Ce mois-ci dans Perspectives Agricoles : pourquoi les conditions initiales de stockage sont-elles essentielles ?
« Des grains propres dans un silo propre » est le principe préalable à une bonne conservation des grains, rappelle Katell Crépon, en charge des travaux sur la qualité du stockage chez ARVALIS – Institut du végétal. Ensuite, tout repose sur un refroidissement rapide et ce, dès le début de la mise en silo.
Perspectives Agricoles : Quels sont les points de vigilance à la récolte ?
Katell Crépon : Afin d’éviter des pertes d’efficacité de la ventilation au stockage, les grains doivent être, autant que possible, exempts d’impuretés, telles que les brisures ou les balles. Avant tout, il faut veiller au bon réglage de la moissonneuse-batteuse pour les limiter. L’usage complémentaire d’un nettoyeur-séparateur est recommandé. Toutefois, ces efforts sont vains si le silo est sale. Il doit avoir été préalablement nettoyé et désinsectisé si nécessaire, en vérifiant la compatibilité des produits avec les cahiers des charges de certains débouchés. Il a été montré que le nettoyage et la désinsectisation limitent les risques d’infestation par la suite. D’autre part, une teneur en eau des grains supérieure à 14 % augmente les risques de détérioration de la qualité, notamment du fait de l’activité enzymatique.
P.A. : A quel moment convient-il de débuter la ventilation ?
K.C. : Il faut ventiler les grains dans le silo au plus vite, sans attendre que la cellule soit pleine. L’air insufflé doit avoir une température inférieure de 7 à 10°C à celle des grains. C’est le cas, le plus souvent, pendant la nuit. Dans les zones les plus chaudes, les périodes où cet écart de températures est atteint sont moins nombreuses. Il est alors d’autant plus important de disposer d’un contrôle automatique de la ventilation, afin de profiter au maximum de toutes les plages de température disponibles et de réduire les coûts. Le premier palier de refroidissement se termine lorsque les grains atteignent 18 à 20°C. L’objectif est d’arriver le plus vite possible à ce niveau pour éviter une détérioration de la qualité et limiter la présence des insectes, dont l’optimum de développement se situe entre 25 et 30°C.
P.A. : Peut-on ventiler par temps humide ?
K.C. : En cas de pluie ou de brouillard, il est a priori possible d’obtenir une ventilation efficace des grains. L’humidité de l’air insufflé doit être inférieure à 70 %, niveau généralement atteint, même en conditions extérieures humides, grâce au réchauffement intrinsèque au système de ventilation. Il est donc essentiel de s’assurer que la pression soit suffisante pour en bénéficier, ce qui peut être vérifié par la mesure de la température de l’air à la sortie du ventilateur. D’ailleurs, il conviendra de tenir compte de ce réchauffement lors du paramétrage du thermostat pour obtenir la différence de température souhaitée avec l’air extérieur.
P.A. : Comment mesurer efficacement la température des grains ?
K.C. : Pendant la période de ventilation, la surveillance des températures doit être quotidienne et se poursuivre régulièrement lors du stockage. Enregistrer l’évolution de la température des grains permet de s’assurer de l’efficacité de la ventilation ou de détecter toute anomalie. Le refroidissement de la cellule est progressif de bas en haut. La ventilation peut ainsi être arrêtée lorsque les grains situés en haut de la cellule ont atteint la température cible. A minima, une sonde de température doit être placée au sommet du silo, à une profondeur d’environ 30 cm, au niveau du regard de la chute des grains. Il est fortement recommandé de placer une autre sonde en bas du silo pour vérifier la température de l’air sortant du ventilateur, ainsi qu’une troisième en haut de cellule, excentrée et à distance de la paroi, afin de déceler toute hétérogénéité dans le refroidissement des grains.
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