Mildiou de la pomme de terre : l’importance de la prophylaxie pour limiter les contaminations

Avec les températures douces de cette année, dès que l’hygrométrie augmente, les conditions sont souvent favorables aux contaminations des pommes de terre par le mildiou. Dans ce contexte, les bonnes pratiques de protection, qui visent à resserrer les cadences de traitement en pousse active et à respecter les délais de séchages, ont été difficiles à mettre en œuvre. Du mildiou est rapidement apparu au sein des parcelles, malgré des interventions raisonnées.

Un monitoring a donc été initié très tôt cette année pour suivre l’évolution des souches de mildiou sur notre territoire. Sur des prélèvements réalisés en mai et juin, nous observons une large majorité de souches 36_A2 (80 %) comme en 2023. Cette souche est bien connue pour être agressive et a engendré des contaminations précoces, surtout quand la prophylaxie est restée insuffisante :

• Mauvaise gestion de tas de déchets avec repousses mildiousées.
• Repousses de pommes de terre dans les cultures suivantes, qui n’ont pas été gérées avec l’hydrazide maléique.
• De nombreuses parcelles plantées avec des variétés sensibles au mildiou.

Une meilleure prophylaxie aurait limité le mildiou précoce dans les champs.

Au-delà de cette prophylaxie, il convient d’avoir la meilleure stratégie pour éviter l’apparition de souches résistantes au sein des parcelles. La majorité des souches ne présentent pas de résistances, mais nous observons une petite proportion de souches résistantes aux CAA (5 %). A cette date, la cartographie des souches peut encore évoluer pour la campagne ! Pour limiter leur progression, il convient de continuer à respecter les recommandations diffusées au printemps.

Lire aussi : « Lutte contre le mildiou de la pomme de terre : nos préconisations pour la campagne 2024 »

Alterner les fongicides pour prévenir des résistances

Les CAA (solutions à base de mandipropamide, valifenalate ou dimétomorphe) sont efficaces sur la majorité des souches. Mais il est indispensable de continuer à les appliquer en alternant strictement ce mode d’action avec d’autres et en ne les appliquant pas solo pour rester performant quelles que soient les souches présentes en forte pression de maladie.

Tableau 1 : Composition et modes d’action des fongicides utilisables contre le mildiou en pomme de terre

En présence de mildiou déclaré, l’application de solutions à base de CAA ou d’oxathiapiproline est fortement déconseillée. L’association de contact élaboré avec du propamocarbe et du cymoxanil est à privilégier, avec des cadences à 3 jours sur 2 passages (exemple : Proxanil + Ranman Top ou Reboot + Sporax ou Sporax + Cymbal 45 + Ranman Top).

Bien identifier le mildiou

Le mildiou engendre de la sporulation blanche. Il est possible d’observer ce feutrage blanc face inférieure de la feuille, notamment en présence de rosée matinale. Lorsque l’hygrométrie disparaît, il est plus difficile de discerner le mildiou. Il est donc important de regarder aussi en face supérieure de la feuille si un halo de couleur vert clair, bordant la nécrose, est présent. Ce dernier est caractéristique du mildiou sur feuillage.

Nécrose et halo vert clair typique du mildiou

Dans quelques parcelles, certaines zones décrochent brutalement (sénescence rapide en 3-4 jours). Le mildiou n’en est pas forcément la cause. En effet, à la suite des fortes températures et en lien avec les problèmes de nutrition (tassement, carences) des symptômes de sénescences prématurée liés à des champignons du sol peuvent s’observer (dartrose, verticilliose…). Ces champignons s’attaquent aux systèmes racinaires et les plantes fanent rapidement.

Préparer la campagne 2025 dès maintenant !

• Une bonne prophylaxie est un préalable indispensable à une campagne 2025 plus sereine même si le climat est à nouveau favorable au mildiou. Cela passe, entre autres, par l’application d’hydrazide maléique sur pomme de terre de consommation pour limiter les repousses dans les cultures suivantes.
• Bâcher les tas de déchets avant les plantations 2025.
• Utiliser des variétés moins sensibles en parcelle dans la mesure du possible.

Tant que l’on attendra collectivement l’arrivée du mildiou au printemps pour s’en préoccuper, nous resterons à la merci du climat et nous donnerons au mildiou un temps d’avance pour permettre son évolution et le contournement de nos méthodes de lutte.