Orge de printemps : mieux vaut semer avant début avril maximum
Dans notre région, l’idéal est de semer l’orge de printemps entre le 15
Quel potentiel des céréales en semis tardif ?
La synthèse de nos essais régionaux donne une indication sur les potentiels de rendements atteignables en fonction des espèces de céréales et leur date de semis. Quelle que soit la céréale, le potentiel de rendement d’un semis réalisé au printemps est réduit en moyenne de 40 % par rapport à celui positionné à l’automne (figure 1).
Figure 1 : Potentiel de différentes céréales semées en hiver et au printemps (fin février à mi-mars) en limon – Bignan (56)
Quant aux potentiels atteignables par différentes espèces pour des semis de printemps (de fin février à mi-mars) dans des sols de limons (figure 2), l’orge de printemps offre des niveaux de productivité supérieurs aux autres céréales.
Figure 2 : Potentiel de différentes céréales semées au printemps (fin février à mi-mars) en limon
Un semis après le 20 mars : quelles conséquences physiologiques ?
Le semis d’une orge de printemps à des dates ultérieures au 20 mars n’est pas sans conséquence.
Un semis tardif début avril au lieu de fin février/début mars engendre un recul de la date d’épiaison d’environ dix jours et un raccourcissement du cycle d’environ vingt jours. Le risque d’échaudage des grains au cours de la phase de remplissage est donc accru, il peut en résulter une perte de rendement.
Une pénalisation de la capacité de tallage de l’orge est également à craindre, ce qui peut aboutir à une diminution du nombre d’épis potentiels/m². Cette composante de rendement ayant une corrélation forte avec le rendement final, il est préconisé d’augmenter les densités de semis pour pallier cet inconvénient (tableau 1).
Tableau 1 : Densités de semis des orges de printemps conseillées en fonction du type de sol et des conditions de semis
Mieux vaut éviter de semer dans l’urgence
La date de semis est conditionnée par la date de ressuyage des sols et la possibilité d’exécuter une préparation superficielle en un minimum de passages. À la suite de l’hiver humide que nous avons eu, il est souvent bénéfique d’attendre un ressuyage correct du sol plutôt que de vouloir semer à tout prix. L’ordre des parcelles à semer doit être déterminé en fonction de ce critère. Une orge mal implantée sera beaucoup plus sensible aux accidents climatiques à venir. Le cumul printanier de pluies entre le semis et l’épiaison est un facteur déterminant pour l’atteinte du potentiel de rendement de l’orge de printemps. A l’heure actuelle, il est trop tôt pour se positionner en tendance sur les conditions climatiques à venir. Si les semis ne peuvent pas s’effectuer d’ici début avril, il serait raisonnable de privilégier l’implantation d’une autre culture.
Des résultats techniques à compléter par une analyse économique
Compte tenu de ces potentiels atteignables, on peut se livrer à une analyse économique rapide pour évaluer l’intérêt de semer ou pas une céréale plutôt qu’une autre culture de printemps. Le tableau 2 a valeur d’exemple, les chiffres sont à ajuster en fonction du contexte de chacun.
Tableau 2 : Marges semi-directes potentielles par culture compte tenu des hypothèses de rendement accessible en semis tardifs en Bretagne, des hypothèses de prix de vente et de charges associées à la production
Marge semi-directe = Chiffre d’affaires + aides couplées + aides découplées - intrants (engrais + semences + phytos + séchage) - Charges irrigation – Mécanisation
L’intérêt de maintenir une céréale de printemps dans l’assolement repose aussi sur les besoins en paille. Le produit paille n’a pas été intégré dans les calculs ci-dessus. On peut estimer le potentiel de production en paille réduit de l’ordre de 40 % par rapport au rendement en paille de la même céréale semée en hiver, ce qui représente également une forte baisse des volumes récoltés à l’hectare (2 à 2,5 t/ha).
Au-delà de la marge par culture, il faut également intégrer l’équilibre de l’assolement, la diversification des cultures permettant de répartir les risques en cas d’accident climatique (manque d’eau au printemps par exemple) ou sanitaire.
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