Désherbage d'automne : les résultats d'un essai sélectivité sur blé dur
Le blé dur est plus sensible aux phytotoxicités d’herbicides que le blé tendre, notamment avec les produits racinaires d’automne. Afin de mesurer l’impact réel de ces phytotoxicités sur le rendement de la culture, un premier essai a été mis en place lors de la campagne 2023/24, à Lorges (41).
Mis en place sur une parcelle exempte d’adventices, cet essai cherche à mesurer le seul impact de la phytotoxicité potentielle des applications herbicides sur le rendement du blé dur.
Dix modalités de désherbage d’automne ont été évaluées : 4 en prélevée seule, 3 en postlevée précoce (à 1-2 feuilles de la culture) et 3 programmes prélevée + postlevée (tableau 1).
Globalement, les différentes modalités travaillées, dont les 3 programmes double automne, se comportent bien en termes de sélectivité, avec des notes acceptables dans cet essai. Quant aux rendements, ils ne sont pas significativement différents du témoin non traité.
Les conditions météo ont été pluvieuses sur l’essai lors de l’automne et en début d’hiver (figure 1). Le sol était donc humide lors des deux applications, des conditions favorables à l’absorption des produits testés. En revanche, la pluviométrie lors des décades postérieures aux applications n’excède pas 10 mm. Le risque de phytotoxicité est donc moyen dans cet essai, contrairement à de nombreuses situations lors de cette même campagne.
Des marquages visibles mais acceptables
Quatre notations de phytotoxicités ont été effectuées sur l’essai : la première intervient lors de la levée pour les applications de prélevée ou 14 jours après la postlevée, la deuxième 63 et 29 jours après les traitements respectifs de prélevée et de postlevée, la troisième, courant tallage, et la dernière à épiaison de la culture.
Même si des phytotoxicités sont visibles pour les deux positionnements, elles restent acceptables avec des notes inférieures à 3 pour l’ensemble des modalités (figure 2). Elles se caractérisent par des décolorations légères, des réductions de biomasse et quelques pertes de plantes.
Les applications de prélevée sont plus sélectives que celles de postlevée et que les programmes.
Lors de la première notation, aucun symptôme n’est visible.
Lors de la deuxième notation, des marquages sont présents mais acceptables (notes inférieures à 3), notamment pour les modalités de prélevée Défi + Compil et Sunfire + Codix. A noter que la modalité Shvat + Compil ne présente aucun symptôme au cours de l’essai.
Les modalités en postlevée ou en programme présentent des symptômes acceptables, avec des notes comprises entre 2 et 3.
Les symptômes régressent lors des notations suivantes, pour disparaître à l’épiaison du blé dur.
Les symptômes se sont bien résorbés dans cet essai, ce qui n’est pas le cas de l’ensemble des parcelles ayant pu recevoir ce type d’application, notamment sur des sols hydromorphes.
Pas d’impact sur le rendement
Sur les résultats de rendement, aucune différence significative n’est observée entre les modalités désherbées et le témoin non traité (figure 3). A la vue des notes de phytotoxicité faibles au cours de l’essai, ces résultats apparaissent logiques.
A noter que, même si les écarts entre modalités ne sont pas significatifs (de l’ordre de 1 q/ha), les trois modalités Constel, Battle Delta + Shvat et Défi + Compil puis Shvat, qui présentent les symptômes les plus marqués, obtiennent les rendements les plus bas et inférieurs au témoin non traité. Les autres modalités ont des rendements supérieurs au témoin.
Cet essai confirme l’intérêt des programmes double automne en parcelles infestées, même sur blé dur. Ce type de programme apporte des efficacités intéressantes et permet donc des gains de rendement en baissant la nuisibilité. Ces gains sont largement supérieurs aux potentiels pertes liées à la phytotoxicité en bonnes conditions.
Attention évidemment aux conditions difficiles, notamment avec des semis mal enterrés et des grains en surface, ainsi qu’aux conditions entourant les applications (fortes précipitations, chutes brutales de températures…).
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