Agriculture biologique - Maîtriser les adventices sans recourir aux herbicides
La brochure « Désherber mécaniquement les gandes cultures » fait le point sur l'ensemble des techniques de lutte pour maîtriser les adventices sans herbicides. Retrouvez le descriptif des principaux outils de désherbage mécanique, ainsi que des exemples concrets de leur utilisation sous forme de fiches par culture.
Cette brochure vise à donner des éléments de réflexion pour construire une stratégie de contrôle des adventices dans un système de grandes cultures n’ayant pas recours aux herbicides. Dans un premier temps, les techniques de lutte agronomique contre les adventices sont rappelées, et les principaux outils de désherbage mécanique présentés. La seconde partie de la brochure se veut illustrative. Elle rassemble, classés par culture, des exemples de démarche de désherbage mécanique en grandes cultures sans herbicide. Ce document a été réalisé dans le cadre du Programme CASDAR n°8135 Désherbage Mécanique « Optimiser et promouvoir le désherbage mécanique », 2009-2011.
Retrouvez l’intégralité de la brochure « Désherber mécaniquement les grandes cultures » en cliquant sur le lien.
La maîtrise sans herbicide des adventices en grandes cultures passe en premier lieu par la prévention, les actions mécaniques curatives interviennent en complément. Autrement dit, les stratégies mises en œuvre reposent avant tout sur la rotation des cultures, la prophylaxie, le choix de la date et de la densité de semis, et le travail du sol en interculture. Le désherbage mécanique est la dernière pierre de l’édifice.
► Le rôle essentiel de la rotation
► Lutter contre les adventices en interculture
► Limiter l’importation de graines d’adventices dans la parcelle
► Maîtriser les adventices en cours de culture par le désherbage mécanique
Le rôle essentiel de la rotation
Les mesures préventives comprennent la rotation des cultures, les conditions de semis, et le travail du sol durant l’interculture. La rotation des cultures joue un rôle capital dans la maîtrise des adventices.
L’introduction de têtes de rotation dites « nettoyantes » comme la luzerne ou les prairies concurrence fortement les adventices, tandis que les fauches successives empêchent leur montée à graines et épuisent les rhizomes. Ces cultures « nettoyantes » diminuent donc l’incidence des adventices pour les cultures suivantes.
L’alternance de cultures aux caractéristiques contrastées « casse » le cycle des adventices évitant ainsi la sélection d’une flore spécifique. A titre d’exemple, la succession de céréales d’hiver favorise le développement de graminées d’automne comme le vulpin ou le brome.
Le choix de cultures couvrantes, étouffant les adventices par phénomène de concurrence pour la lumière, l’eau, les éléments nutritifs, voire l’allélopathie pour certaines, est privilégié. Une densité de semis majorée de 10 à 15 % peut faciliter la mise en œuvre de cette stratégie. Attention toutefois, un semis plus dense peut créer parfois un microclimat favorable au développement des maladies.
Enfin, les cultures sarclées offrent la possibilité de réaliser un binage, ce qui concoure à un meilleur contrôle des adventices.
L’étude des rotations en grandes cultures biologiques faites dans le programme RotAB a montré le rôle essentiel de l’introduction de légumineuses fourragères pluriannuelles en tête de rotation.
Lutter contre les adventices en interculture
Chaque adventice, qu’elle soit annuelle ou vivace, possède des caractéristiques propres en termes de potentiel de germination : profondeur optimale de germination, besoin en humidité, durée et levée de dormance, et taux annuel de décroissance c'est-à-dire le taux de perte de viabilité des graines en une année. Tout l’enjeu des interventions de travail du sol à l’interculture consiste à exploiter les caractéristiques biologiques des adventices pour les détruire.
Deux stratégies de lutte contre les adventices par le travail du sol sont possibles :
► L’épuisement du stock semencier de la parcelle
La levée des adventices est provoquée par un faux-semis, puis elles sont détruites par un passage de déchaumeur. La succession des faux-semis et des déchaumages permet d’épuiser le stock grainier du sol en adventices. Le décalage de la date de semis facilite la mise en œuvre de cette stratégie. En effet, cette technique permet de dégager plus de temps pour réaliser les faux-semis et de »semer propre ».
► L’enfouissement des graines en profondeur
En retournant le sol, la charrue enfouit les graines d’adventices en profondeur jusqu’au prochain labour. Si la flore adventice présente un taux de décroissance annuel (TAD) élevé, la quasi-totalité des graines seront dans l’incapacité de germer au bout d’un an seulement. A l’inverse, le labour est peu efficace sur les adventices à faibles TAD telles que les renouées, les chénopodes, les morelles, ou le datura.
Limiter l’importation de graines d’adventices dans la parcelle
Le fauchage ou broyage régulier des abords de la parcelle, le compostage des matières organiques, le nettoyage et le tri des semences fermières, et le nettoyage des outils de cultures sont autant de techniques de lutte préventive visant à limiter l’importation de graines d’adventices.
Maîtriser les adventices en cours de culture par le désherbage mécanique
A la suite des mesures préventives citées dans le précédent chapitre, les actions de désherbage mécanique en cours de culture viennent compléter la stratégie de contrôle des adventices.
Les objectifs de ces interventions sont doubles :
- Détruire les adventices pour éviter qu’elles ne concurrencent de manière trop importante la culture.
- Eviter leur montée à graines qui favorise le salissement futur de la parcelle et une augmentation du stock de semences indésirables dans le sol.
Trois outils de désherbage mécanique existent sur le marché : la herse étrille, la houe rotative, et la bineuse.
Retrouvez toutes les caractéristiques des outils de désherbage mécanique en cliquant sur le lien.
Le bon moment pour réaliser un désherbage mécanique est déterminé par le stade de la culture, le stade des adventices et les conditions climatiques pendant et après l’intervention.
Les outils ne doivent pas fragiliser la culture en place. Aux premiers stades, la houe rotative puis la herse étrille sont à privilégier car elles offrent une meilleure sélectivité que la bineuse. Par ailleurs, pour que la technique soit efficace, les adventices doivent être au stade « filament blanc » voire 1 feuille pour la herse étrille, plus agressive que la houe rotative. A des stades de la culture plus avancés, la bineuse est efficace sur des adventices plus développées. Quel que soit l’outil, le désherbage mécanique ne permet pas de lutter efficacement contre les vivaces. Il faut alors agir en préventif tout au long de la rotation.
Les conditions de passage sont ensuite déterminées par le niveau de ressuyage du sol et le climat prévu les jours suivant l’intervention. De fait, pour qu’un jour soit dit « disponible » pour le désherbage mécanique, deux conditions sont nécessaires :
- le sol ne doit ni être trop gelé ni trop humide en surface pour autoriser le passage d’outils
- les pluies doivent être nulles ou très faibles le jour du passage et les 4 jours suivants (2 jours si l’évapotranspiration dépasse 0,5 mm) afin d’éviter que les adventices arrachées ne se repiquent.
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