Semis décalés des céréales : comment ajuster la conduite du désherbage ?
Les parcelles commencent à ressuyer progressivement. Si la priorité est donnée au semis, la question du désherbage des céréales se pose également. Il convient d’ajuster ce dernier pour garantir son efficacité et sa sélectivité, les céréales ayant souffert de l’excès d’eau. La conduite à tenir va dépendre de chaque situation.
Conduite à tenir pour les parcelles semées début octobre
Dans la région, de nombreuses parcelles semées tôt ont pu être désherbées en post-semis – prélevée. Les semis antérieurs au 20 octobre qui n’auraient pas encore été désherbés sont à gérer en priorité ,avec trois facteurs déterminants :
- Le stade de la culture et celui des adventices les plus développées : ils limitent les solutions de désherbage racinaires et leurs efficacités,
- La portance des parcelles et l’état végétatif des céréales qui ont +/- souffert des effets des excès d’eau et d’ennoiements,
- Les conditions climatiques au moment du désherbage.
Dans ces situations de semis d’octobre non désherbés, les céréales ont désormais dépassé le stade 3 feuilles (3F). Plusieurs produits ne sont plus utilisables après ce stade. C’est le cas désormais du prosulfocarbe (Défi, Roxy 800, Daiko…), mais aussi des spécialités comme Fosburi, Voltage, Battle Delta… De plus, la postlevée « tardive » avec ces produits racinaires perd en efficacité. Les résultats d’essais mettent déjà en évidence une perte d’efficacité entre les stades 1-2 feuilles et 3 feuilles (figure 1). Si le désherbage n’a pas encore été fait et que des adventices à plus d’une feuille sont présentes, il sera nécessaire d’adapter le programme et de renforcer les stratégies vis-à-vis des dicotylédones.
Figure 1 : Comparaison des efficacités sur graminées d’herbicides en post levée selon le stade de la culture (Fosburi à 0,6 l/ha à 1F ou 3F de la céréale - essais ARVALIS 2002 à 2010) – nombre d’essais indiqué en étiquette
Adapter les herbicides avec le choix de produits foliaires si les stades sont avancés
Du fait des stades déjà avancés des cultures et des adventices, l’utilisation d’antigraminées foliaires dès l’automne peut être nécessaire pour maîtriser le salissement. En premier lieu, l’alternative peut passer par des antigraminées sulfonylurées (Othello, Kalenkoa, Abak, Levto WG… possibles règlementairement).
Les résultats de ces herbicides foliaires peuvent être bons, mais sont aussi très dépendants du statut de résistance des populations. Un second inconvénient avec cette stratégie tient à la réglementation qui interdit la possibilité de refaire un inhibiteur de l’ALS plus tard en saison.
Il est également possible d’utiliser des antigraminées foliaires classiques (Célio, Fenova Super, etc…) en mélange par exemple avec un produit racinaire. Le niveau d’efficacité sera également très dépendant du statut de résistance historique des populations de graminées.
Pour les parcelles qui ont souffert de l’excès d’eau, avec de mauvaises implantations et un mauvais état végétatif, il faut être très prudent en matière de désherbage : elles sont plus exposées à un risque de phytotoxicité consécutif à un désherbage d’automne à base de produits racinaires.
Sur les parcelles ayant pu bénéficier d’un premier désherbage en octobre, on surveillera les éventuelles relevées de graminées pour ré-intervenir en double automne au besoin (cas des parcelles les plus infestées).
Toutefois, il faudra veiller aux conditions climatiques. Selon la météo annoncée dans les 5 jours suivant l’intervention programmée, il faudra la reporter :
- En cas de pluies abondantes à nouveau prévues (risque migration herbicide) dans des sols déjà à saturation
- En cas d’amplitudes thermiques élevées (> 15°C) ou de chute brutale des températures (< -3°C annoncées).
Figure 2 : Règles de décision pour désherber les semis précoces de céréales à l’automne 2023
Conduite à tenir pour les semis tardifs de fin novembre à décembre
Pour les semis tardifs, le levier agronomique « date de semis » effectuera pleinement son effet avec une forte réduction du niveau d’infestation. De plus, le recours plus fréquent au labour contribue également à assainir les parcelles.
On s’orientera ainsi vers du désherbage de sortie d’hiver dans la majorité des situations. Les stratégies seront à adapter selon la flore présente.
Eventuellement, pour les parcelles à fort risque ray-grass, une prélevée « simple » peut être envisagée sur les semis de fin novembre (en veillant toujours aux conditions climatiques et après évaluation des grains en surface).
Réagissez !
Merci de vous connecter pour commenter cet article.