Récolte tardive en maïs : les clés pour trouver le bon compromis
Les ensilages se poursuivent dans toute la région ou commencent pour certains secteurs plus tardifs. La majorité des parcelles implantées la première quinzaine de mai pâtissent d’un climat qui ne favorise pas la dessication de la plante ou du grain – phénomène important pour celles semées début juin. Globalement, les chantiers de récolte seront plus tardifs pour deux raisons : les semis décalés, mais aussi les températures fraîches enregistrées certaines semaines en juin, juillet et courant septembre. Si je suis concerné, comment raisonner le déclenchement de l’ensilage ou de la récolte en grains
A partir de quelle humidité du grain récolter au plus tôt ?
Il est techniquement possible de récolter du maïs à partir de 38 % d’humidité du grain. Toutefois, à ce niveau-là, on s’expose à un risque d’écraser du grain. Par ailleurs, quelques grains ne pourront pas se détacher de la rafle, ce qui occasionnera une perte. A la récolte, ne pas avancer trop vite, ouvrir un peu le contre-batteur et réduire la vitesse du batteur.
Rappelons aussi que le poids de mille grains (PMG) atteint son maximum vers 32 % d’humidité du grain pour les dentés et 34 % pour les cornés. On préférera récolter à partir de 35 % d’humidité, dans la mesure du possible, pour ne pas trop impacter le rendement. Il manquera tout de même quelques quintaux mais l’essentiel du rendement est atteint (figure 1).
NB : Une récolte à humidité élevée coûtera bien plus cher en séchage car celui-ci sera plus long. Plus l’humidité des grains est élevée, moins il faut sécher fort.
Pour perdre 1 % d’H2O (base 6-30°C) :
- besoins de 10°C (de 60 % à 50 %) ;
- besoins de 15°C (de 50 % à 40 %) ;
- besoins de 22°C (de 40 % à 30 %).
Autres stratégies
En grain, il existe aussi la possibilité de récolter en fourrage selon les besoins et la demande.
En fourrage, la technique d’ajustement de la hauteur de coupe peut être utilisée pour précocifier la date d’ensilage en maintenant une bonne qualité pour le bétail.
Consultez l’article : « Récolte du maïs fourrage : qu'attendre d'une coupe haute ? »
Quels risques d’une récolte trop tardive ?
Côté agronomique
Verse : cette année particulièrement, les maïs sont grands et les insertions sont hautes, ce qui ajoute du poids sur la plante. De plus, l’enracinement n’est pas toujours optimal dû notamment aux conditions de semis peu idéales, ce qui fragilise la bonne tenue de la plante.
Concernant la culture suivante : pour rattraper une récolte de maïs grain tardive qui s’est déroulée en mauvaises conditions, le labour est quasiment indispensable avant d’implanter une céréale d’hiver. Ce labour sera à la fois bénéfique pour restructurer le sol et permettre l’enfouissement des résidus de maïs, ce qui limitera les sources de contamination des fusarioses sur le blé.
Le choix variétal de la céréale à paille devra être adapté impérativement : opter pour une variété précoce avec une bonne note de tolérance DON.
Consulter l’outil : Choix des variétés-ARVALIS
Exposition aux bioagresseurs
Sangliers : certains secteurs sont impactés plus que d’autres mais laisser la culture en place trop longtemps est aussi un risque de s’exposer à la présence de ravageurs comme les sangliers.
Fusarioses et mycotoxines (butyriques dans le cas de l’ensilage en conditions difficiles). Consultez l’article : « Qualité des maïs grain et fourrage : vigilance sur l’accumulation DON cette année ! »
Impact climatique : moins concerné dans la région mais à raisonner tout de même
Gel : pour les secteurs les plus dans les terres, il n’est pas impossible d’être confronté rapidement à cette problématique :
- Entre 2°C et 0°C, les tissus de la plante ne sont pas impactés. La plante fonctionne au ralenti mais si les températures redeviennent clémentes, le transfert et l’assimilation des réserves reprendront.
- De 0°C à -2°C, les feuilles sont endommagées, ce qui stoppe la photosynthèse, mais les éléments continueront d’être relocalisés dans le grain, à vitesse réduite.
- En dessous de -2°C, les plantes sont mortes. Tout est à l’arrêt. La plaque de transfert entre le grain et la rafle est lignifiée.
Pour le maïs fourrage :
- A 30 % de MS, ensiler dès que possible.
- A 27-28 % de MS, attendre un peu pour gagner quelques points de MS.
- A 25-26 % de MS, faire la même chose mais on ne pourra pas arriver à 30 %.
- A ce niveau de MS, il y a également un risque que des jus s’écoulent lors du tassement du silo. On peut considérer qu’un litre de jus contient 70 g de sucres. Etant donné cette teneur, les jus ne vont pas nuire à l’acidification du silo, mais le risque de perte est fort. Il faut donc chercher à retenir les jus : mettre de la paille sur la dalle du silo pour cela (= solution économique).
Ces indications sont également à relativiser avec la qualité sanitaire de la parcelle. Si des maladies sont développées, il vaut mieux ne pas trop attendre.
Côté maïs grain :
Il est préférable d’ensiler un maïs grain qui a gelé entre 50 et 40 % d’humidité du grain. Il ne pourra pas perdre suffisamment de points pour être récolté en grain. Dans ces cas-là, il faut intervenir rapidement, car le froid va diminuer la qualité de la partie tige-feuille, d’autant plus que le stade ensilage était déjà dépassé.
En novembre, on peut encore espérer qu’un maïs qui aura gelé à 40 % d’humidité pourra perdre jusqu’à 2-3 point par séchage naturel, à condition que la parcelle ne soit pas trop touchée par les pyrales (casse d’épis) et que la pression maladies ne soit pas trop importante (qualité sanitaire).
On considère que dès que la dépression commence à se former sur le grain (50 % d’humidité), le gel endommage les feuilles sans induire de grandes répercussions sur le rendement en grain.
Message rédigé par ARVALIS en concertation avec Agrial, la Coopérative Agricole de Bellême, NatUp et Sevépi
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