Quelle stratégie adopter pour protéger le maïs contre les attaques de géomyze ?
Dans les secteurs historiquement concernés par des attaques de géomyze, il est prudent d’envisager une protection des prochains semis de maïs. Avec quelles solutions ? Pour quelles efficacités ? Eléments de réponse avec les derniers résultats d’essais et la réglementation en vigueur.
L’intensité des attaques de géomyze varie fortement selon les années : après des attaques d’une rare intensité au printemps 2023, la géomyze s’est fait discrète en 2024. Cette variabilité s’explique en partie par les conditions climatiques rencontrées au cours de l’année qui précède le semis du maïs.
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Les conditions de températures et de pluviométrie au cours de l’été 2024 ont été assez proches des normales. Les conditions climatiques de l’hiver 2024-2025 seront déterminantes sur la survie des individus et, par conséquent, sur leur abondance au début du printemps 2025. Et les conditions climatiques du printemps 2025 influenceront l’exposition du maïs aux attaques de géomyze.
A défaut de pouvoir prédire à ce jour plus précisément le risque pour la prochaine campagne, il est prudent d’envisager une protection insecticide des prochains semis dans les secteurs régulièrement concernés par ce ravageur.
Lumiposa : une nouvelle dérogation pour 2025
Pour faire face au risque de dégâts de géomyze sur maïs dans l’ouest de la France, l’AGPM a, à nouveau, demandé une dérogation pour disposer de la solution Lumiposa (à base de cyantraniliprole) en 2025. Une autorisation de mise sur le marché a été accordée pour la période du 1er mars au 29 juin 2025 pour la protection des semis de maïs grain et de maïs fourrage selon les dispositions suivantes :
- Semis autorisé uniquement en régions Bretagne, Pays de la Loire et ex-Basse Normandie (Calvados, Manche, Orne) .
- Traitement de semences réalisé en usine.
- Ne pas semer sur sol drainé artificiellement.
- Ne pas semer sur des parcelles présentes dans les périmètres de protection des captages d’eau potable en eau souterraine. En absence de délimitation de périmètres de protection rapproché ou éloigné, la zone de protection est élargie à la commune où se situe le captage.
- A la dose maximale de 52,3 grammes par hectare, ce qui correspond à une dose de 0,475 mg par grain pour un semis à 110 000 grains par hectare (densité de semis préconisée en Bretagne), ou à 0,614 mg/gr pour 85 000 gr/ha.
Une efficacité qui répond à la dose
Les essais réalisés en 2024 par la Fredon Bretagne et de Vert-Marine pour ARVALIS n’ont pas subi d’attaques suffisantes pour discriminer les modalités en évaluation. Néanmoins, les résultats acquis depuis 2019 avec des doses variant de 0,47 à 0,75 mg de cyantraniliprole par grain tendent à montrer une relation positive entre la dose de substance active appliquée par grain et l’efficacité de la protection (figure 1). Même si le nombre de références est faible, l’efficacité est en moyenne de l’ordre de 55 % à 0,475 mg/grain, contre 65 % lorsque la dose est supérieure ou égale à 0,614 mg/grain.
Dans le cadre de la dérogation pour 2025, la solution Lumiposa reste techniquement satisfaisante pour protéger le maïs contre les attaques de géomyze, même si son efficacité est en léger retrait par rapport aux évaluations antérieures réalisées à des doses autorisées plus importantes.
Certains microgranulés pénalisés par leurs conditions d’emploi
Dans les conditions d’attaques intenses de 2023, les produits microgranulés à base de pyréthrinoïdes (Belem 0.8MG, Karaté 0.4GR) appliqués avec diffuseur avaient présenté des efficacités inférieures à celle de Lumiposa, et en net retrait par rapport aux résultats acquis dans des conditions d’attaques plus modérées au cours des années antérieures. Cependant, même en 2023, ces solutions avaient permis d’obtenir un niveau de rendement comparable à la solution Lumiposa appliquée à faible dose pour Belem 0.8MG, et à forte dose pour Karaté 0.4GR.
A noter que les conditions d’emploi de cette dernière spécialité, comme celles de tous les produits microgranulés à base de lambda-cyhalothrine (dont les produits de la gamme Trika), ont évolué au cours de l’année 2023 : ils doivent être enfouis à plus de 4 cm de profondeur. Ces conditions d’emploi ne sont pas compatibles avec une efficacité satisfaisante de ces solutions pour la protection contre la géomyze.
Seul Belem 0.8MG - qui demeure applicable avec diffuseur - conserve un intérêt technique pour la protection contre la géomyze (figure 2), même si ce produit n’est autorisé que pour la protection contre les ravageurs du sol (usage comprenant les taupins, et non la géomyze). L’efficacité de Belem 0.8MG sur géomyze est du même ordre de grandeur que sur taupins, alors que l’intérêt technique de la solution Lumiposa n’a été mis en évidence que sur géomyze. En cas de risque taupin, la solution Belem 0,8MG permet donc de jouer sur les deux tableaux.
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