Fertilisation azotée des céréales : attendre mi-février pour décider
Les céréales sont bien implantées et présentent un bon développement. Voici quelques recommandations pour décider sereinement de la conduite à tenir sur la fertilisation azotée au cours du tallage.
Les semis d’octobre, réalisés dans de bonnes conditions, présentent actuellement un développement satisfaisant. Les céréales sont en plein tallage avec une croissance très satisfaisante, voire parfois excédentaire. Les efficacités des désherbages d’automne sont bonnes et les parcelles sont globalement propres.
Les semis de novembre, minoritaires, présentent toujours un certain retard, du fait de leur croissance en conditions fraîches (cumul de températures depuis les implantations inférieur à la médiane). Dans les sols limoneux sensibles à la battance, ces semis tardifs ont souffert des pluies abondantes de fin décembre – début janvier survenues à un stade jeune, plus vulnérable. Les limaces et les taupins ont localement fait des dégâts dans ces situations moins poussantes. Enfin, les parcelles semées les plus tardivement n’ont pas pu être désherbées à ce jour.
Le retour du temps sec depuis mi-janvier a bien assaini les parcelles : actuellement, les cultures ne marquent pas de symptômes d’asphyxie liés à l’excès d’eau hivernal.
Les semis d’octobre sont bien implantés avec un tallage abondant, on n’observe pas de jaunissements liés à l’excès d’eau cette année.
Quand positionner le premier apport d’azote cette année ?
Dans le contexte économique actuel, et compte tenu du prix des engrais, il est essentiel de valoriser au mieux chaque unité fertilisante apportée.
Les recommandations 2022 :
- Estimer le plus précisément possible le reliquat d’azote minéral du sol, en ayant de préférence recours une analyse de terre. Celle-ci doit être réalisée sur toute la profondeur d’enracinement et pas uniquement sur le premier horizon. Au regard des pluies cumulées depuis le 1er septembre 2021 (entre 200 et 360 mm selon les secteurs de la région, niveau inférieur aux valeurs médianes), on peut estimer que le reliquat d’azote se situe pour le moment à des valeurs légèrement supérieures à la moyenne pluriannuelle. Les résultats des analyses en cours permettront d’ajuster plus précisément cette estimation.
- La date réglementaire du 1er février n’est pas un seuil technique pour déclencher les apports. A noter : dans les parcelles où des bandes double-densité ont été judicieusement installées, on ne note pas de décoloration à ce jour. L’année n’est pas précoce, le stade épi 1 cm n’est pas attendu avant mi-mars.
Au vu des conditions de l’année, on peut distinguer deux situations :
- Les semis d’octobre, qui sont bien développés, avec parfois un tallage déjà excédentaire, sont actuellement bien alimentés en azote et se satisferont des fournitures du sol au moins jusqu’à fin février. Leur enracinement, déjà bien installé, explore 80 % du profil de sol exploitable. Ils ont capacité à absorber l’azote minéral qui a migré dans les horizons profonds. Dans ces situations, le premier apport d’azote est à programmer à proximité du stade épi 1 cm et, dans tous les cas, pas avant fin février.
- Les semis de novembre-décembre, beaucoup moins avancés et parfois plus chétifs, ont actuellement des besoins faibles. Leur appareil racinaire n’a pas encore colonisé tout le profil de sol. Aussi, leur capacité à valoriser l’azote des horizons profonds dépendra des épisodes pluvieux à venir. Pour ces parcelles, il convient d’attendre mi-tallage pour décider ou non d’un apport précoce.
Figures 1 et 2 : Profil en azote du sol pour un semis de mi-octobre (à gauche) et de mi-novembre (à droite)
Répartition du stock d’azote minéral dans le sol à trois dates : 15/11 = courbe bleue ; 15/12 = courbe rouge et 15/01 = courbe verte. Le losange représente à chaque date la profondeur de sol explorée par les racines pour deux dates de semis (mi-octobre et mi-novembre).
Les orges de printemps semées fin novembre/mi-décembre atteignent à l’heure actuelle le stade 2/3 feuilles. Comme les autres céréales semées tardivement, il sera nécessaire d’accompagner leur croissance avec un apport de 40-50 kg N/ha au tallage et le complément de dose à l’approche du stade épi 1 cm. Pour accompagner les situations favorables (objectif : affiner le potentiel de rendement pas facile à établir actuellement), il sera possible d’utiliser le N-tester pour ajuster la dose nécessaire. Il faut dans ce cas mettre en place une bande sur-fertilisée fin tallage - début montaison pour réaliser un diagnostic plante à 1 nœud.
Des messages seront régulièrement diffusés sur la conduite à tenir à chaque période-clé au cours de la campagne afin de vous accompagner dans ce pilotage « sur-mesure ».
Message rédigé par ARVALIS - Institut du végétal en concertation avec Agrial, Bernard Agri-Services, le CAPL, la CAVAC, la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire, Les établissements Hautbois, Soufflet Agriculture
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