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L’avoine à chapelet, une vivace à gérer au printemps

L’avoine à chapelet est une vivace observée dans les systèmes d’élevage de l’ouest, notamment dans l’Ille-et-Vilaine, les départements limitrophes, et pourrait se développer dans d’autres secteurs. Face aux difficultés parfois rencontrées pour maîtriser cette adventice, voici quelques préconisations pour optimiser les interventions.

Inflorescence de l’adventice avoine à chapelet

Biologie de la vivace à bulbilles

L’avoine à chapelet est une vivace ayant la particularité de présenter des bulbilles, organes de réserve, à la base de la plante. 

avoine à chapelet

L’espèce se développe majoritairement par voie végétative. La répartition des taches dans la parcelle peut se faire de manière allongée – dissémination par le travail du sol – ou en taches diffuses.

Vue aérienne : taches allongées indiquant la présence d’avoine à chapelet dans une dérobée de ray-grass
Vue aérienne : taches allongées indiquant la présence d’avoine à chapelet dans une dérobée de ray-grass.

A l’automne, des entre-nœuds se forment à partir des bulbilles pour ensuite atteindre la surface du sol et générer une pousse feuillée. De nouvelles bulbilles se forment rapidement à la base de ces tiges. Au cours de l’hiver, les plantes continuent à former de nouvelles pousses. C’est au début du printemps que l’adventice redémarre rapidement pour développer ces nouvelles chaînes de bulbilles. La vivace va dans le même temps accumuler des réserves dans ces organes souterrains.

Tiges avec feuilles sous forme de « touffes » de plus ou moins grandes tailles ou isolées
Tiges avec feuilles sous forme de « touffes » de plus ou moins grandes tailles ou isolées.
Connexion entre d’anciens bulbilles appauvries et de nouvelles bulbilles fraîchement formées concentrant les réserves à partir de la photosynthèse de la partie foliaire
Connexion entre d’anciens bulbilles appauvries et de nouvelles bulbilles fraîchement formées concentrant les réserves à partir de la photosynthèse de la partie foliaire.
Les tiges peuvent avoir à leur base des chaines de bulbilles d’un à plus de quatre
Les tiges peuvent avoir à leur base des chaînes de bulbilles d’un à plus de quatre.

Les moyens de lutte

L’avoine à chapelet est bien adaptée au système blé-maïs, notamment au cycle de la culture d’hiver. Même en labourant avant la céréale d’hiver, les bulbilles gorgées de réserves enfouies en profondeur peuvent émettre des entrenœuds capables d’atteindre la surface. Le labour d’automne n’est donc pas efficace.

Toutefois, la croissance des entre-nœuds jusqu’à la surface au cours de l’hiver contribue à épuiser les réserves qui sont ainsi affaiblies en sortie d’hiver. La partie aérienne émergeant de ces entre-nœuds a pour objectif de remplir à nouveau les réserves au cours du printemps.

A l’interculture

Ainsi, des déchaumages de sortie d’hiver couplés à une destruction chimique pour détruire les parties aériennes, ou bien un labour avant le maïs, permettent de détruire en partie ou d’enfouir ces bulbilles amoindries en réserve. Affaiblies, ces bulbilles n’arriveront pas à émettre des nouvelles pousses jusqu’à la surface. La durée de vie de ces organes est de 2-3 ans. En cas d’enfouissement par le labour de printemps, il faudra donc privilégier un travail superficiel par la suite pour ne pas remonter trop rapidement ces organes à la surface.

Les systèmes blé-maïs avec dérobée peuvent favoriser ce type d’adventices. Durant la dérobée, en l’absence de travail du sol et de lutte chimique, l’avoine à chapelet dispose du temps suffisant pour accumuler des réserves avant la récolte de la dérobée. Dans ces situations, où l’adventice devient problématique, il faut se réserver l’option de ne pas mettre de dérobée pour gérer au mieux l’adventice durant l’interculture de début de printemps.

Vigilance à ne pas fragmenter les bulbilles s’ils en sont pas contrôlés ensuite. Si une chaîne de bulbilles est sectionnée en deux, la plante génère au moins deux fois plus de bulbilles. Aussi, le travail superficiel au printemps doit être complété par du désherbage chimique (ex. : glyphosate avec adjuvantation sur adventices bien développées) ou par un enfouissement par le labour pour contrôler les bulbilles fragmentées par le travail en surface.

En culture

Dans la culture d’hiver, les antigraminées de sortie d’hiver systémiques contrôlent partiellement l’adventice et limitent sa nuisibilité, ainsi que la formation de réserves ; mais ils ne l’éliminent pas. La stratégie la plus adaptée pour freiner l’adventice : deux passages d’antigraminées foliaires + huile, espacés de trois semaines, à base de clodinafop (Toundra, Celio…) et/ ou pinoxaden (Axial Pratic).

À retenir

> Une adventice à bulbilles adaptée au système d’élevage
Dans la culture d’hiver ou la dérobée :
- Emission des entre-nœuds et feuilles durant l’automne-hiver à partir des réserves contenues dans les bulbilles.
- Régénération des réserves courant du printemps.

> Recommandations pour la gestion de cette vivace
- Labour d’automne inefficace.
- Destruction des feuilles en sortie d’hiver et enfouissement des bulbilles pauvres en réserves.
- Travailler superficiellement le sol par la suite pendant deux-trois ans (labour occasionnel).
- Vigilance à ne pas fractionner et disséminer les bulbilles s’il n’y a pas derrière un désherbage efficace pour contrôler les nouvelles émergences.

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