Alimentation des vaches laitières - Ensilage de maïs riche en amidon : trouver le bon équilibre de la ration
Pour incorporer judicieusement dans la ration des vaches laitières un ensilage de maïs à teneur élevée en amidon, il est nécessaire de bien caractériser sa valeur alimentaire.
La composition de la plante à la récolte informe sur la valeur alimentaire de l’ensilage de maïs. Les grains, riches en amidon, sont source d’énergie pour les animaux. La plante contient également des fibres « digestibles », participant aussi à l’apport énergétique, et des fibres « indigestibles » intervenant dans la régulation de l’ingestion. Plus la ration est fibreuse, meilleure est la digestion du fourrage, mais moins la vache consomme de matière sèche et d’énergie. C’est donc la teneur en fibres « indigestibles » qui permet de « piloter » l’ingestion.
Viser 22-25 % d’amidon dans la ration
Dans la ration des vaches à haut potentiel, la place des fibres lignifiées est faible, celle des éléments digestibles étant très élevée. À première vue, le maïs, bien pourvu en énergie, convient donc bien aux vaches laitières, à condition que l’amidon apporté ne perturbe pas la digestion. En effet, l’équilibre entre les fibres indigestibles et l’amidon est essentiel pour préserver le bon fonctionnement du rumen. Une teneur en amidon comprise entre 22 et 25 % dans la ration garantit à la fois une bonne ingestion et une bonne digestion. Mais pour une ration à 25 % d’amidon, si l’ingestion augmente, la vitesse de transit progresse également : une partie de l’énergie est alors mal digérée et non valorisée.
En début de lactation, ce gaspillage atteint 1 Unité Fourragère Lait (UFL) par jour. Dans une ration à 28 % d’amidon, la perte atteint 2 UFL et les signes d’acidose se multiplient.
Les vaches laitières valorisent mal l’excès d’amidon vitreux
Un ensilage de maïs très riche en amidon est en général la conséquence d’un chantier de récolte trop tardif qui a permis à la plante de poursuivre, voire d’achever, le remplissage des grains. Les grains présentent alors une forte proportion d’amidon vitreux. Celui-ci se dégrade moins bien dans le rumen que l’amidon laiteux ou pâteux. Les bovins le digèrent donc moins facilement. Cette chute importante de digestibilité n’est pas compensée par la hausse de la digestibilité globale de la plante qui est induite par le remplissage des grains (figure 1). Un maïs en train de mûrir passe par une valeur fourragère maximale qui apparaît avant la fin du remplissage des grains. Les travaux menés par ARVALIS - Institut du végétal montrent qu’au-delà de 30 à 35 % d’amidon, la valeur en UFL de la plante entière plonge (figure 1).
Figure 1 : Évolution de la valeur énergétique du maïs décomposée sur deux axes : l’approche en valeur des grains (exprimée en % d'amidon) et l'approche de la digestibilité des tiges et des feuilles (exprimée en DMO non amidon)
Au-delà de 30 à 35 % d’amidon, la valeur fourragère de la plante plonge. Les lignes correspondent aux UFL de même valeur. Les cercles représentent une cible autour de la valeur moyenne pour une année normale (30 % d’amidon et 59 % DMOna). En rouge : 80 % des échantillons ; en bleu : 35 % des échantillons.
Par convention depuis 1995, la valeur énergétique du maïs fourrage (vert) est estimée en France en se basant sur l’équation « Modèle 4 », dit M4, publiée par Jacques Andrieu de l’INRA (1996) ; l’INRA ayant établi que le processus de l’ensilage ne modifiait pas la valeur énergétique du fourrage. Dans le cas des ensilages de maïs riche en amidon, la gamme de validité de cette équation est dépassée. Les valeurs énergétiques calculées doivent donc être analysées avec précaution ; la baisse de digestibilité de l’amidon dans les ensilages de maïs à teneur élevée en amidon vitreux n’étant pas prise en compte.
La valeur alimentaire des ensilages de maïs fait l’objet d’études pour mieux connaître l’utilisation de l’amidon par les bovins.
L’amidon vitreux impacte les apports énergétiques et protéiques
Le calcul de la valeur azotée des maïs riches en amidon doit tenir compte de la baisse de disponibilité, dans le rumen, de l’amidon vitreux : jusqu’à 30 % pour des grains vitreux, contre 5 à 10 % aux stades « normaux » d’ensilage. En retenant une dégradabilité théorique de l’amidon de l’ordre de 75 %, la quantité de protéines digestibles issues des apports énergétiques (PDIE) apparaît inférieure de 10 % à celle proposée par l’INRA, dans le cas d’un ensilage de maïs récolté à 40 % d’amidon. Ces estimations doivent être affinées grâce aux travaux en cours.
Associer les fourrages
Les ensilages de maïs à teneur élevée en amidon (plus de 30 %) sont donc à introduire avec précaution dans les rations des vaches laitières. Un des moyens d’équilibrer la ration consiste alors à associer différents fourrages, tels qu’un ensilage de maïs avec un ensilage ou un enrubannage d’herbe ou de légumineuses. La complémentation doit alors nécessairement être orientée vers des concentrés peu riches en amidon, à base de pulpe par exemple.
Cet article est issu de l’édition de septembre 2014 d’ARVALIS-CETIOM Infos.
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