Zoom herbicides : les spécificités du blé dur en matière de sélectivité
La plupart des substances actives autorisées en blé tendre se retrouvent en blé dur, avec moins de spécialités commerciales et des doses inférieures à celles applicables en blé tendre, pour des raisons de sélectivité. Le point sur les spécificités de la gestion chimique du désherbage en blé dur.
Le flufénacet a notamment été travaillé au sein des expérimentations d’ARVALIS pour sa sélectivité sur blé dur. Il a été testé à 240 g/ha, la dose pleine, mais également à 120 ou 180 g/ha. Les résultats sont fluctuants à dose pleine : les firmes possédant des solutions à base de flufénacet recommandent de ne pas dépasser 180 g/ha. Une limite qui correspond à :
- 2.5 l/ha pour Trooper (en prélevée et postlevée),
- 0.4 l/ha pour Battle Delta (en prélevée et postlevée),
- 0.3 l/ha pour Glosset 600SC (en postlevée),
- 0.625 l/ha en prélevée et la préconisation de la firme est de 0.5 l/ha en postlevée pour Pontos / Quirinus,
- 0.7 l/ha pour Xinia (en postlevée),
- 0.36 l/ha pour Sunfire (en prélevée ou postlevée).
Aujourd’hui, peu d’associations sont recommandées par les firmes comme par exemples : Trooper 2.5 l + DFF 0.2 l en prélevée, Xinia 0.7 l + CTU 1800 g en postlevée, Sunfire 0.36 l + CTU 1200 g ou + 1.8 l Prowl ou 0.14 l Toiseau...
Attention aux doses en mélange
Le prosulfocarbe ne doit pas dépasser les 2 400 g/ha, attention aux doses en association. Le chlortoluron est possible à 1 800 g/ha en application seule mais attention aux associations. Il est préférable de vérifier les recommandations (association ou programme) liées aux différents produits. Il est de plus nécessaire d’appliquer ces produits dans de très bonnes conditions : graines bien enterrées, semis régulier, pas de fortes pluies annoncées…
En sortie d’hiver, les nouvelles formulations OD, comme l’Atlantis Pro, sont sélectives mais plus agressives. Il est donc préférable de proscrire l’utilisation d’Actimum, en plus de l’adjuvant.
Des conditions d’application à respecter pour limiter le risque de phytotoxicité
Dans tous les cas, afin de réduire les risques de phytotoxicité, les règles suivantes doivent être suivies :
- Pour les substances actives à sélectivité de position (pendiméthaline, flufénacet, prosulfocarbe) : les causes de phytotoxicités observées sont dues essentiellement à des mauvais semis avec des graines en surface, ou à de fortes pluies après l’application du produit (ou des pluies modérées sur des sols légers, sableux ou battants) qui favorisent la mise en contact rapide entre l’herbicide et les graines. On peut prévenir ces phénomènes en soignant le lit de semences (semis fin, régulier et bien enterré), en évitant d’intervenir avant de fortes pluies et en ajustant les doses appliquées sur des sols très filtrants.
- Pour les substances actives d’automne à sélectivité par détoxification (chlortoluron, prosulfocarbe, flufénacet) : les causes de phytotoxicités observées sont principalement dues aux conditions climatiques. En effet, les cultures en mauvais état végétatif (mauvaise implantation, températures basses…) détoxifient mal la substance active et sont moins tolérantes. On veillera donc à ne pas appliquer ces produits avant des conditions climatiques défavorables (pluies, fortes amplitudes thermiques ou températures inférieures à -3°C), et à réaliser un lit de semences de qualité (profondeur de semis notamment).
- Pour les substances actives de printemps à sélectivité par détoxification (sulfonylurées, FOPs, DEN) : les causes de phytotoxicité avec des antigraminées foliaires sont souvent liées aux conditions climatiques encadrant le traitement : conditions « poussantes » favorisant une absorption excessive suivies d’une chute brutale de températures, amplitudes thermiques supérieures à 15°C bloquant la détoxification des produits… A noter que les antigraminées foliaires formulés avec un « safeneur » présentent moins de problèmes de sélectivité.
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