région Centre-Est
* En 2022, en milieu séchant, le point daté du 08/10 (87 % du maxi) est inférieur à celui du 25/10 pour lequel le rendement est maximum (essai de Puits de Bon – 89).
A retenir :
Si les conditions d’implantation sont optimales et que la pression en adventices graminées est très faible, il est clairement conseillé de maintenir une date de semis précoce : 10/15 octobre ; avec dans l’idéal, une variété tolérante à la JNO, permettant d’alléger le contrôle de ce virus.
Si les conditions d’implantation ne sont pas optimales (exemple : absence de repousses du précédent type blé) et/ou que la pression en graminées adventices est forte, il est nécessaire, comme en blé tendre, de retarder la date de semis. Le potentiel pourra certes être impacté mais des économies sur la conduite de la culture permettront de remonter sa marge nette :
- Absence d’insecticide d’automne ou limité à un seul (+/- 15 €/ha passage compris) ;
- Effet « date de semis » sur le volet désherbage : non négligeable (réduit la concurrence des adventices vis-à-vis de la culture + améliore l’efficacité des herbicides) et peut éviter un deuxième passage d’automne (+/- 55 €/ha passage compris) ;
- Gestion des repousses de blé, évitant le déclassement à la récolte pour les brassicoles ;
- Non modification de l’assolement, ce qui, à long terme, à l’échelle d’une rotation complète, reste bénéfique.
Point de vigilance : les semis tardifs au-delà du 20/25 octobre imposent de majorer les densités de semis prévues initialement. Le rendement des orges est sensible à la composante nombre d’épis par m², il faut donc assurer cette première composante par un nombre de pieds/m² suffisant.
Densité de semis : distinguer les orges 2 rangs et les escourgeons
L’élaboration du rendement pour les orges à 2 rangs et les orges à 6 rangs est différente.
ORGES D'HIVER À 6 RANGS LIGNÉES
En comparaison avec les orges à 2 rangs, les escourgeons forment leurs rendements essentiellement grâce à un nombre de grains par épi élevé, le nombre d’épis étant limité. Plus sensibles à la verse que les 2 rangs, ils ne doivent pas être semés trop denses. Les densités conseillées sont proches de celles du blé.
ORGES D'HIVER À 2 RANGS
Pour une orge à 2 rangs, le nombre de grains/m² résulte essentiellement du peuplement épis. Cette culture s’avère donc très sensible à un déficit de pieds/m². Il faut les semer un peu plus denses. Le poids de mille grains des orges à 2 rangs est aussi un élément prépondérant dans l’élaboration du rendement.
Noter qu’un excès de densité peut être défavorable au calibrage d’une orge brassicole, que ce soit pour un escourgeon ou une variété 2 rangs.
Tableau 2 : Densités de semis des orges d’hiver lignées selon les types de sol
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