Maladies des pommes de terre : la lutte commence dès la réception
La réception des plants à la ferme constitue une étape importante de la production de pommes de terre.
L’examen rigoureux de chaque lot de plants s’effectue en deux étapes : prendre un échantillon de quelques dizaines de tubercules par lot de plants (50 à 100 tubercules) et les laver par trempage. Puis, bien observer l’état des tubercules et, en particulier, la présence de sclérotes noirs de rhizoctone et de taches de gale argentée et/ou de dartrose. Il faut également éviter de mélanger les différents lots de plants d’une même variété avant et pendant la plantation, mais les planter côte à côte.
La présence éventuelle de parasites de quarantaine (pourriture brune, flétrissement bactérien, …) est difficile à détecter à ce stade car les symptômes externes flagrants sont rares. Par contre, les premiers symptômes apparaissent après la coupe des tubercules, sous forme d’un léger brunissement ou d’une légère vitrosité de l’anneau vasculaire, en général plus marqué au talon (insertion du stolon sur le tubercule). Ces symptômes peuvent être aisément confondus avec d’autres problèmes physiologiques ainsi qu’avec l’action des défanants. À un stade plus avancé, des petites cavités peuvent se creuser, se remplir de productions bactériennes et la pourriture du tubercule se développe. En cas de doute sérieux, seule une analyse en laboratoire apporte un diagnostic fiable. Il est donc conseillé de prendre alors contact avec le Service Régional de l’Alimentation.
Le traitement des plants et/ou du sol avant plantation par poudrage ou pulvérisation (U.B.V, enrobage, raie de plantation) vise principalement des parasites affectant l’aspect des tubercules : le rhizoctone brun, la gale argentée et la dartrose. Si après l’examen attentif des plants, ils paraissent indemnes, de même que le sol de la parcelle à planter, le traitement de conservation réalisé par le fournisseur de plants peut suffire. Par contre, si les plants sont contaminés par l’un ou les deux parasites, un traitement à la plantation s’impose avec une spécialité unique ou un mélange homologué selon les objectifs de production. Par ailleurs, si le sol de la parcelle à planter présente un risque rhizoctone brun et/ou dartrose, un traitement du sol en raie de plantation est nécessaire avec une solution à base d’azoxystrobine 250 g/l à 3 l/ha.
Pour une lutte contre le rhizoctone brun exclusivement, de nombreuses solutions sont actuellement disponibles sur le marché, aussi bien en pulvérisation, qu’en poudrage. Pour la lutte conjointe contre le rhizoctone brun et la gale argentée, il existe aujourd’hui deux produits prêts à l’emploi associant deux matières actives, commercialisés sous le nom d’Oscar WG et Monceren Pro (en pulvérisation). Le Celest 100 FS montre une efficacité très intéressante sur le rhizoctone brun mais présente une efficacité un peu plus irrégulière sur gale argentée. Il est cependant possible de renforcer légèrement son activité en lui associant du Diabolo à 0,15 l/t. Dans cette situation, il est préférable de suivre scrupuleusement les recommandations des sociétés, pour éviter tout problème lors du mélange des produits.
Trois parasites affectent essentiellement l’aspect des tubercules et doivent être scrupuleusement recherchés dès la réception des plants.
Rhizoctone brun |
Gale argentée |
Dartrose |
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Contre le mildiou choisir le bon fongicide
Les spécialités fongicides sont choisies en fonction de leur mode d’action, de la pression de la maladie, des conditions de lessivage et de l’évolution de la culture.
Certaines spécialités présentent par exemple un intérêt particulier pour la protection des tubercules. Les produits de contact élaborés et des produits translaminaires seront quant à eux privilégiés pendant les périodes de lessivage important (orages et pluies). Les produits pénétrants (à base de cymoxanil) permettent de rattraper des contaminations récentes (1 à 2 jours maximum). Les produits translaminaires diffusants ou de contact élaboré trouvent tout leur intérêt pendant la phase de croissance active du feuillage. Enfin, certains produits présentent une efficacité sur l’alternariose de la pomme de terre à partir du début de la végétation stabilisée.
Compte tenu des risques de développement de la résistance aux substances actives, une stratégie de gestion des risques doit être mise en place. Elle s’appuie sur la classification des familles chimiques des différents produits et leur mode d’action. Il convient d’alterner au maximum les différents groupes FRAC lors de la construction d’un programme de traitement à la parcelle.
Attention à l’irrigation
Sous irrigation, la croissance foliaire par rapport à une culture sèche est favorisée, ce qui représente un risque plus important vis à vis du mildiou. De plus, selon le type d’irrigation, le risque mildiou sera plus ou moins augmenté. L’irrigation peut contribuer à allonger une période climatique à risque (brouillard, rosée, hygrométrie élevée) par l’humidité du sol qu’elle entretient sur la parcelle. Il convient donc d’irriguer sur un feuillage protégé, s’il y a des risques et d’attendre la durée de mise en place des matières actives avant d’irriguer (se reporter à l’étiquette du produit).
L’application de spécialités de contact ou translaminaires, plus résistantes au lessivage, permet de mener distinctement la protection fongicide et l’irrigation, tout en gardant un excellent niveau d’efficacité afin de diminuer les risques, faciliter l’organisation du travail et réduire l’utilisation d’intrants (protection raisonnée).
Aucune solution ne permet de supprimer le mildiou en place, toutes les techniques proposées ont pour seul objet de tenter de protéger le feuillage encore sain et aussi de ralentir l'évolution de l'épidémie. L’utilisation de modes d’action anti-sporulants complémentaires (réduction de la quantité de spores produites et action sur la viabilité des spores produites) est vivement recommandée. Si des foyers sont bien isolés dans la parcelle, il faut les détruire au plus vite. Attention, il faut mettre les fanes dans un sac plastique pour les transporter sans risque de diffusion.
La protection fongicide avant et après le défanage est particulièrement importante pour obtenir des tubercules sains. A cette période en effet, toute tache, même isolée mais sporulante, est source de contamination directe des tubercules s’il pleut.
Si le choix s’est porté sur un produit de contact, et si la destruction de la végétation est trop lente et/ou si les conditions climatiques sont favorables au mildiou, la protection fongicide sera maintenue jusqu'à la destruction complète de la végétation.
Cet article est issu l’édition de juin 2014 d’ARVALIS Infos – Innovations et performances pour la pomme de terre.
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