Résultats d'enquête : quelles sont les espèces d'insectes les plus fréquentes dans les silos fermiers ?
Après l’enquête menée par ARVALIS à l’automne 2022, la deuxième campagne d’enquête effectuée en 2023 confirme que charançons du riz et silvains dentelés sont les insectes ravageurs des céréales stockées les plus répandus, en fréquence et en nombre, dans les silos fermiers en France.
Des agriculteurs-stockeurs répartis sur tout le territoire français ont accepté de participer à cette deuxième campagne d’enquête. Entre octobre et décembre 2023, ils nous ont fait parvenir 115 échantillons (74 de blé tendre et 41 d’orge). Chaque échantillon, de 3 kg, devait faire l’objet de prélèvements à différentes profondeurs (0-10 cm, 10-20 cm et 20-30 cm), dans une partie du stock considérée à risque pour les infestations.
A réception de l’échantillon, une première recherche d’insectes par tamisage a permis de dénombrer les formes libres (qui « courent » sur les grains). L’échantillon a ensuite été placé en incubation durant 42 jours à 25°C et 70 % d’humidité relative, afin de permettre aux formes cachées d’émerger et d’être détectées lors d’une seconde recherche.
92 % des échantillons de blé sont infestés
A réception, 23 % (vs 36 % en 2022) des échantillons de blé tendre se sont révélés sains, c’est-à-dire sans insecte visible. Après incubation, ils n’étaient plus que 8 % (vs 16 % en 2022) dépourvus d’insectes (figure 1). Des chiffres qui montrent un risque d’infestation encore significatif dans les stocks fermiers sur cette deuxième campagne d’étude.
En orges, 12 % des échantillons n’ont pas révélé d’insectes à réception, et un seul échantillon (soit 2,4 %) n’a fait l’objet d’aucune détection d’insectes après incubation (figure 2). En revanche, une part plus importante d’échantillons d’orges comporte des espèces primaires (63 % vs 40 % pour le blé).
Pour rappel, les insectes primaires, qui correspondent aux charançons et capucins, effectuent leur cycle à l’intérieur des grains. C’est pour cela qu’on parle de « formes cachées ». Par opposition, les insectes secondaires effectuent leur cycle de développement à l’extérieur du grain et ne s’attaquent pas aux grains entiers. On parle alors de « formes libres ». Dans cette deuxième catégorie, figurent notamment les triboliums, les silvains et les mycétophages.
Figure 1 : Répartition des échantillons de blé selon le type d’infestations observées à réception (formes libres) et après incubation (formes cachées) – enquête silos fermiers, récolte 2023, 74 échantillons
Figure 2 : Répartition des échantillons d’orge selon le type d’infestations observées à réception (formes libres) et après incubation (formes cachées) – enquête silos fermiers, récolte 2023, 41 échantillons
Une présence marquée d’insectes primaires dans l’orge, dès réception
Cette année, les blés analysés ont révélé le plus fréquemment, à réception, des silvains dentelés et des espèces mycétophages, respectivement dans 32 et 20 % des échantillons (figure 3). Après incubation, des charançons du riz ont été observés dans près d’un quart des blés.
Concernant les orges, on retrouve, comme sur les blés, des silvains dentelés à réception (44 % des échantillons), mais aussi une présence plus fréquente d’espèces primaires dès le premier tamisage : près d’un échantillon d’orge sur 5 comportait des charançons du riz ou des capucins des grains. Après incubation, 44 % comportaient des charançons du riz et 34 % des capucins des grains (figure 4).
Figure 3 : Espèces d’insectes détectées dans le blé (en fréquence) à réception et après incubation – enquête silos fermiers, récolte 2023, 74 échantillons
Figure 4 : Espèces d’insectes détectées dans l’orge (en fréquence) à réception et après incubation – enquête silos fermiers, récolte 2023, 41 échantillons
A noter que des psoques et acariens (mesurant moins de 1 mm, donc difficiles à détecter au tamis sans loupe) ont aussi été vus dans une part importante des échantillons de blés comme d’orges.
Des infestations plus marquées en l’absence de suivi de température du silo
Ces deux campagnes d’enquête ont permis d’analyser 195 échantillons (154 blés et 41 orges), avec une représentativité assez satisfaisante des bassins de production de céréales françaises (carte 1). Mais certaines régions de l’Ouest mériteraient d’être davantage représentées pour la troisième année d’enquête à venir.
Carte 1 : Répartition de la provenance des 195 échantillons analysés (récoltes 2022 et 2023)
A ce stade, ARVALIS a pu identifier de premiers liens entre risques d’infestations et pratiques de stockage décrites par les participants à l’enquête. Le suivi de la température semble être un facteur déterminant dans la gestion du risque : les échantillons infestés, à réception ou après incubation, proviennent souvent de sites où la température du stock n’est pas suivie (environ 25 % des sites enquêtés). Lorsque les grains sont nettoyés, on observe moins d’infestations en insectes secondaires et moins d’insectes vivants à réception dans les échantillons collectés.
Ces résultats incitent à renforcer le nettoyage des locaux de stockage et la surveillance des infestations.
Nettoyer les locaux et surveiller les infestations
En stockage fermier, la présence d’infestations résulte principalement de reliquats de grains ou de brisures, dissimulés dans les bâtiments de stockage, parfois difficiles à atteindre et à éliminer. Ces résidus sont des substrats possibles pour le maintien d’une population d’insectes d’une récolte à l’autre. Les grains issus de la nouvelle récolte ne peuvent être infestés à leur entrée. La biologie de ces insectes ne leur permet pas de passer l’hiver au champ.
Il est donc souhaitable de renforcer les points zéros par le nettoyage dans la mesure du possible, afin de faire baisser la pression en ravageurs en début de campagne, avant l’ensilage.
Lire aussi : « Nettoyer ses installations de stockage, un indispensable pour réduire la pression en insectes »
De plus, l’installation de pièges à insectes de type tubes perforés dans les grains est d’une précieuse aide pour anticiper ces détections sur sites, prévenir le développement d’éventuelles populations installées et dicter la gestion des lots stockés.
La répétition de cette enquête sur d’autres campagnes, ayant leurs spécificités en matière d’offre climatique sera intéressante pour déterminer les dynamiques d’infestations dans les silos fermiers français.
Insectes du silo est une web application gratuite, développée par ARVALIS avec la participation financière du compte d’affectation spéciale développement agricole et rural CASDAR*. Cette application est optimisée pour mobile, mais elle est également consultable sur PC. Une fois le raccourci installé sur votre smartphone, il est facile d’y accéder n’importe où, même en absence de réseau !
Dans cette application, trois chemins d’identification sont possibles :
l’utilisateur connaît l’espèce et recherche sa fiche via son nom,
l’utilisateur accède à un trombinoscope des espèces et clique sur la photo de l’individu observé,
l’utilisateur répond à différentes questions au travers d’une clé de détermination illustrée.
L’application comporte plus de 200 photos pour observer et apprendre à reconnaitre les espèces, ainsi que 27 fiches descriptives pour en savoir plus sur les espèces les plus fréquentes au silo (morphologie, biologie, conditions de développement). Pour chaque espèce parcourue, l’utilisateur obtiendra des conseils adaptés pour surveiller et maîtriser les proliférations de ces insectes.
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* La responsabilité du ministère chargé de l’agriculture ne saurait être engagée.
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