Sorgho - Diversifier les ressources fourragères
Les sorghos se caractérisent par la diversité de leurs usages. Dans des contextes restrictifs en eau, ils peuvent se révéler plus compétitif que le maïs. Afin de mieux s’y retrouver, un classement des sorghos monocoupe vient d’être établi.
La production de sorgho destiné à l’ensilage s’est développée au cours des dernières années, avec une diversification de l’offre variétale. Les variétés de sorghos font l’objet d’une typologie permettant de les classer selon leurs usages. Leur introduction respective dans les rations dépendra des objectifs de productivité et de la complémentarité avec les autres fourrages disponibles.
Choix des variétés de sorgho : monocoupe ou multicoupes
Le sorgho fourrager multicoupe (type sudan-grass ou hybride sorgho x sudan-grass) se caractérise par sa capacité de repousse, autorisant plusieurs coupes successives. Sa valeur énergétique est proche de celle d’une graminée fourragère. Il est destiné au pâturage, à la fauche ou à l’enrubannage durant l’été. Il ne contient pas d’amidon et s’exploite en plusieurs coupes à partir d’un stade d’environ 60 cm qui permet de minimiser la présence d’acide cyanhydrique.
Les sorghos monocoupes se répartissent en deux catégories : grain et sucrier. Le sorgho grain, cultivé pour la production de graines, peut néanmoins être ensilé. Sa valeur alimentaire, liée à sa teneur élevée en grains (environ 50 % de la MS) présente un intérêt sous forme d’ensilage pour les ruminants. Le stade de récolte doit être maîtrisé pour limiter les taux d’amidon trop élevés, mal valorisés par les vaches laitières (acidose), et éviter des duretés de grains qui les rendent difficiles à éclater. Les variétés de sorgho grain ont une taille réduite (1 m à 1,5 m). Il existe quelques variétés de plus grande taille et mieux valorisables en ensilage.
Des valeurs alimentaires variables
Le sorgho sucrier, commun ou BMR, est uniquement destiné à la récolte en plante entière, tant en ensilage pour les ruminants que pour d’éventuelles valorisations en biomasse. Son rendement en plante entière est supérieur au sorgho grain. Les grains peuvent présenter toutefois des tanins. Sa teneur en amidon est faible (souvent inférieure à 10 % de la MS). Sa valeur énergétique est principalement liée à l’accumulation de sucres solubles dans ses tiges.
Les sorghos sucriers communs ont une valeur énergétique moyenne (faible teneur en amidon). Ils présentent de bons potentiels de rendement et s’avèrent relativement résistants à la verse. La zone de culture reste néanmoins limitée par la tardiveté des variétés disponibles.
Sorgho BMR : la performance énergétique
Les sorghos sucriers BMR ont la particularité d’avoir une lignification différente (moins de fibres), ce qui améliore leur digestibilité et permet des valeurs énergétiques très élevées, équivalentes ou supérieures à celles du maïs ensilage. Cette caractéristique est liée à la présence du gène BMR (Brown mid rid = nervure brune centrale) qui a néanmoins l’inconvénient, comme pour les maïs porteurs de ce gène, de rendre les plantes sensibles à la verse, avec comme conséquence des difficultés de récolte. L’offre variétale reste limitée à des variétés relativement tardives qui ne peuvent être cultivées que dans des régions à bonne disponibilité en température, avec des risques de récoltes différées qui exposent la culture à la verse. Certaines variétés ne produisent pas de panicules (sensibilité à la photopériode) ou des panicules sans grains (stérilité mâle).
Les UFL comme critère de classement
Le développement du sorgho fourrager monocoupe a conduit à réaliser, à partir de 2008, des épreuves de valeurs agronomiques et énergétiques de ces sorghos en vue de leur inscription au catalogue officiel français. La teneur énergétique (UFL, unité fourragère lait/kg de matière sèche) est désormais un critère de classification des variétés de sorgho fourrager monocoupe en fonction de leur usage potentiel (tableau 1). Trois catégories de sorghos fourragers monocoupes ont été définies, selon leur potentiel de valorisation par les bovins :
- « ensilage » (E) dont les teneurs en UFL apportent une valeur énergétique élevée, pouvant de fait être distribués à des bovins en ration de base quasi exclusive. Pour bénéficier de cette mention, la teneur en UFL doit être strictement supérieure à la moyenne des témoins +7 points, sachant que les témoins retenus représentent la diversité des variétés étudiées.
- « à usages principalement industriels » (PI) qui s’illustrent par leur forte production en biomasse mais dont les valeurs énergétiques sont faibles, avec des teneurs en UFL strictement inférieures à la moyenne des témoins -8 points.
- « doubles usages » (DU) à teneurs en UFL intermédiaires, appartenant à la plage de teneur en UFL définie par l’intervalle -8 points < témoins < +7 points.
Tableau 1 : Classement des sorghos - un nouvel outil pour choisir les variétés
Présentation des variétés de sorgho fourrager monocoupe inscrites en France ou expérimentées en réseau probatoire en France. Classification de valeur d’usage basée sur les valeurs énergétique : E = ensilage, DU = doubles usages, PI = utilisation principalement industrielle.
Cet article est issu de l’édition de septembre 2014 d’ARVALIS-CETIOM Infos.
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