Protection des épis : le volume/ha, un paramètre plus déterminant que le type de buses
Pour améliorer l’efficacité des traitements anti-fusariose, le choix de buses qui offrent une bonne couverture de l’épi est tentant. Mais les essais d’ARVALIS montrent que c’est le volume d’application qui prime en protection des épis (150 l/ha au minimum).
Pour maîtriser la fusariose des épis du blé, le précédent, la gestion des résidus et le choix de la variété sont prépondérants. Quand le risque de contamination est très important, le traitement à la floraison est alors le dernier recours. Or à ce stade, l’épi érigé constitue une cible difficile à atteindre, les gouttelettes ayant un mouvement vertical.
Améliorer la couverture sans augmenter la dérive
Plusieurs techniques sont possibles pour améliorer la couverture d’une cible érigée. La plus simple est d’incliner le jet de la pulvérisation et « d’attaquer » la cible avec un angle pour atteindre l’ensemble de l’épi. La plupart des fabricants de buses ont développé et développent encore des buses dans cette optique.
La buse double fente constituerait donc une solution intéressante pour améliorer la couverture de l’épi : pulvériser avec un jet vers l’avant et un jet vers l’arrière permet de couvrir davantage une cible verticale et surtout d’augmenter la couverture de la face « arrière » de l’épi. Mais à volume/ha équivalent, ces buses génèrent des gouttelettes beaucoup plus fines qu’une buse classique, donc très sensibles à la dérive. Le moindre souffle d’air détourne la pulvérisation de sa cible.
Les buses à injection d’air, simples ou doubles fentes, règlent en grande partie le problème de dérive grâce à des gouttes de taille plus importante.
Un effet significatif du volume d’eau
Mais les essais réalisés par ARVALIS – Institut du végétal entre 2006 et 2009 n’ont pas mis en évidence d’effet significatif de ces différentes buses sur l’efficacité d’un traitement contre la fusariose des épis, ni au niveau de la quantité d’épillets fusariés, ni au niveau du taux de mycotoxines après analyse (figures 1 et 2).
Leur utilisation, dans leur plage de pression optimale, n’est pas déconseillée car une meilleure couverture de la cible est toujours bonne à prendre, mais l’augmentation de l’efficacité des traitements n’est pas certaine.
Figure 1 : Efficacités sur fusarioses et mycotoxines de quatre types de buses (fente classique, double fente classique, injection d’air simple ou double fente) à différents volumes de traitements (80 l/ha et 150 l/ha) (essais ARVALIS – Institut du végétal 2006)
Source : ARVALIS-Institut du végétal/Bayer CropScience
Jau + Tébuconazole 1 l (association prothioconazole et de tébuconazole) sur blé dur à épiaison (Boigneville, 91)
Figure 2 : Efficacités sur fusarioses et mycotoxines de trois types de buses (fente classique, buse miroir, double fente classique) à différents volumes de traitements (80 l/ha et 250 l/ha) (essais ARVALIS – Institut du végétal 2007)
Source : ARVALIS-Institut du végétal/Bayer CropScience
Jau + Tébuconazole 1 l (association prothioconazole et de tébuconazole) sur blé tendre à épiaison (Boigneville, 91)
En revanche, dans tous les essais, le volume/ha apparaît comme un facteur important dans l’efficacité : les volumes supérieurs ou égaux à 150 l/ha donnent de meilleurs résultats que des volumes plus réduits (80 l/ha), quelles que soient les buses utilisées.
Il est à noter également que, dans aucun essai, l’utilisation des buses injection d’air (grosses gouttes) n’a altéré l’efficacité de l’application par rapport à des buses classiques.
Quant au fait de passer en aller et retour à demi-dose, ce ne sera pas plus concluant que des buses double fente et cela représente du temps et du carburant en plus : cette technique est à proscrire.
Ainsi, pour sécuriser les applications sur épis, nous recommandons en priorité de maintenir les volumes à 150 l/ha minimum. Quant aux buses, mieux vaut privilégier les injections d’air double fente puisqu’elles ne dégradent pas l’efficacité et réduisent significativement la dérive. Dans tous les cas, il est bien sûr important de privilégier une hygrométrie la plus forte possible et des températures clémentes (5-20°C) permettant d'assurer une bonne efficacité des applications.
De nouvelles buses et des adjuvants à l’étude
De nouvelles buses à double jets asymétriques sont apparues sur le marché dernièrement. Des adjuvants au fort pouvoir rétenteur existent également et sont utilisables sur traitement des épis. Jusqu’ici non testées, ces deux technologies sont actuellement à l’étude par ARVALIS - Institut du végétal. Aujourd’hui et en l’absence d’autres résultats, le seul objectif en traitement fusariose est d’appliquer les produits avec un volume de 150 l/ha quelle que soit la buse utilisée.
À noter que ces résultats peuvent s’appliquer aux traitements contre les pucerons des épis, d’autant plus que les produits agissent par contact dans les deux cas.
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