Stockage des pommes de terre : l’éclairage LED au secours du verdissement
Eclairer les lieux d’entreposage des pommes de terre avec des LED vertes ou orangées peut contribuer à retarder le verdissement des tubercules.
Le verdissement des tubercules est le défaut le plus constaté lors de contrôle de qualité des lots mis sur le marché du frais. L’Arrêté du 3 mars 1997 relatif au commerce des pommes de terre primeur et de conservation ne tolère que 2 % en poids de tubercules verdis tant pour la catégorie I que pour la catégorie II. Aussi est-il primordial de limiter au maximum ce risque tout au long de la chaîne de production, du champ jusqu’au rayon.
La synthèse de chlorophylle, précurseur du verdissement
Issu d’un stolon, le tubercule possède toutes les caractéristiques d’une tige, et notamment celle de produire de la chlorophylle sous l’action de la lumière. Son développement dans l’obscurité du sol, au sein d’une butte de terre suffisamment épaisse, empêche la création de ce pigment à l’origine du verdissement. En cours de végétation, il peut apparaître si les tubercules affleurent trop le flanc des buttes. Le risque est en revanche accru dans toutes les étapes post-récolte qui sont susceptibles d’exposer directement les tubercules à la lumière.
Au-delà d’un simple problème de présentation, la synthèse de chlorophylle s’accompagne plus ou moins rapidement de la fabrication de solanine et autres glycoalcaloïdes. Ces composés détériorent la saveur et peuvent devenir toxique pour le consommateur à niveau élevé.
Une production étroitement liée au types de radiations lumineuses
Si l’augmentation des taux de chlorophylle et de solanine est proportionnelle à l’intensité lumineuse et à la durée d’exposition, la nature des radiations lumineuses joue aussi un rôle primordial : la chlorophylle est préférentiellement synthétisée dans deux bandes de longueurs d’onde correspondant au bleu et au jaune-rouge, alors que la solanine se forme principalement dans le bleu et l’ultraviolet (figure 1).
L’utilisation d’un éclairage LED monochromatique centré sur des longueurs d’onde peu favorables à la fabrication de ces deux composants pourrait donc présenter un avantage potentiel dans la réduction du risque de verdissement et de son cortège toxique.
Figure 1 : Spectre d’absorption de la chlorophylle
Source : https://www.astrolabe-science.fr/spectre-dabsorption-de-la-chlorophylle-avec-python/
Deux éclairages LED à l’essai
Pour vérifier cette hypothèse, ARVALIS a testé deux luminaires à LED sur son site de Villers-Saint-Christophe, dans l’Aisne, sur les deux variétés Nicola et Monalisa : un luminaire A-greenLed, produisant une lumière jaune-orangée, et un luminaire Korona, émettant une lumière verte. Ils ont été comparés à une lumière blanche produite par un néon, alors qu’un témoin était maintenu à l’obscurité durant toute la durée de l’expérimentation.
Les mesures des spectres lumineux ont bien montré les différences d’émission entre les trois sources d’éclairage, avec un centrage des deux luminaires étudiés dans la plage « neutre » de synthèse de la chlorophylle (figure 2).
Figure 2 : Eclairement des cellules et spectre lumineux correspondant
Après un éclairage continu des tubercules pendant plusieurs jours, les deux éclairages monochromatiques étudiés ralentissent très fortement le début de verdissement des tubercules. Avec le luminaire Korona, il aura fallu pratiquement attendre deux semaines pour constater un début de verdissement, tant pour Monalisa que pour Nicola (figure 3).
Figure 3 : Vitesse de verdissement observée sur les deux variétés Nicola et Monalisa
- Nicola
- Monalisa
Un plus sur la consommation énergétique
Les excellents résultats obtenus confirment l’intérêt d’utiliser ces luminaires LED à chaque fois que les tubercules sont soumis à un éclairage artificiel et autant que faire se peut tout au long de la chaîne de stockage, conditionnement, entreposage, transport et commercialisation si l’on souhaite minimiser les risques de verdissement.
Dans le contexte actuel de renchérissement du prix de l’énergie, s’ajoute un bonus à l’utilisation de ce type d’éclairage : il est globalement deux fois moins gourmand en électricité qu’un éclairage halogène traditionnel, à capacité d’éclairement comparable !
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