Comment gérer l'ergot en grandes cultures ?
Des grains noirs dans une benne de blé fraîchement moissonné ! C’est peut-être des sclérotes d’ergot. Si oui, c’est un problème qu’il va falloir gérer.
Vidéo réalisée dans le cadre du plan d’action national sur l’ergot, animé par ARVALIS avec une centaine de collecteurs partenaires (coopératives et négoces).
Un champignon dangereux pour les consommateurs
Si l’ergot ne porte pas préjudice aux rendements, ce champignon est extrêmement néfaste vis-à-vis de la qualité des lots de par les alcaloïdes toxiques qu’il produit. Il est même dangereux pour les consommateurs à partir d’une certaine quantité.
C’est ce champignon qui avait causé de grandes épidémies au Moyen-Âge, connues sous le nom de « Mal des Ardents ». Les boulangers distribuaient sans le savoir des pains contaminés, provoquant, chez les consommateurs, hallucinations, brûlures intenses, convulsions et nécroses allant jusqu’à la gangrène.
En élevage, l’ingestion de l’ergot provoque un affaiblissement du bétail. Le taux de gestation et la production laitière sont diminués et, dans les pires cas d’empoisonnement, les bêtes présentent des symptômes nerveux et gangréneux.
Alors, comment éviter la catastrophe ?
Pour protéger les consommateurs, la réglementation définit un nombre maximal de sclérotes par kilo de céréales.
De fait, si des sclérotes d’ergot sont détectés dans les bennes à la moisson, la première chose à faire est d’appeler son collecteur de céréales. Il évaluera le lot. S’il est non-conforme à cette réglementation, il sera nettoyé. Une opération longue et coûteuse...
Mais ce n’est pas tout. Il faut maintenant éviter que l’ergot ne contamine les cultures suivantes ! Pour cela, l’agriculteur dispose de plusieurs leviers. Mais pour les utiliser au mieux, il faut bien avoir en tête la biologie de ce champignon.
Le cycle de l’ergot s’appuie sur des graminées en floraison
La contamination d’une parcelle commence par la présence de sclérotes dans le sol, qui peuvent germer en sortie d’hiver. Au début du printemps, les sclérotes enfouis à moins de 10 cm de profondeur produisent des stromas qui vont alors émerger et propager des spores dans les 20 m alentours.
Ces dernières, portées par le vent, vont contaminer les graminées en floraison, cultures comme adventices. Sur les épis touchés, un miellat apparaît.
Les spores contenues dans ce miellat vont ensuite contaminer à leur tour les graminées adventices et céréales en fleur. Des sclérotes vont ensuite se développer sur les épis. Pendant la moisson, une partie d’entre eux va tomber au sol, perpétuant ainsi le cycle du champignon.
Labourer, désherber, diversifier les cultures…
Pour briser ce cycle, plusieurs actions sont possibles :
- Il faut d’abord s’assurer de travailler avec des semences saines, pour ne pas amener d’autres sclérotes dans le sol de sa parcelle.
- Réaliser un labour permettra d’enfouir les sclérotes à plus de 10 cm de profondeur. Dans ces conditions, ils ne pourront pas émettre de spores dans les cultures.
Attention, un second labour l’année suivante pourrait les remonter à la surface ! C’est pourquoi, il faut impérativement réaliser un travail superficiel du sol au moins durant la campagne suivante.
- Diversifier sa rotation est également un bon moyen de lutte, surtout lorsque le sol n’est pas travaillé. Puisque l’ergot contamine les graminées, il faudra éviter pendant au moins 2 ans d’implanter des céréales à paille sur la parcelle, et opter pour des cultures non hôtes.
- Enfin, il ne faut pas oublier que les graminées adventices, elles aussi, sont sensibles à l’ergot : elles peuvent amener des sclérotes dans toutes les cultures. C’est pourquoi, il est capital d’effectuer un désherbage minutieux de la parcelle. Les adventices au bord de champ sont aussi un vecteur non négligeable de la propagation de l’ergot. Un fauchage des bords de parcelle au début du stade floraison des cultures permettra de réduire la pression.
En utilisant différents leviers adaptés à la situation de son exploitation, il est donc possible de gérer l’ergot sur sa parcelle.
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