Mildiou de la pomme de terre : gérer les tas de déchets et les repousses avant la plantation
Le mildiou de la pomme de terre hiverne principalement dans les résidus de cultures laissés dans ou aux abords des parcelles. La bonne gestion des sources d’inoculum primaire avant l’implantation de la culture est essentielle pour retarder l’apparition de l’épidémie. Le point sur toutes les mesures prophylactiques possibles pour garantir un début de campagne plus serein.
Mieux comprendre le cycle du mildiou pour mieux le casser !
L’agent pathogène du mildiou est l’oomycète Phytophthora infestans. C’est un organisme hémibiotrophe, avec un développement en deux phases : une phase biotrophe, impliquant la colonisation de tissus vivants, et une phase nécrotrophe, caractérisée par des dégradations de tissus colonisés.
Sur cette base, on peut identifier un point fort et un point faible de ce pathogène.
Son point fort, c’est le caractère dévastateur de la maladie : tant qu’il y a du tissu vivant dans son environnement (feuille, tige, tubercule), le mildiou progresse. D’où la difficulté de freiner l’épidémie dès lors que les premiers symptômes sont apparus, a fortiori lorsque les conditions météorologiques sont favorables aux nouvelles contaminations.
Son point faible, c’est sa dépendance aux tissus vivants : le mildiou épuise son hôte. Lorsqu’il n’y a plus de tissus vivants, P. infestans ne peut plus survivre. D’où la nécessité de ne laisser aucun tissu vivant de pomme de terre dans les zones de production durant l’hiver.
Il n’y a pas de reproduction sexuée de P. infestans en France, donc pas d’oospores se conservant dans le sol (figure 1). Ainsi, la seule manière pour le mildiou de passer l’hiver est sous forme de mycélium dans les tissus vivants restants dans ou à proximité des parcelles : tas de déchets, repousses. En supprimant ces lieux de conservation, le mildiou perd en capacité de survie.
Figure 1 : Cycle de vie de l’agent pathogène responsable du mildiou de la pomme de terre en France
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Des mesures prophylactiques pour limiter l’inoculum
Deux méthodes pour détruire les tas de déchets
Le bâchage n’est conseillé que si le tas contient beaucoup de terre et qu’il n’y a pas de problème d’écoulement de jus dans l’environnement proche du tas. Il s’agit de recouvrir le tas avec une bâche plastique opaque en bon état (type ensilage) avant l’apparition de toute végétation sur les tubercules, en prenant soin de bien la maintenir au sol (enterrer la bâche sur le pourtour du tas par exemple).
L’application de chaux vive est à préférer si le tas est volumineux, s’il contient beaucoup de tubercules ou si le risque d’écoulement de jus est important. Cette solution oblige à mélanger de la chaux aux pommes de terre, à raison de 10 % du tonnage à traiter. Cette pratique exige plus de technicité et de savoir-faire compte tenu des précautions à prendre pour la manipulation du produit (port de masque respiratoire, gants, lunettes…).
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Quelle que soit la méthode choisie, il est impératif que tous les tas de déchets soient détruits au plus tard au moment des plantations.
Limiter la présence de repousses dans les autres cultures
Les repousses de pomme de terre dans les autres parcelles de l’assolement doivent faire l’objet d’une lutte sérieuse car elles représentent des réservoirs pour le mildiou et les virus. Il n’existe pas de solution efficace à 100 % pour détruire en une seule intervention toutes les repousses de pomme de terre présentes dans les cultures suivantes. Il est donc nécessaire d’associer un ensemble de pratiques culturales tout au long de la rotation (tableau 1).
Tableau 1 : Liste non exhaustive des pratiques à combiner pour limiter le nombre de tubercules au sol et les repousses en cours de campagne
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