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Ouest Occitanie

Risque de fusarioses sur blé : vigilance pour les parcelles qui entrent en floraison

Depuis fin avril / début mai, les pluies sont en faveur du risque de fusarioses sur blé. Tout va dépendre du stade. Si les premières parcelles ont déjà fleuri, celles qui amorcent la floraison sont particulièrement à surveiller. Attention également aux maladies du feuillage.

Attaque de Fusarium graminearum épi de blé tendre en Occitanie en 2024

Les fusarioses des épis sont dues à des contaminations par des champignons de différentes espèces. On distinguera deux principaux genres : Fusarium et Microdochium. L’impact sur la récolte ne sera pas le même selon les espèces impliquées. Fusarium graminearum est l’espèce la plus problématique en raison de sa production de mycotoxines dans les grains et plus particulièrement de déoxynivalénol (DON). Des études portant à la fois sur sa toxicité et sur le degré d’exposition des populations amènent à revoir les seuils règlementaires en cours pour l’alimentation humaine. Le niveau maximum de DON pour l’alimentation humaine est aujourd’hui fixé à 1000 et 1500 ppb, respectivement pour le blé tendre et le blé dur.

Distinguer Fusarium et Microdochium ?

Il est difficile, voire impossible, de faire la distinction entre Fusarium et Microdochium en observant simplement les symptômes.

Les analyses moléculaires réalisées sur la base de symptômes caractéristiques montrent qu’il n’y a pas de règle univoque. Ce n’est pas parce qu’un épillet est rose qu’il s’agit de F. graminearum, autrefois rattaché au groupe des Fusarium roseum. A l’inverse, une décoloration de la glumelle accompagnée d’un cerne brun ne désigne pas spécifiquement Microdochium spp. Par ailleurs, Microdochium cohabite généralement avec F. graminearum et toutes les analyses sur grains pratiquées à la récolte montrent que des grains fusariés hébergent presque systématiquement les deux types d’espèces, parfois sur le même grain. L’identification visuelle reste donc délicate.

Les facteurs de risque agronomiques et climatiques varient selon le type de champignons

Pour Fusarium graminearum, le risque est fortement corrélé à la présence d’inoculum présent sur les résidus de cultures du précédent (maïs, sorgho). On peut aussi observer que sa présence est moindre les années avec des sécheresses courant montaison.

Pour Microdochium spp. l’inoculum n’est pas limitant : ce sont surtout les conditions climatiques qui vont avoir un impact.

Pour les deux types de champignons, les conditions de pluviométrie sont déterminantes :
→ Pour Fusarium graminearum, la période de contamination est courte, centrée sur la floraison.
→ Pour Microdochium spp., des contaminations peuvent avoir lieu tardivement, pendant la première phase de remplissage du grain. Microdochium spp. est plus présent les années avec un mois de mai frais et pluvieux.

Figure 1 : Schéma de contamination par Fusarium graminearum et Microdochium spp.

Figure 1 : Schéma  de contamination par Fusarium Graminearum et Microdochium spp.

Evaluer le risque de contaminations

Le risque de contaminations s’évalue a priori, en prenant en considération le précédent, le travail du sol et la sensibilité variétale (figure 2).

Il est très fortement lié aux cumuls de précipitations autour de la floraison. La période perturbée actuelle est donc particulièrement sensible pour les semis d’octobre et de novembre qui arrivent à ce stade. La décision d’intervenir spécifiquement sur cette maladie se prend au regard des cumuls de pluie tombés entre 7 jours avant et 7 jours après la floraison de la céréale (en cumulant la pluie déjà tombée et les prévisions météo).

Figure 2 : Grille d’évaluation du risque d’accumulation de DON (déoxynyvalénol) dans le grain de blé tendre et d’aide au traitement contre la fusariose sur épi (Fusarium graminearum)

Légende : recommandations associées à chaque niveau de risque
1 et 2 : le risque fusariose est minime et présage d’une bonne qualité sanitaire du grain vis-à-vis de la teneur en DON.
→ Pas de traitement spécifique vis-à-vis des fusarioses quelles que soient les conditions climatiques.
3 : le risque peut être encore minimisé en choisissant une variété moins sensible.
→ Traiter spécifiquement vis-à-vis des fusarioses en cas de climat humide (cumul de pluie > 40 mm pendant la période entourant la floraison).
4 et 5 : il est préférable d’implanter une variété moins sensible ou de réaliser un labour pour revenir à un niveau de risque inférieur. A défaut, effectuer un broyage le plus fin possible et une incorporation des résidus rapidement après la récolte.
→ Pour ces deux niveaux de risque, envisager un traitement spécifique vis-à-vis des fusarioses, sauf si le climat est très sec pendant la période de floraison (cumul de pluie < 10 mm pendant les +/- 7 jours entourant la floraison).
6 et 7 : modifier le système de culture pour revenir à un niveau de risque inférieur. Labourer ou réaliser un broyage le plus fin possible des résidus de culture avec une incorporation rapidement après la récolte sont les solutions techniques les plus efficaces et qui doivent être considérées avant toute autre solution. Choisir une variété peu sensible à la fusariose.
→ Traiter systématiquement avec un traitement * anti-fusarium efficace.

Figure 3 : Classement des variétés de blé tendre selon leur sensibilité au risque DON* (Fusarium graminearum) - échelle 2023/2024

Figure 3 : Classement des variétés de blé tendre selon leur sensibilité au risque DON* (fusariose graminearum) - échelle 2023/2024

Quelle protection mettre en place ?

Les traitements efficaces contre F. graminearum sont principalement des produits à base de prothioconazole, tébuconazole ou metconazole, utilisés début floraison à une dose suffisante (60 à 80 % de la dose homologuée minimum, selon le produit utilisé). Noter que parmi les solutions efficaces contre les Fusarium spp., il existe des différences marquées d’efficacité sur Microdochium spp. Une nuance qui peut s’avérer importante certaines années.

Le stade d’intervention est essentiel

Le premier facteur d’efficacité du traitement est son positionnement : il faut être le plus proche possible du début de la floraison de la céréale (stade correspondant à la sortie des toutes premières étamines).

Par ailleurs, nos essais ont mis en évidence que le volume de pulvérisation est plus important que le choix des buses ou le recours à d’éventuels adjuvants. Aussi, il est recommandé d’intervenir avec un volume d’eau minimal de 150 l/ha.

Parmi les substances actives les plus efficaces, le prothioconazole est la seule à disposer d’une polyvalence sur les principales espèces du complexe des fusarioses. D’autres spécialités à base de tébuconazole ou de metconazole permettent également de lutter efficacement contre F. graminearum, mais présentent un intérêt limité sur les espèces du genre Microdochium.

Il faut néanmoins rappeler que les meilleures protections fongicides ne dépassent pas, en moyenne, les 50 % d’efficacité. Il est donc primordial d’agir en amont, sur l’ensemble des leviers à disposition (choix variétal et travail du sol notamment), ne serait-ce que pour contrecarrer l’effet du climat, non maîtrisable et difficilement prévisible.

Tableau 1 : Efficacités des produits sur les maladies d’épis et du feuillage du blé

Tableau 1 : Efficacités des produits sur les maladies d’épis et du feuillage du blé

Une pression maladies du feuillage bien présente également

Rouille brune 

La maladie est en phase explosive sur blé tendre sur variétés sensibles à moyennement sensibles. Les blés durs sont aussi concernés sur certains secteurs. A surveiller attentivement.

​​​​​​​Symptômes de rouille brune sur blé tendre
Symptômes de rouille brune sur blé tendre

Source : ARVALIS

Septoriose 

Le risque est fort, l’inoculum est présent sur feuilles supérieures définitives. Les blés tendres sont concernés, à l’exception des semis tardifs (sauf sur variétés alternatives comme Valbona). En blé dur, le risque est largement plus contenu (attention aux variétés sensibles).

Helminthosporiose 

La maladie est présente. Les variétés sensibles comme LG Zebra ou KWS Borrelly présentent des symptômes bien marqués.

Symptômes d’helminthosporiose sur orge
Symptômes d’helminthosporiose sur orge

Source : ARVALIS

Rouille naine 

Le risque est en progression : surveillance indispensable sur variétés sensibles et dans les situations concernées.

Ramulariose 

Quelques premiers symptômes sont observés sur le feuillage supérieur.

Quelles sont les prévisions de stades ?

Tableau 2 : Dates prévisionnelles des stades dernière feuille étalée, épiaison et floraison sur blé tendre​​​​​​​

Tableau 3 : Dates prévisionnelles des stades dernière feuille étalée, épiaison et floraison sur blé dur

Tableau 4 : Dates prévisionnelles des stades floraison et grain laiteux sur orge

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