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Bioagresseurs et phytos : les applications ne créent pas la résistance mais la sélectionnent

L’application d’un produit phytosanitaire ne crée pas la résistance d’un bioagresseur à ce produit, mais la sélectionne dans les populations. La résistance existe au sein de la diversité génétique des populations, avant l’application du produit.

plantule de ray-grass

La résistance aux produits phytosanitaires est une adaptation évolutive des bioagresseurs face à une pression continue exercée par l’utilisation de ces produits.

Qu’est-ce que la résistance aux produits phytosanitaires ? 

Pour bien comprendre, il faut avoir en tête la définition de la résistance à un pesticide. C’est la capacité héritable d’un bioagresseur à survivre à un traitement appliqué correctement (bon produit, bonne dose, bonnes conditions, bon stade). Lorsqu’un individu est résistant à un pesticide, il ne sera pas (ou peu) affecté par le traitement, et sera capable de produire une descendance viable. On parle alors de résistance biologique.

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Une émergence liée à la variabilité génétique naturelle

La population de bioagresseurs est constituée d’individus différents, qui ont des sensibilités différentes aux produits phytosanitaires. La résistance émerge généralement de la variabilité génétique naturelle dans une population. Cette variabilité peut inclure des mutations génétiques spontanées (mutations de novo) qui confèrent une résistance au produit phytosanitaire. Les individus résistants avec ces mutations, bien que rares au départ, survivent à l'application du traitement, tandis que les individus sensibles meurent.

Des applications répétées sélectionnent les individus résistants

Le processus de sélection se produit lorsqu'un même produit est appliqué de manière répétée : les individus résistants, ayant survécu au traitement, se multiplient et transmettent leurs gènes de résistance à leur descendance. Cela crée une pression de sélection, favorisant la propagation des souches résistantes dans la population au fil des cycles de traitement.

Au fur et à mesure de traitements identiques, génération après génération, la fréquence des individus résistants augmente et conduit à une perte d’efficacité au champ. On parle alors de résistance en pratique.

*R4P : Réseau de Réflexions et de Recherche sur les Résistances aux Pesticides animé par l’Inrae.

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