Qualité des maïs grain et fourrage : vigilance sur l’accumulation DON cette année !

Comment bien identifier les symptômes ?

Le climat, premier facteur de risque de contamination

Le climat froid (figure 1) durant le cycle de la culture et de début septembre retarde globalement l’arrivée des maïs aux stades de récolte optimaux :

• 32 % matière sèche plante entière en fourrage ;
• 32 % d’humidité du grain pour les maïs grains.

Dans ce contexte frais et humide durant le cycle, il faut être vigilant à la qualité sanitaire et au risque de développement de mycotoxines.

Les conditions climatiques normandes exposent les parcelles à deux champignons/toxines principalement (tableau 1 - encadré rouge).

NB : Attention ! Il s’agit d’optima. La croissance et la toxinogenèse se poursuivent au-delà de ces plages de températures.

Le risque climatique est bien présent cette année sur le territoire normand. Le risque réel dépend ensuite de l’état sanitaire des parcelles, de la variété et de la date de récolte.

Attention au cumul des facteurs aggravant le risque !

Les insectes foreurs augmentent le risque de contamination en DON car les dommages qu’ils causent sur les épis créent des voies d’entrée pour le champignon, favorisant ainsi sa propagation. Les parcelles les plus touchées sont par conséquent les plus à risque.

Le risque augmente en cas de variété sensible. L’enjeu variétal doit être pris en compte pour les classes agronomiques de risque DON les plus élevées : C, D et E.

Les synthèses des notations effectuées dans le réseau d’évaluation des variétés de maïs en post-inscription d’ARVALIS et partenaires sur leurs comportements vis-à-vis de F. graminearum sont actualisées tous les ans lorsque le nombre de données permet d’effectuer une classification fiable. Ces notations, issues de calculs pluriannuels, sont disponibles sur le site Varmaïs pour les variétés disponibles sur le marché français.

Une grille de décision cumulant les facteurs de risques 

Le risque « DON » varie de A (risque le plus faible) à E (risque critique pour lequel l’ancien seuil réglementaire – 1750 ug/kg) est dépassé dans 31 % des situations). (Roucou et al 2022 & Perspectives agricoles, septembre 2022).

Impact climatique 

• Le mois de mars est qualifié de « chaud » si la moyenne des températures maximales est supérieure à 14,5°C.
• En août, l’environnement est qualifié de « sec », « normal » ou « humide » si l’indicateur Pluie-ETP est respectivement inférieur à -92, compris entre -92 et -15,5, et supérieur à -15,5.
• En fin de cycle, le climat est considéré « chaud » si, 60 jours avant la récolte, la moyenne des températures maximales est supérieure à 26°C, avec une chaleur qui perdure les quatre semaines précédant la récolte, avec des températures maximales supérieures à 28°C au moins 3 jours.

Impact agronomique 

• La gestion des résidus est considérée comme insuffisante si précédent maïs et non labour ou pour tout autre précédent en cas de non-labour ni broyage des résidus.
• La date de récolte est considérée comme tardive à partir du 5 novembre en Normandie.
• La présence de foreurs est à estimer en fonction de la présence de larve dans la tige et/ou sur l’épi (risque assez faible cette année en Normandie d’après les observations du BSV).

Une réglementation qui a évolué et qui se durcit

Depuis 1^er juillet 2024, les seuils sont abaissés pour l’alimentation humaine !

A noter que, dans le cas de la toxine T2+HT2 , il existait auparavant une recommandation mais que dorénavant il s’agit bien d’un seuil maximal réglementaire.

Finalement, quand récolter ?

• Lorsque des symptômes de fusariose de l’épi sont installés, la récolte doit être entreprise au plus tôt pour limiter la progression de F. graminearum et la production de DON.
• Une stratégie préventive au champ consiste à cibler les parcelles dont la teneur en DON risque de dépasser le seuil réglementaire, afin d'adapter l’ordre des récoltes.
• Le jour de la récolte, il est important d’adapter la vitesse des chantiers et d’optimiser les réglages des machines de façon à garantir l’intégrité du grain sans nuire aux débits de chantier.

Message rédigé par ARVALIS en concertation avec Agrial, la coopérative Agricole de Bellême, la coopérative de Creully, Natup et Sevépi.