Désherbage des céréales : intervenir ou reporter le passage avant un épisode pluvieux ?
Les tous premiers semis ont débuté vers le 15 octobre mais restent marginaux dans la région. Les semis se sont ensuite intercalés entre les chantiers de récolte des cultures de printemps, avec une première vague réalisée entre le 20 et le 30 octobre dont les blés sont actuellement entre 2 et 3 feuilles. Une seconde vague se distingue première décade de novembre, actuellement à 1 feuille. Passée la première décade, les blés sont non levés ou au stade pointant, voire en cours. Des parcelles restent encore à semer, notamment en blés de maïs et tournesol, et devraient être finalisées d'ici fin novembre.
Des prévisions météorologiques incitant à la vigilance
Les prévisions annoncées sont variables entre les modèles météo, avec des indices de confiance sur la pluie parfois faibles mais qui interrogent sur les possibilités d’intervention de désherbage à venir. A titre indicatif, le modèle de Météo France prévoit au 19 novembre, environ 40 mm dans les six prochains jours au Magneraud (17), avec une période de froid fugace jeudi et vendredi (figure 1). Dans certains secteurs, des températures négatives sont prévues.
Intervenir dans les bonnes conditions !
Prudence dans les situations suivantes avec manque de sélectivité et risque de phytotoxicité plus ou moins importante :
- Dans les sols filtrants, un cumul de pluie de plus de 20 mm suivant l’application peut entraîner un dépositionnement de la matière active plus en profondeur ; et conduire à un risque de phytotoxicité consécutif à des herbicides racinaires comme la pendiméthaline, flufénacet, prosulfocarbe (mise en contact trop rapide entre l’herbicide et les graines de céréales).
- Les sols sensibles à l’excès d’eau, avec de mauvaises implantations et des grains en surface et/ou motteux, sont également plus exposés aux risques de manque de sélectivité et amplifiés par le risque précédent.
- Eviter de traiter si les amplitudes thermiques sont élevées (> 15°C) avec une chute brutale des températures prolongée (-3°C dans les jours suivants l’application), les céréales à 1-2 feuilles sont particulièrement sensibles à une application d’herbicides racinaires en période assez douce, suivie de froid prolongé, car elles pourront moins facilement détoxifier l’herbicide.
Bien consulter les prévisions météo locales au plus proche de l’éventuel désherbage afin d’affiner sa décision (ou reporter).
Dans quelles situations reporter l’intervention ?
Tout d’abord, l’accessibilité et la portance de la parcelle restent la base. Ensuite, l’arbitrage devra se faire en fonction de la pression graminées de la parcelle, du stade de la culture, de la réalisation d’une première intervention et des prévisions météo localement :
1- Les semis du 20-30 octobre actuellement entre 2 et 3 feuilles avec une pression graminées historique :
- Si l'application de prélevée a été effectuée et qu’un programme double automne était prévu, il conviendra de reporter l’intervention après le passage pluvieux et ainsi, éviter tout risque de transfert et de sélectivité.
- En l'absence de traitement de prélevée, la situation nécessite prioritairement un désherbage de postlevée. L’intervention doit être tactique et doit se référer aux conditions météo locales réunissant les conditions climatiques les plus favorables (point précédent).
2- Les semis de la première décade de novembre arrivent à 1 feuille et bénéficient de l’effet du décalage de la date de semis et peuvent attendre la fin de la période pluvieuse.
3- Les semis réalisés en début de semaine dernière, dont la prélevée n’a pas été effectuée, vont arriver très prochainement ou sont au stade pointant ; dans ces conditions, il sera nécessaire de reporter après le passage pluvieux vers une postlevée précoce.
Dans les cas de reports du désherbage, Il est possible que, lorsque les conditions seront à nouveau réunies, la culture ait dépassé le stade 3 feuilles (tableau 1).
Vigilance sur les limaces avec le retour des pluies
Avec le retour des pluies, les conditions seront à nouveau favorables aux attaques de limaces : d’autant plus que la persistance d’action diminue avec des pluies abondantes, les traitements sont à renouveler si les limaces sont observées ou piégées.
Après la levée, les traitements sont moins efficaces car l’appétence des granulés est en concurrence avec celle des plantes. Si aucune application n’a été réalisée antérieurement pour protéger la culture, ou si les granulés anti-limaces ont disparu, traiter si :
ou
Plus de 30 % de plantes attaquées ou foyers complètement détruits
Au-delà du stade 3-4 feuilles, le pouvoir de compensation de la culture est fort et une nouvelle intervention a peu de chance d’être rentabilisée.
Message rédigé par ARVALIS avec l’appui des techniciens des Chambres d’Agriculture de Charente, Charente-Maritime, Vienne et Deux-Sèvres, Soufflet Agriculture, coopérative de Loulay, coopérative de Matha, Neolis et groupe Isidore.
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