« Ferti-Focus» : conseils pour le pilotage du dernier apport azoté sur blé

Les températures basses des derniers jours ont ralenti le développement du blé. Il est encore plus important cette année d’accompagner la culture en azote le plus tard possible,  afin d’optimiser le rendement et la qualité en protéines.

La période du dernier apport approche et si un outil de pilotage est utilisé, le conseil avec la dose à apporter devrait arriver dans les prochains jours.
 

L’importance du dernier apport pour le rendement et la qualité

Pour déterminer la quantité totale d’azote à appliquer sur le blé, la méthode du bilan prévisionnel repose sur le besoin unitaire en azote de la variété pour produire un quintal, également connu sous le nom de « coefficient b ». Afin de concilier le double objectif de rendement et de protéines, un besoin en azote spécifique à la qualité (bq) à été établi pour chaque variété.

Le dernier apport consiste alors à reporter, en fin de montaison / stade dernière feuille étalée (DFE), quelques dizaines de kg N/ha, en appliquant la mise en réserve prévue selon le b qualité (bq 11.5 %) de la variété : la dose totale reportée doit être donc comprise entre 40 et 70 kgN/ha.

L’intérêt d’un fractionnement en quatre apports

Il est nécessaire de fractionner les apports en fonction des besoins de la plante, sachant qu’une dose trop importante en une fois (surtout en début de cycle) ne pourra pas être rapidement absorbée par la culture, et sera donc éventuellement soumise à des pertes.

Un fractionnement en quatre apports permet d’accompagner le blé durant sa croissance en apportant moins de grosses quantités et sur une période plus importante. De plus, il permet d’avoir une « marge de manœuvre » plus confortable pour la réalisation du dernier apport. En effet, un fractionnement en trois apports induit un délai entre épi 1 cm et dernière feuille, qui est bien souvent trop long et qui conduit à vouloir anticiper trop vite le dernier apport.

L’idéal pour le dernier apport est de viser le stade DFE, qui permet de maximiser la quantité d’azote absorbée à la floraison. Ainsi, on répondra à la fois aux critères rendement et qualité.

La quantité à apporter dépend de la stratégie de fractionnement

Stratégie en trois apports des semis normaux (dates de semis d’octobre) :

Si vous avez opté pour un fractionnement trois apports, il est normal que le conseil fourni par l’OAD soit élevé. C’est ce que l’on constate sur les parcelles Farmstar mais également sur notre réseau de parcelles CHN. Comme le dernier apport est effectué plus précocement dans une stratégie en trois apports, la quantité à apporter est plus importante.

Illustration sur notre réseau de parcelles CHN 

Après deux apports réalisés en moyenne vers le 9/3 et le 4/4, le second étant d’ailleurs un peu éloigné du stade réel épi 1 cm, le conseil du dernier apport est de 65 kgN/ha et varie de 50 à 80 unités. La dose moyenne totale conseillée avec ce fractionnement en trois apports sur notre réseau de parcelles d’octobre est de 198 kgN/ha.

Stratégie en quatre apports des semis normaux (date de semis d’octobre) 

Si vous avez opté pour un fractionnement en quatre apports (avec souvent un relais autour de 2 nœuds), le dernier apport est souvent réalisé plus tard que dans une stratégie à trois apports. La quantité à apporter cette année est moins importante et souvent les derniers conseils sont plus faibles.

Illustration sur le réseau de parcelles CHN 

Après trois apports réalisés au tallage, puis au stade épi 1 cm, puis vers le 11 avril, le dernier apport est en moyenne de 20 kgN/ha. A aujourd’hui (dernière feuille pointante), les besoins sont pour le moment satisfaits sur six parcelles, et le reste des parcelles ne nécessite que de 30 à 50 unités. La dose moyenne totale conseillée lors d’un fractionnement en quatre apports est de 174 kgN/ha. Au global donc, un peu moins d’azote en stratégie quatre apports contre trois, probablement lié à une meilleure efficience des apports réalisés.

Pour les semis tardifs (date de semis après le 15/11) 

Pour les semis tardifs avec un fractionnement en trois apports, comme pour les semis normaux, le conseil du dernier apport est élevé (75 unités en moyenne). En quatre apports, le conseil du dernier apport est plus faible, mais au total, que l’on soit en trois ou en quatre apports, ceci conduit aux mêmes doses totales appliquées : 175 unités en moyenne.

Le modèle prend en compte le potentiel de rendement inférieur de la parcelle et ajuste la quantité d’azote à apporter. En effet, en moyenne pluriannuelle, un blé perd 3 à 4 % de son potentiel de rendement lorsque la date de semis est décalée de 15 jours. Manifestement, le potentiel sur les derniers semis ne semble pas aussi élevé qu’attendu, et les doses totales conseillées sont plus faibles.

Qu’est ce qui pourrait expliquer ces conseils et que faire dans les semaines à venir ?

Manifestement, les quantités d’azote absorbées aujourd’hui (stade moyen : dernière feuille pointante) ne sont pas aussi élevées qu’attendu. Serait-ce lié à un défaut d’assimilation ou d’absorption d’azote ?

 Plusieurs phénomènes pourraient expliquer cela :

• De mauvaises conditions de valorisation des apports précédents ;
• Le temps peu clément (excès d’eau, rayonnement catastrophique depuis deux mois) ;
• L’enracinement limité (anoxie racinaire : même sans inondation, les racines sont constamment dans l’humidité et explorent moins le profil).

Quoi qu’il en soit, les doses totales conseillées aujourd’hui ne sont pas aussi élevées que celles calculées en début de cycle. Mais le cycle de développement du blé n’est pas encore terminé.

Pour rappel, il sera toujours possible d’effectuer un apport de 20 unités jusqu’à floraison (qui est prévue aux alentours du 20-25 mai), si le potentiel est toujours là, au moins pour les semis précoces, et d’aller chercher les derniers points de protéines qui nous manquent toujours dans la région.

Les messageries « Ferti-focus » s’appuient sur un réseau de parcelles et reviendront au cours du printemps pour accompagner la campagne.