Dates et densités de semis du blé tendre : les écueils à éviter
Dans l’esprit des producteurs, les opérations de semis peuvent être inconsciemment influencées par les évènements de la campagne passée : modification de la date de semis pour éviter certains stress, ou de la densité de semis pour éviter la verse ou au contraire sécuriser le peuplement final, ou remaniement de la liste variétale suite à une contre-performance.
Choisir la date de semis : en fonction de la parcelle et de la variété
La date de semis du blé doit répondre en priorité à un objectif de praticabilité de l’implantation : il faut pouvoir intervenir dans des conditions de ressuyage satisfaisantes pour ne pas pénaliser la levée de la culture. Selon les milieux et les systèmes de culture, la période disponible va être plus ou moins longue. En parallèle, il faut raisonner la date de semis en fonction de la variété choisie ; ce second temps de raisonnement ne doit pas être pris à la légère, car c’est lui qui va conditionner la vitesse de développement de la plante, et donc l’apparition des stades sensibles (épi 1 cm, épiaison, floraison, remplissage des grains) à des accidents climatiques.
Les préconisations avancées par les équipes régionales d'ARVALIS s’appuient sur un principe de minimisation des risques et contraintes climatiques, sur la base d’analyses pluriannuelles : ceci permet de relativiser la fréquence d’apparition d’accidents tels que les gels précoces (avant tallage) ou tardifs (à montaison).
Semer plus tôt que préconisé expose surtout la culture à des accidents de sortie d’hiver (gel, excès d'eau...). Semer plus tardivement conduit à des cultures pas assez développées lors des premiers gels, ou tardives à floraison et donc exposées à l’échaudage en cours de remplissage des grains.
Les variétés « tardives » nécessitent de la vernalisation et/ou des journées longues pour faire leur transition florale et s’engager vers la montaison. Quant aux variétés précoces, elles n’ont pas de tels freins et arrivent à épi 1 cm très vite si la température le permet. C’est pour cela que les « tardives » peuvent être semées tôt, alors que les implantations des « précoces » doivent être retardées. Par ailleurs, il est déconseillé de semer tôt des variétés trop précoces à montaison dans les secteurs où les gelées tardives sont fréquentes, ou de semer tardivement une variété à cycle long pour éviter le risque accru d'échaudage.
A savoir : avancer la date de semis en espérant esquiver l’échaudage est peu efficace : une anticipation de 10 jours du semis n’avance l’épiaison que d’un à 2 jours.
La densité de semis : à adapter aux conditions d’implantation et à la date de semis
Dans un contexte pédoclimatique donné, toutes les variétés ont le même optimum de peuplement, même si elles vont, par la suite, élaborer leur rendement différemment. La décision de faire varier la densité de semis doit donc reposer sur la finesse du lit de semence (qui va conditionner les pertes à la levée) et sur la date de semis (qui va conditionner la durée de tallage de la culture, et donc le nombre de tiges viables en sortie d’hiver).
Augmenter la densité pour les semis tardifs
En semant précocement, la culture dispose de beaucoup plus de temps pour taller. En conséquence, il est possible de baisser les densités de semis, car la plante dispose de plus de temps pour se développer : elle va réussir à compenser à l'aide d'un tallage important, et donc atteindre un peuplement d'épis/m2 satisfaisant.
A l'inverse, les semis plus tardifs s'exposent à des pertes de pied pendant l'hiver. La période de tallage va être beaucoup plus courte, les talles vont donc être moins résistantes si un accident survient avec des conditions stressantes courant montaison.
La règle est donc "Plus je retarde les semis, plus j'augmente la densité".
Lire aussi : « Jusqu’où peut-on baisser les densités de semis »
Pour chaque pédo-climat, il existe un optimum de densité de semis, en fonction des risques de pertes liés au sol, au froid hivernal. Dans des climats océaniques (Bretagne, Normandie, Picardie…), avec des sols de limons assez fertiles, il est possible de baisser la densité, car dans ces milieux, le niveau de tallage sont bons avec des régressions de talles relativement faibles. Dans des situations argilo-calcaires ou type Craie de champagne, les sols sont moins favorables à l'établissement du peuplement (plantes/m2). Ils sont plus contraignants en termes d'azote, de réchauffement… et donc, les niveaux de tallage vont être plus faibles.
Là encore, les préconisations régionales s’appuient sur des essais pluriannuels, et permettent d’atteindre le rendement maximal. Elles sont très souvent « sécuritaires » : un petit défaut de densité n’aura qu’un faible impact sur le rendement. A l’inverse, dépasser les préconisations ne génère souvent pas de gain de rendement, et augmente au contraire le risque de verse.
A savoir : il n’est pas nécessaire d’essayer de contrebalancer un effet variétal à faire peu d’épis par une densité plus forte : la culture s’autorégulera. Pour les hybrides, l’abaissement des densités est souvent une réponse au surcoût des semences.
Calculer la dose à l’hectare
Pour rappel, ARVALIS met à disposition un outil gratuit pour déterminer la dose à semer. Celle-ci dépend bien entendu du poids de mille grains (PMG), qui varie en fonction de la variété mais aussi d’une campagne à l’autre (tableau 1).
Dose de semis (kg/ha) = (Nbre grains/m² x PMG en g) / 100
Tableau 1 : Dose de semis en fonction du poids de mille grains (PMG) et de la densité de semis visée
Pour en savoir plus, retrouvez les préconisations de dates et densités de semis dans le guide Choisir & Décider de votre région.
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