Fusarioses de l’épi sur blés : quelle protection prévoir en cas de risque ?

Les fusarioses peuvent pénaliser de manière importante le rendement et la qualité des grains. Derrière ce nom de maladie se cache en réalité une multitude de champignons. Deux types se rencontrent plus fréquemment dans notre région : Fusarium graminearum, qui peut entraîner un effet négatif sur la qualité des grains (production de mycotoxines DON) ; et Microdochium spp., responsable de symptômes plus spectaculaires que graves. C’est donc le premier type qui guide une prise de décision.

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Surveiller les pluies autour de la floraison

Après les pluies abondantes et régulières de mars - avril qui ont pu favoriser la maturation des périthèces, formes de survie du champignon sur les résidus de cultures, le risque déterminant de contaminations est aujourd’hui sous la dépendance des précipitations à venir. Plus il pleut dans les sept jours autour de la floraison, plus ce risque est élevé. Ce délai de sept jours correspond en moyenne à la durée entre l’épiaison et le début de la floraison.

Concernant le risque Fusarium graminearum et donc celui d’accumuler des DON dans les grains, toutes les parcelles ne présentent pas le même risque de contamination. Une intervention ne doit donc pas être systématique mais évaluée en fonction du risque à la parcelle et de la pluviométrie à l’approche de la floraison.   

L’analyse de risque se base d’abord sur la grille d’évaluation agronomique d’accumulation du déoxynivalénol (DON) transmise par Fusarium graminearum dans le grain de blé tendre (tableau 1). Le risque a priori à la parcelle (note de risque croissant de 1 à 7) est déterminé en fonction de la rotation, du travail du sol et de la gestion des résidus, et de la sensibilité de la variété aux fusarioses (figure 1). La décision d’intervenir spécifiquement sur cette maladie de l'épi dépend ensuite du cumul de pluie autour de la floraison.

Tableau 1 : Grille d’évaluation du risque d’accumulation du déoxynivalénol (DON) dans le grain de blé tendre et d’aide au traitement contre la fusariose sur épi (Fusarium graminearum)

La grille blé tendre estime le risque de 1 (risque DON le plus faible), à 7 (risque DON le plus fort).
Une variété est dite sensible si sa note d’accumulation en DON est inférieure ou égale à 3,5 et elle est dite peu sensible si cette note est supérieure à 5,5.
T = parcelles conseillées au traitement.

Figure 1 : Sensibilité des variétés au risque DON (Fusarium graminearum) - échelle 2023/2024

Dans le respect de cette grille de risque, une note de 1 ou 2 indique un risque faible en toutes circonstances. C’est le cas d’un blé de variété Chevignon assolé derrière un colza ou une céréale , après un labour ou des résidus enfouis, quelle que soit la pluviométrie à venir. A l’extrême une note de 6 ou 7 entraîne un risque élevé en toutes circonstances. C’est le cas de toutes les variétés sensibles implantées derrière un maïs fourrage sans labour.

Un risque de flore mixte

Si la pluie autour de la floraison favorise l’ensemble des fusarioses, la proportion entre Fusarium graminearum et Microdochium spp. est quant à elle plutôt déterminée par les températures. Plus elles sont élevées au moment des contaminations, plus F. graminearum est favorisé (températures efficaces entre 19 et 29°C), tandis que Microdochium spp. se développe mieux en cas de températures plus fraîches (températures efficaces entre 12 et 21°C). Microdochium peut également attaquer d’autres organes comme les feuilles, mais sa présence sur feuillage n’implique pas sa présence automatique sur épi. Attention, alors, à ne pas le confondre avec des taches physiologiques. A noter que même dans le cas où le climat favorise Microdochium spp., F. graminearum est souvent également présent.

Dans le contexte actuel, il n’est donc pas exclu qu’une flore mixte puisse se développer dans les parcelles. 

Soigner les interventions

En cas de risque de flore mixte, en plus des solutions efficaces sur les espèces Fusarium (tébuconazole, metconazole), la protection des parcelles doit également contenir des matières actives efficaces sur Microdochium spp. (prothioconazole). Pour la protection de l’épi, les solutions associant prothioconazole et tébuconazole de type Prosaro ou Kestrel sont à privilégier.

La première condition d’efficacité du traitement est son positionnement par rapport au stade de la parcelle. En flore mixte, comme c’est possiblement le cas cette année, mieux vaut privilégier une application début floraison comme pour F. graminearum.

Pour se repérer, il est judicieux d’observer les zones les plus précoces de la parcelle, les étamines apparaissent souvent dans les passages de roues un ou deux jours plus tôt. Dès qu’elles y sont visibles, on peut donc programmer le traitement dans les deux à quatre jours suivants, dès que les conditions climatiques sont favorables pour sa réalisation.

Du point de vue de l’application, le volume d’eau doit être au minimum de 150 l/ha, quelles que soient les buses utilisées. Nos essais ont montré que le volume de bouillie est plus important que le choix des buses ou le recours à d’éventuels adjuvants. A noter néanmoins que les meilleures protections fongicides ne dépassent pas 50 % d’efficacité et ce, dans les conditions optimales d’application.