Lutte contre les corvidés sur maïs : des solutions à combiner dès le semis
Le corbeau freux et la corneille noire sont les deux principales espèces de corvidés qui peuvent être à l’origine de dégâts significatifs sur les semis de maïs. Face à ce risque difficilement prévisible et maîtrisable, certaines précautions sont recommandées lors de l’implantation de la culture.
Trois espèces de corvidés sont responsables de dégâts sur maïs : la corneille noire (présente sur l’ensemble du territoire), le corbeau freux (présent dans une grande moitié nord et est de la France) et le choucas des tours (très présent en Bretagne, Pays de la Loire et plus sporadiquement dans d’autres régions). Ces oiseaux consomment la semence de maïs. Les attaques sont majoritairement recensées entre la levée et le stade 3 feuilles du maïs, mais elles peuvent avoir lieu dès le semis du maïs et jusqu’au stade 8-9 feuilles, notamment si les conditions sont sèches.
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A défaut de disposer d’une solution complètement satisfaisante pour la protection des jeunes maïs, la seule réponse est de mettre en œuvre une protection intégrée avec la combinaison des quelques leviers disponibles.
Comment éloigner et réguler les populations de corvidés ?
La protection des prochains semis commence dès maintenant et peut être mise en œuvre sans plus attendre pour le corbeau freux et la corneille noire.
Ces deux espèces sont en effet classées parmi les Espèces Susceptibles d’Occasionner des Dégâts (ESOD, anciennement dénommées « nuisibles ») dans l’arrêté paru dans le Journal Officiel du 4 août 2023). Cet arrêté autorise le piégeage (toute l’année) et le tir (entre la date de clôture générale de la chasse et le 31 mars, avec prolongation possible jusqu’au 10 juin, voire jusqu’au 31 juillet sur autorisation individuelle délivrée par le préfet, dans la plupart des départements. Les modalités de mises en œuvre selon les secteurs géographiques sont précisées dans l’arrêté.
Le choucas des tours bénéficie d’un statut différent : cette espèce ne figure pas parmi la liste des espèces nuisibles (ESOD) et n’est donc pas concernée par la réglementation précitée. Compte tenu des dégâts que ces oiseaux peuvent occasionner, des mesures de régulation peuvent néanmoins être autorisées localement. Des arrêtés préfectoraux précisent alors le nombre d’individus pouvant être prélevés. Il convient de se renseigner pour savoir si un arrêté existe dans votre département. Même si le tir et le piégeage de choucas des tours ne sont pas autorisés, des mesures limitant leur accès à des lieux de nidification (en bouchant les cheminées par exemple) ou à de la nourriture (lieu d’affouragement) permettront d’éviter une trop forte abondance locale de choucas des tours et de limiter par conséquent de fortes attaques dans les parcelles situées à proximité.
Jouer sur les pratiques agronomiques pour abaisser l’exposition des jeunes plantes
L’adaptation des pratiques agronomiques peut contribuer à abaisser l’exposition des jeunes plantes aux attaques de corvidés, sans pour autant garantir l’absence d’attaques :
- grouper les semis permet de diluer les attaques de corvidés dans le paysage. Il convient donc d’éviter tant que possible les semis décalés dans l’espace et dans le temps par rapport aux parcelles de maïs environnantes. En effet, une parcelle de maïs isolée géographiquement ou dans le temps (semis tardif par exemple) aura toutes les chances de concentrer les individus, et donc les dommages.
- éviter les préparations en conditions trop sèches pour ne pas avoir des sols motteux ou soufflés, conditions favorables aux dégâts d’oiseaux, tout en évitant de semer trop tôt après le labour (en sol limoneux). Un compromis doit être trouvé pour satisfaire ces conditions pouvant parfois être antagonistes.
- rappuyer correctement la ligne de semis : lorsque les oiseaux ont le choix, des différences sont notables selon le type de préparation de sol et le type de semoir.
- privilégier un semis profond (4-5 cm ou plus) si les conditions le permettent (selon le type de sol, la période de semis, la météo annoncée…). Les dégâts seront ralentis à défaut d’être empêchés.
A l’inverse, certaines situations seront plus favorables aux attaques de corvidés :
- une faible vitesse de levée du maïs (conditions climatiques défavorables, semis profond, sol argileux) et une croissance ralentie jusqu’au stade 4-5 feuilles.
- les situations favorables à l’activité biologique du sol et la présence de macrofaune du sol (techniques culturales sans labour, semis sous couvert, présence de résidus et de graines, apport de fumier…) dont des ravageurs telluriques.
Produit Korit : s’appuyer sur un traitement de semences efficace
Le produit Korit 420FS, à base de zirame, est une solution corvifuge homologuée et disponible pour les prochains semis (date de fin d’approbation UE : 15/3/2025). Cette spécialité commerciale peut donc être utilisée pour protéger les semences des parcelles exposées à un risque d’attaque de corvidés.
Sur le plan technique, les essais réalisés par ARVALIS ont permis de démontrer l'efficacité et l’intérêt corvifuge de ce produit (figure 1). Son utilisation, combinée aux autres leviers, permet de limiter grandement les dégâts et apporte le plus souvent satisfaction. Les essais montrent que son efficacité peut toutefois s’avérer partielle voire largement insuffisante lorsque les populations de corvidés sont trop abondantes et que les conditions agronomiques et climatiques sont favorables aux attaques d’oiseaux.
Aucune autre solution disponible à ce jour – autorisée pour l’usage corvifuge ou n’importe quel autre usage permettant une mise en marché – n’a démontré un intérêt technique pour la protection contre les attaques de corvidés.
Sur le plan réglementaire, Korit 420FS présente les mentions de danger H330, H373, H317, H335 et H401 qui contraignent son application sur semences. Comme pour n’importe quelle solution phytopharmaceutique, l’utilisation de ce produit ne peut donc pas être généralisée et doit être réservée aux parcelles concernées par un risque d’attaque par les ravageurs ciblés.
Figure 1 : Efficacité du Korit 420FS contre les dégâts de corvidés sur maïs - Synthèse de 20 essais réalisés par ARVALIS [2011 - 2023]
Signaler toutes attaques nuisibles de corvidés
En cas d’attaques sur vos prochains semis, il est important de signaler les dégâts subis, et ceci même si vous en avez déjà signalés les années précédentes. Le signalement ne donne droit à aucune indemnisation mais le recensement des dégâts occasionnés par les oiseaux – ou l’absence de signalement – est pris en considération pour l’étude de leur classement ou non sur la liste des « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » (ESOD).
Le signalement peut se faire via l’application « Signaler Dégâts Faune Sauvage » (disponible sur App Store et Play Store) ou via le formulaire en ligne proposés par Chambres Agriculture France. Dans certains départements, des formulaires en ligne sont mis à disposition par d’autres organismes (DDT, FDSEA, FNC selon département…).
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