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Indice de nutrition phosphatée : un outil de diagnostic adapté aux grandes cultures bio ?

Le projet PhosphoBio a permis de mettre en évidence l’intérêt de l’indice de nutrition phosphatée pour identifier des situations de carence en phosphore dans le blé, en complément de l’analyse de terre. Sur légumineuses, ce nouvel outil de diagnostic doit encore être validé.

Indice de nutrition phosphatée : un outil de diagnostic adapté aux grandes cultures bio ?

Une première campagne de prélèvements et d’analyses d’échantillons de végétaux a eu lieu en 2022 sur 65 parcelles de l’observatoire PhosphoBio. En 2023, 19 parcelles de l’observatoire ont à nouveau été échantillonnées (figure 1).

Répartition des parcelles de l‘Observatoire PhosphoBio ayant fait l’objet de prélèvements de végétaux
Figure 1 : Répartition des parcelles de l‘Observatoire PhosphoBio ayant fait l’objet de prélèvements de végétaux (• : au printemps/été 2022 - 65 parcelles ; ♦ au printemps/été 2023 - 19 parcelles)

L’analyse d’herbe est couramment mise en œuvre sur prairies permanentes pour déterminer des indices de nutrition P (INP) et K (INK), qui servent à raisonner la fertilisation phosphatée et potassique. Cet outil de diagnostic a été testé sur 20 parcelles de prairies de l’observatoire PhosphoBio (figure 2). Les résultats indiquent que, pour environ trois quarts des prairies de l’observatoire, le phosphore ne pose pas de problème, et que les pratiques de fertilisation actuelles peuvent être maintenues telles quelles voire, dans certains cas, peuvent être réduites.

Figure 2 : Répartition des 20 parcelles de prairie de l’observatoire PhosphoBio échantillonnées selon leur INP
Figure 2 : Répartition des 20 parcelles de prairie de l’observatoire PhosphoBio échantillonnées selon leur INP

Sélection de l’équation la plus pertinente pour le blé tendre

Différentes équations permettant de calculer des indices de nutrition phosphatée (INP) sur blé ont déjà été publiées par diverses équipes de recherche. Mais il n’existait pas véritablement de référentiel pour les interpréter, ni pour choisir l’équation la plus adaptée.

La relation entre INP et écart relatif au rendement maximum du blé obtenu dans des essais conduits en AB avec différents niveaux de disponibilité en P (notamment l'essai AB longue durée de Dunière, dans la plaine de Valence) a été comparée pour chacune des équations de calcul de l'INP publiées. Ceci afin d'identifier des seuils d'interprétation de l'INP et de déterminer l'équation la plus adaptée au contexte AB.

Parmi toutes les équations testées, c’est l’équation :  equation qui est la plus adaptée pour identifier les pertes de rendement liées à une carence en phosphore, et qui a donc été retenue.

En dessous d’un seuil d’INP de 75, le risque de pertes de rendement est élevé alors qu’au-delà de 120, le risque de pertes est faible (figure 3).

Figure 3 : Identification de seuils d’INP limitant le rendement du blé tendre
Figure 3 : Identification de seuils d’INP limitant le rendement du blé tendre

Des équations établies pour le soja et la luzerne

Pour les légumineuses, la littérature ne fait état d’aucune équation relative au calcul de leurs INP. Pour combler ce manque de connaissances, des travaux ont été conduits dans le cadre du projet PhosphoBio afin d’établir des équations pour le soja et la luzerne (tableau 1).

Tableau 1 : Équations de calcul de l’INP et seuils d’interprétation établis dans le projet PhosphoBio pour le soja et la luzerne
Tableau 1 : Équations de calcul de l’INP et seuils d’interprétation établis dans le projet PhosphoBio pour le soja et la luzerne

Mise en pratique des équations sur les parcelles de l’observatoire PhosphoBio

Ces références d’indices de nutrition ont été testées sur les parcelles de blé, de soja et de luzerne de l’observatoire qui avaient fait l’objet d’un échantillonnage (figure 4).

Figure 4 : Répartition des 40 parcelles de blé tendre, des 15 parcelles de soja et des 9 parcelles de luzerne de l’observatoire PhosphoBio échantillonnées selon leur INP
Figure 4 : Répartition des 40 parcelles de blé tendre, des 15 parcelles de soja et des 9 parcelles de luzerne de l’observatoire PhosphoBio échantillonnées selon leur INP

Le diagnostic établi à l’aide de l’INP sur les parcelles de blé tendre fait état d’un niveau de nutrition phosphatée assez satisfaisant : seules 2 parcelles sur 40 présentent un état de nutrition insuffisant. Ces résultats sont globalement cohérents avec les enseignements issus de l’interprétation des analyses de terre qui indiquent que, sur l’ensemble de l’observatoire PhosphoBio, les situations où la teneur en P Olsen pourrait fortement limiter le rendement du blé sont assez rares.

En revanche, pour la luzerne et surtout pour le soja, le diagnostic à l’aide de l’INP semble indiquer assez fréquemment des risques de carence en phosphore. Dans une majorité de cas, ce constat est assez peu cohérent avec les résultats de l’analyse de terre. Cependant, l’analyse de terre donne uniquement une estimation de la quantité de P du sol assimilable par les plantes tandis que l’INP reflète le niveau de satisfaction de besoin de la plante en P qui résulte de cette offre en P du sol mais aussi des conditions d’absorption du P par la plante. Ces dernières peuvent être pénalisées par exemple par un problème de structure du sol, par un déficit hydrique ou, au contraire, un excès d’eau.

Cette première étape de test sur l’observatoire PhosphoBio laisse à penser que l’INP pourrait être utilisé sur blé pour le diagnostic de problèmes de nutrition mais, que sur légumineuses, il serait préférable de poursuivre le travail de validation.

En savoir plus : consultez la fiche du projet PHOSPHOBIO

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