Fertilisation azotée du blé dur : raisonner les apports en fonction de la date de semis
Il est recommandé d’apporter la dose d’azote sur blé dur en deux, trois ou quatre fois. Un tel fractionnement assure une meilleure valorisation des engrais. Le calendrier des apports va dépendre de la date de semis.
Le fractionnement doit prendre en compte plusieurs facteurs. En premier lieu, il dépend de la dose totale : plus elle est importante, plus le fractionnement a d'intérêt. Les stades de la culture constituent également un critère : les besoins en azote sont plus importants de début montaison à floraison. Enfin, le climat est déterminant : au moins 15 mm de pluie dans les 15 jours suivant l’apport conditionnent sa valorisation optimale. Au global, un compromis stades et climat doit être fait pour maximiser les chances de valorisation des apports, tout en s’approchant des stades-clés (épi 1 cm et dernière feuille étalée).
15 mm de pluie nécessaires après l'apport
Une analyse climatique des probabilités de pluie permet d’identifier les périodes particulièrement difficiles dans la valorisation des apports d’azote. Ainsi, la période du 1er au 18 mars est problématique, car peu propice en tendance à cette valorisation. Elle correspond pourtant à l’apparition du stade épi 1 cm sur des dates de semis classiques. Une anticipation des apports est donc à envisager.
Tableau 1 : Probabilité d’observer plus de 15 mm de pluie dans les 15 jours suivant
Voici les recommandations par cas-type :
Figure 1 : Calendrier prévisionnel des différentes hypothèses de date de semis – En Crambade (31)
Pour les semis de fin octobre et début novembre
- Si un apport tallage a été réalisé, le manque d’azote n’est pas une problématique immédiate. Il n’y a pas d’urgence pour l’apport suivant. Attendre des pluies à partir du 20 février pour apporter l’azote début montaison. Cela permettra d’anticiper le stade épi 1 cm de 15 à 20 jours en évitant de se placer dans la période en tendance peu favorable à la valorisation des apports (du 1er au 18 mars).
- Si aucun apport n'a été réalisé, il faut profiter de tous les épisodes pluvieux significatifs pour anticiper l'apport de début montaison. Cela permettra d’anticiper le stade épi 1 cm de 20 à 30 jours en évitant de se placer dans la période en tendance peu favorable à la valorisation des apports (du 1er au 18 mars). On pourra associer du soufre à cet apport.
Pour les doses supérieures à 80 kg N/ha, l’apport épi 1 cm peut être fractionné en deux, avec 15 à 20 jours d’intervalle (apports 2 et 3 sur la figure 1).
Pour les semis de fin novembre
- Si un apport tallage a été réalisé, le manque d’azote n’est pas une problématique immédiate. Il n’y a pas d’urgence pour l’apport suivant. Attendre le stade épi 1 cm et intervenir dès que des pluies sont annoncées après le 15 mars.
- Si aucun apport n’a été réalisé, passer directement à l’apport début montaison (apport 2 – figure 1) en profitant de pluies significatives avant la période en tendance peu favorable à la valorisation des apports (du 1er au 18 mars). Le stade épi 1 cm étant prévu autour du 20-25 mars, il n’y a pas encore d’urgence : il est possible d’attendre fin février pour intervenir avec de nouvelles pluies.
Pour les semis de fin décembre et janvier
Aucun apport n’a encore été réalisé, la culture étant difficilement en train de développer ses premières feuilles. Dans ces situations, les stades vont s’enchaîner très rapidement, pour finir avec une date de récolte pratiquement peu impactée par rapport à des semis de fin octobre. En revanche, les potentiels de rendement seront impactés, de -10 à -25 % selon les conditions de l’année. Il convient donc d’ajuster la fertilisation en abaissant la dose totale et en la fractionnant en deux ou trois apports :
- Réserver toujours 40 à 70 kg N/ha pour l’apport de fin de cycle selon le potentiel prévu et la variété (tableau 4).
- Le premier apport (apport 2 – figure 2) peut s’effectuer 10 à 15 jours avant le stade épi 1 cm prévu entre le 1er et 10 avril, soit après le 15 mars, dès que des pluies significatives seront annoncées.
Retrouvez les doses totales prévisionnelles en fonction des objectifs, précédents et type de sol dans des systèmes sans apport de matières organiques. Les calculs prennent en compte la pluviométrie depuis le semis et sont réalisés pour des variétés avec des besoins unitaires de 3,7 kg N/q (Anvergur, Miradoux…) avec deux pluviométries possibles entre le 1er octobre 2021 et le 1er mars 2022 : 280 mm (tableau 2) et 330 mm (tableau 3).
Les doses indiquées ne sont que des repères, l’idéal est de les calculer à la parcelle.
Tableau 2 : Dose X pour 280 mm de pluie du 01/10 au 01/03 (Toulouse, En Crambade, Montans, Auch) pour la variété Miradoux ou Anvergur (bq = 3,7)
Tableau 3 : Dose X pour 330 mm de pluie du 01/10 au 01/03 (Carcassonne, Castelnaudary) pour la variété Miradoux ou Anvergur (bq = 3,7)
Quid de la dose de réserve ?
Réserver 40 à 70 unités à sortie dernière feuille selon les variétés et les potentiels pour assurer la teneur en protéines (tableau 4). Cette dose de réserve est incluse dans la dose totale.
Tableau 4 : Dose de réserve selon la variété et le potentiel
Etant donné les pluies cumulées depuis début octobre (entre 270 et 330 mm selon les situations), un apport de soufre est conseillé sur les sols superficiels et moyens. En sol profond, le risque reste modéré.
La dose préconisée est autour de 20 à 40 u. Aller au-delà de 50 u n’a aucun intérêt pour la plante (pas d’amélioration du rendement et de la qualité).
Toutes les formes de soufre sont équivalentes à quantité apportée (sous forme de SO3) égale.
À réaliser en même temps que l’apport azoté à épi 1 cm.
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