Alimentation des ruminants - Utiliser de la paille comme fourrage d’appoint
Pour pallier le déficit fourrager, les pailles de céréales peuvent être utilisées comme fourrage d’appoint dans les rations, mais avec certaines précautions selon le type d’animaux.
Quelle est la valeur alimentaire des pailles ?
Les pailles de céréales et de protéagineux peuvent être consommées par les bovins. Cependant, pour le rationnement des animaux, les analyses de fourrage sont recommandées pour bien apprécier les valeurs alimentaires.
Les pailles de céréales présentent des valeurs d’encombrement quasiment deux fois plus élevées qu’un foin de prairies de graminées, pour une valeur énergétique plus faible (tableau 1). De leur côté, les pailles de protéagineux affichent un encombrement plus faible que celui de la paille de céréales, et une valeur alimentaire un peu supérieure, ce qui limitera les quantités de concentrés nécessaires.
Une bonne conservation est possible à partir de 87 % MS min avec un rendement de 1 à 2 t/ha. Il est recommandé de récolter la paille tout de suite après moisson.
Tableau 1 : Exemples de valeurs alimentaires (par kg MS) de différentes pailles, comparées à un foin de bonne qualité (références INRA 2010)
Élevage laitier : à quels animaux destiner la paille ?
Les meilleurs fourrages doivent être réservés aux vaches en production.
Compte tenu des valeurs alimentaires des pailles (tableau 1), l’alimentation des génisses à la paille de céréales nécessite un apport complémentaire d’au moins 3 kg de concentrés pour soutenir une croissance hivernale adaptée à des vêlages précoces.
Pour obtenir de bonnes croissances, il est nécessaire d’avoir des lots homogènes avec une place à l’auge par animal suffisante.
Pour les vaches laitières, les apports de paille devront être très limités car la déconcentration de la ration pénaliserait rapidement la production laitière. On se limitera alors à 0,5 kg/VL/j, plutôt sous forme broyée, pour ceux qui ont une mélangeuse et qui peuvent ainsi la mélanger aux autres fourrages plus ingestibles. Contrairement aux génisses où la paille constitue un réel apport alimentaire, pour les vaches, elle servira surtout de fibre nécessaire à la rumination. Malgré les faibles quantités, elle pourra contribuer fortement à la santé de la ration chez tous ceux qui seront obligés d’incorporer des co-produits acidogènes en substitution de fourrages.
Élevage allaitant : à quels animaux destiner la paille ?
La paille pourra constituer le principal fourrage grossier de la ration de génisses âgées de plus de 15 mois et des vaches allaitantes avant le 8e mois de gestation à condition qu’elles aient pu être rentrées en bon état corporel. La paille peut également permettre de complémenter les animaux au champ pendant la période estivale.
Pour les génisses ou les vaches, un ajout de 0,5 kg/animal/j de mélasse peut être appliqué sur la paille afin d’améliorer son appétence, son ingestion et apporter une partie de la protéine. En cas de complémentation au champ, penser à bloquer les animaux dans un coin de parcelle afin de dégrader le minimum de surface possible.
Il faut retenir que :
- La paille et autres fourrages seront associés pour alimenter les vaches allaitantes qui vêlent tôt (décembre/janvier), ou bien des vaches qui vêlent plus tard mais qui se trouvent en mauvais état corporel à l’entrée de l’hiver.
- Les génisses de moins de 1 an doivent recevoir uniquement de bons fourrages pour garantir une croissance de 500 à 700 g de GMQ.
- Réduire les croissances est également possible pour certaines catégories (génisses vêlant au-delà de 32 mois d’âge).
Comment faciliter l’ingestion de la paille ?
Pour faciliter l’ingestion, la paille devra être bien conservée et appétente. Un renouvellement régulier sera d’autant plus nécessaire si le concentré n’est pas mélangé à la paille. Un apport d’aliment liquide de type mélasse à hauteur de 0,5 kg/génisse/j favorise également l’ingestion et l’appétence du fourrage. Penser également à mettre des pierres de sel à disposition et à assurer un abreuvement de qualité.
En raison des conditions de l’année, y a-t-il un risque sanitaire à distribuer de la paille aux animaux ?
Lorsque les céréales sont touchées par Fusarium graminearum, ce champignon peut produire des mycotoxines telles que le DON (déoxynivalénol) ou la zéaralénone. Réglementées pour les denrées destinées à la consommation humaine, ces toxines font également l’objet d’une recommandation pour les denrées destinées à l’alimentation animale.
Concernant les pailles, la recommandation Européenne 2006/576/CE du 17 juillet 2006 indique des seuils conseillés à ne pas dépasser à 12 % d’humidité pour le DON : 8 mg/kg, et pour la zéaralénone : 2 mg/kg. Tous les animaux ne présentent pas la même sensibilité à ces toxines, et peu d’études ont été réalisées sur leurs effets chez les ruminants. Cependant, l’ANSES précise que les ruminants semblent assez bien protégés contre ces mycotoxines, grâce à la présence du rumen et de l’écosystème microbien qui l’habite. Le respect de cette recommandation constitue un outil de prévention incontournable pour garantir la santé des élevages.
De toute évidence, le risque sanitaire d’intégrer de la paille à la ration dépendra de la quantité de mycotoxines présente dans la paille, et du volume de paille qui est consommé. Si la ration contient des mycotoxines, on observe alors un effet cumulatif. A noter que la paille de céréales a des teneurs en mycotoxines plus élevées que celles des grains.
Baisser la barre de coupe pour récolter un maximum de paille
Lorsque la barre de coupe est proche du niveau du sol, la production de paille est quasiment identique à celle de grain (le rapport paille/grain est égal à 1). Ce rapport P/G, qui peut varier de 0,8 à 1,2, est très peu influencé par la hauteur du blé, le nombre d’épis, le niveau de fertilisation azoté ou encore par l’application de régulateur. Mais, la hauteur de coupe modifie fortement la quantité de paille récoltée.
En règle générale, les essais montrent que baisser la barre de coupe de 10 cm permet de récolter 15 % de paille en plus.
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