Construire une stratégie de désherbage efficace sur blé dur : les bases du raisonnement
La flore adventice poussant dans une culture de blé dur peut être très diversifiée. Avant d’envisager une stratégie de désherbage, il convient d’identifier les espèces présentes et d’estimer le niveau de salissement de la parcelle, d’autant plus en présence de graminées. Gros plan sur les paramètres à prendre en compte pour le raisonnement du désherbage en culture de blé dur.
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- Mobiliser les leviers agronomiques
> Raisonner sa stratégie de désherbage
- Préconisations ARVALIS pour le choix de programme herbicides par bassin de production :
> Bassin Centre
> Bassin Sud-Est
- Résultats complets des essais 2024 et pluriannuels
- Le désherbage mécanique en complément
La gestion des adventices est primordiale pour la durabilité d’une exploitation. En cas d’échec, la récolte de l’année sera impactée, mais également les récoltes futures, via l’enrichissement du stock semencier de la parcelle. Le désherbage doit être considéré comme un capital ou un patrimoine « propreté » de la parcelle.
En blé dur, comme pour l’ensemble des céréales à paille, le raisonnement du désherbage doit en premier lieu passer par la mise en place de leviers agronomiques pour minimiser au maximum les levées d’adventices en culture. Ces leviers mis en œuvre avant l’implantation du blé dur permettront d’optimiser l’efficacité des herbicides utilisés.
Définir sa stratégie de désherbage en quatre étapes
En culture, avant de choisir les herbicides à appliquer, il est nécessaire de passer par un raisonnement méthodique :
- Identifier la flore adventice en présence, son état de résistance éventuelle ainsi que le niveau d’infestation de la parcelle.
- Analyser les contraintes parcellaires (type de sol, drainage ou non, proximité avec un cours d’eau…). Certains produits homologués sur blé dur possèdent des restrictions sur parcelles drainées par exemple.
- Bâtir une stratégie de désherbage cohérente et adaptée à la flore présente, en complément des leviers agronomiques mis en place et de la gestion de l’interculture. Le choix des herbicides s’appuiera sur leurs spectres d’efficacité et les contraintes réglementaires s’appliquant sur les parcelles. L’alternance des substances actives est nécessaire pour garantir une gestion durable des adventices.
- Adapter sa stratégie en cours de campagne : interventions à adapter selon les conditions climatiques (gage d’efficacité et de sélectivité), et de l’état du lit de semences pour les applications d’automne (impactant la sélectivité des produits).
L’objectif du désherbage vise toujours le niveau d’efficacité maximal. Attention pourtant, les herbicides seuls ne peuvent répondre à une gestion durable des adventices ! En situation de très fortes infestations et/ou de résistances avérées, il est urgent de revoir son système dans sa globalité (rotation, travail du sol) et de mettre en place des leviers agronomiques afin de diminuer l’infestation.
Par ailleurs, la lutte contre les graminées doit être prioritaire, puisque ce sont les adventices les plus difficiles à contrôler dans les céréales d’hiver et les plus préjudiciables. N’attendez pas d’avoir des infestations élevées avant de réagir ! Il sera plus difficile dans ce cas de revenir à des situations maîtrisées.
Bien connaître sa flore adventice
La flore adventice poussant dans une culture de blé dur peut être très diversifiée, avec des espèces levant préférentiellement à l’automne et d’autres levant jusqu’au début du printemps ou en hiver. La variabilité de la flore est liée à différents facteurs, dont le contexte pédoclimatique et l’historique cultural de la parcelle (rotation, travail du sol, qualité du désherbage…).
Il est également primordial de connaître l’état de résistance de la flore présente dans les parcelles (ray-grass, vulpins…). Cette information permet d’écarter les substances actives désormais totalement inefficaces sur ces adventices résistantes.
Parallèlement, il faut tenir compte de la période de levée des principales adventices afin d’établir un programme de désherbage pertinent : les adventices à levées tardives, ou encore les vivaces, se gèreront par des interventions spécifiques en culture ou dans la rotation (en interculture notamment).
Une ou deux applications selon le niveau d’infestations
Si l’infestation de la parcelle est très faible, l’application unique d’un herbicide (à l’automne ou en sortie d’hiver) peut être suffisante.
En cas de fortes infestations et suivant l’espèce concernée, la concurrence peut s’exercer très tôt (ray-grass, vulpin…) et entraîner des pertes de rendements non négligeables (plus de 15 q/ha en situations extrêmes), sans compter les effets indirects comme l’augmentation du stock semencier de la parcelle. Des programmes sont alors généralement nécessaires. Un passage précoce permettra de gérer les principales adventices nuisibles, les produits racinaires antigraminées possédant des spectres larges sur dicotylédones. Cependant, sur des flores mixtes, des rattrapages pourront être nécessaires sur gaillets, ombellifères et folles avoines.
Sur les problématiques de graminées importantes (ray-grass et vulpins), il est essentiel d’intervenir à l’automne. En blé dur, privilégier la prélevée, les conditions sont généralement adaptées et les risques de phytotoxicité plus faibles. Sur des populations sensibles (sans résistances aux groupes HRAC 1 et 2), le second passage peut être un produit de sortie d’hiver. En revanche, si les populations sont résistantes, privilégier un programme à base de passages d’automne uniquement.
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