Blé dur : quels programmes pour désherber mes parcelles en région Centre / Ile-de-France ?

Avant tout, il est important de rappeler que les herbicides seuls ne peuvent répondre à une gestion durable des adventices ! La gestion des graminées en blé dur, et notamment du ray-grass, est plus difficile qu’en blé tendre au vu du nombre réduit de solutions sélectives sur cette culture. De plus, certaines des solutions autorisées le sont à des doses d’application réduites, pour ces mêmes raisons de sélectivité.

Des leviers agronomiques mis en œuvre avant même l’implantation du blé dur permettront d’optimiser l’efficacité des herbicides utilisés. Ces leviers n’ont qu’un seul objectif : diminuer le nombre d’adventices qui lèveront dans la culture. Le choix des leviers les plus adaptés sera conditionné par le contexte pédoclimatique de chaque parcelle et du matériel disponible.

La lecture de l’article « Désherbage du blé dur : en premier lieu, mobiliser les leviers agronomiques » est fortement recommandée.

N’attendez pas d’avoir des infestations élevées avant de réagir ! Il sera plus difficile dans ce cas de revenir à des situations maîtrisées.

Programmes herbicides : les clés d’entrée

Les programmes de désherbage proposés plus bas visent principalement le contrôle des graminées. Ils dépendent du niveau de salissement de la parcelle et de la présence éventuelle d’individus résistants à certains herbicides.

Les programmes combinant un premier traitement d’automne complété par un second en cours d’hiver (à partir de début janvier) s’avèrent nécessaires dans les situations de forte infestation.

Dans les situations les plus problématiques, avec résistance avérée, un désherbage efficace peut impliquer la réalisation d’un programme d’automne à base d’herbicides racinaires positionnés en prélevée puis en postlevée précoce (1 feuille du blé dur). Il est techniquement possible de faire ces applications au stade 2-3 feuilles, mais elles seront moins efficaces.

En cas de faible infestation de graminées, une seule application peut s’envisager

Dans les parcelles avec de faibles infestations de graminées, une application unique peut être envisagée soit à l’automne, soit en sortie d’hiver en cas de graminées non résistantes. Les solutions applicables dans ces situations sont proposées dans les premières lignes des tableaux ciblant le ray-grass et le vulpin (« forte infestation »). 

En cas de forte infestation de vulpin ou de ray-grass : combiner l’agronomie à un programme de désherbage

En cas de forte infestation de graminées, et particulièrement de ray-grass et/ou de vulpins, il faut en premier lieu mettre en place des leviers agronomiques en amont du semis pour optimiser l’efficacité des herbicides en culture (tableau 1). Dans un second temps, on pourra définir son programme de désherbage en fonction des adventices qui lèvent dans le blé dur et de leurs densités.

Tableau 1 : Nos conseils en fonction du nombre de leviers agronomiques mis en œuvre avant l’implantation

Les leviers agronomiques mobilisables avant le semis peuvent être le faux-semis (à réaliser avec le matériel et au moment adéquats), le décalage du semis aux dates les plus tardives de la plage optimale ou encore le labour (qui sera efficace si intermittent). En cas de (très) fortes infestations, d'autres leviers agronomiques à l'échelle de la rotation devront être mis en place pour retrouver une bonne maîtrise de son enherbement tout en limitant les coûts.

Nos propositions de programmes de désherbage

Les coûts des programmes herbicides et les IFT (Indice de Fréquence de Traitement) sont donnés à titre indicatif. Les coûts intègrent le prix de l’adjuvant ou du sulfate d’ammonium lorsque ces produits sont conseillés.

Nos préconisations reflètent l’état de la science et de la technique à la suite de nombreuses expérimentations. Les informations réglementaires peuvent évoluer et sont présentées dans l’état des connaissances à la date d’édition de cet article. Les dites informations données sous ces réserves ne sauraient engager la responsabilité des auteurs de cet article.

Les solutions listées ne sont pas exhaustives. D’autres produits que ceux cités peuvent être d’efficacité comparable.

En raison d’une sélectivité moindre du blé dur, la plupart des substances actives autorisées sur blé tendre le sont sur blé dur mais à des doses inférieures.

Tableau 2 : Les solutions de désherbage recommandées pour gérer les vulpins dans le blé dur

* Certaines spécialités de chlortoluron solo sont possibles sur blé dur.
** Des blanchiments passagers peuvent s’observer. Afin de limiter les phytotoxicités, il est conseillé d’intervenir dans les 48 heures suivant le semis
*** ne pas appliquer sur sols drainés à plus de 45 % d’argile

Tableau 3 : Les solutions de désherbage recommandées pour gérer les ray-grass dans le blé dur

* Certaines spécialités de chlortoluron solo sont possibles sur blé dur.
** Des blanchiments passagers peuvent s’observer. Afin de limiter les phytotoxicités, il est conseillé d’intervenir dans les 48 heures suivant le semis.
*** Produits interdits sur sols drainés artificiellement ayant une teneur en argile supérieure ou égale à 45 %

En cas de présence de brome

En présence de quelques ray-grass et de vulpins sensibles avec des bromes, privilégiez Abak ou renforcer l’action de Monitor avec une sulfonylurée antigraminées adaptée.

En cas de levée précoce de brome stérile avec une forte infestation, il est possible d’appliquer les produits préconisés dès l’automne. Dans une telle situation, il est indispensable que le système mis en place soit repensé dans sa globalité. En cas de très forte infestation, le labour reste la solution la plus efficace !

Tableau 4 : Les solutions de désherbage recommandées pour gérer les bromes dans le blé dur

* Produit interdit sur sols artificiellement drainés ayant une teneur en argile supérieure ou égale à 45 %
** Produit interdit sur sols artificiellement drainés ayant une teneur en argile supérieure ou égale à 45 % et restrictions liées au pH du sol

En cas de présence de dicotylédones

En présence de dicotylédones, il faut prendre en compte le spectre « dicotylédones » des produits préconisés pour contrôler les graminées, et y ajouter un complément antidicotylédones. Afin de limiter l’apparition de résistances, diversifier les modes d’action : la gestion durable des dicotylédones ne doit pas reposer que sur l’utilisation du groupe 2.

Vérifier la faisabilité de vos mélanges sur https://melanges.arvalisinstitutduvegetal.fr/

Attention aux spécialités à base de metsulfuron : pour une même composition, la réglementation peut être différente. 

Tableau 5 : Les solutions de désherbage recommandées pour gérer les dicotylédones dans le blé dur

* Produits interdits sur sols artificiellement drainés ayant une teneur en argile supérieure ou égale à 45 %.
** Produits interdits sur sols artificiellement drainés

Des possibilités de rattrapages spécifiques au printemps

Attention : respecter les délais avant récolte en cas d’application tardive. Des différences entre des spécialités composées des mêmes substances actives peuvent s’observer.

Attention : des cas de stérilités d’épis sur blé tendre ont été observés depuis 3 ans à la suite de mélanges metsulfuron + fongicides dans un contexte de températures fraîches lors d’applications proches du stade Dernière Feuille étalée.

Tableau 6 : Les solutions de désherbage recommandées pour un rattrapage de sortie d’hiver/printemps dans le blé dur

* Produits interdits sur sols artificiellement drainés ayant une teneur en argile supérieure ou égale à 45 %
** A réaliser au stade dit « cigare », au moment où la dernière feuille est enroulée autour de la hampe florale.
*** Les produits proposés sont efficaces sur les parties foliaires. Cette efficacité sera d'autant plus élevée que l'intervention se fera sur des chiendents peu développés (stade Epi 1 cm du blé tendre). Attention aux restrictions du Monitor liées au pH du sol.