Pommes de terre - Défanage : combiner broyage et traitement chimique
Le broyage des fanes de pomme de terre permet souvent de réduire la dose de défanant : il supprime en effet instantanément les trois quarts de la végétation. La réduction des doses est ainsi facilement envisageable pour les cultures à couvert foliaire non vigoureux. Pour les cas plus difficiles, la localisation de l’application réduit généralement les reprises de végétation.
Contrairement aux pommes de terre primeurs récoltées lorsque les tubercules sont immatures et souvent « peleux », les pommes de terre de conservation doivent être arrachées après une maturité complète de l’épiderme pour assurer une bonne conservation des tubercules. Pour ce faire, il est nécessaire d’attendre la maturité naturelle de la culture ou, le plus souvent, de procéder à un défanage lorsque la qualité des tubercules est à l’optimum. Selon les variétés et les conditions climatiques, la période de récolte s’étale d’août à octobre. Grâce au maintien des tubercules dans le sol pendant 15 jours à 3 semaines après défanage, la peau est bien formée ce qui permet une conservation de longue durée dans un stockage bien géré.
Le suivi de la tubérisation et de la qualité des tubercules (calibre, teneur en matière sèche...) permet de préciser au mieux le choix de la date de défanage.
En réduisant le volume des fanes, le défanage facilite aussi la récolte en rendant plus fluide le flux des tubercules sur l’arracheuse. Il facilite leur détachement des stolons et joue le rôle d’herbicide pour les adventices mal contrôlées en fin de végétation.
Quel que soit le type de culture, le défanage chimique est la méthode actuellement la plus largement utilisée. Cette méthode ne nécessite pas de matériel spécifique car le pulvérisateur convient. Sa mise en œuvre est rapide et limite les dépenses énergétiques de traction à un niveau minimal. Lorsque le feuillage des pommes de terre a atteint le début sénescence, le défanage est relativement aisé ; un seul passage est généralement suffisant. Dans les autres cas et en particulier pour les variétés à fort développement (Innovator, Markies...) un programme de traitement à deux applications voire trois est la stratégie la plus fréquente. Le premier traitement vise à détruire rapidement le feuillage et à enclencher la sénescence ; le suivant, 5 à 7 jours plus tard, permet la destruction des tiges tout en limitant les repousses foliées (redémarrage des bourgeons à l’aisselle des feuilles).
Les objectifs du plan Ecophyto, les restrictions de plus en plus nombreuses qui touchent les défanants chimiques et l’évolution des matériels de broyage, contribuent au développement du broyage des fanes en préalable à l’application d’un défanant chimique.
Les substances actives actuellement utilisées pour le défanage de la pomme de terre sont pour la plupart en cours de réinscription au niveau européen ou national. Le diquat (Reglone 2) comme le glufosinate (Basta F1) sont des molécules essentielles au défanage chimique. Ils permettent dans les programmes « d’ouvrir la végétation » en détruisant les feuilles et de rendre ainsi plus accessibles les tiges qui seront alors contrôlées soit par un dessicant type carfentrazone éthyle (Spotlight Plus) ou pyraflufen éthyle (Sorcier) soit par le renouvellement de l’application de Reglone 2 ou de Basta.
Un arrêt instantané de la végétation
Le broyage mécanique détruit instantanément une forte proportion des tiges et des feuilles, même s’il est conseillé de maintenir au minimum 20 cm de tiges en sommet de butte pour faciliter leur élimination par les organes effaneurs de l’arracheuse. Le broyage élimine en général 90 % des feuilles et 75 à 80 % des tiges et les tubercules cessent donc de grossir. Mais le broyage mécanique ne suffit généralement pas pour empêcher le redémarrage de la végétation : un complément chimique s’impose.
Un premier essai mis en place en 2011 sur la variété Nicola à Villers-Saint-Christophe (02) montrait que la combinaison des techniques broyage puis défanage chimique, quel que soit le produit, permettait, sur une production « défanée en vert », une destruction plus rapide des fanes que le broyage seul. En 2012, aussi bien en Picardie qu’en Région Centre, sur la variété Charlotte, on observe aussi une destruction plus rapide des fanes quand on associe au broyage un défanant par rapport au broyage seul.
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