Fertilisation azotée du blé : des essais probants pour les nouveaux engrais
Les nouvelles formes d'engrais azotés, formulés avec des additifs, sont testées par ARVALIS - Institut du végétal sur blé tendre et blé dur depuis quelques années. L’intérêt des urées additionnées de NBPT se confirme sur le plan des rendements et des teneurs en protéines du grain. Retour sur les résultats obtenus avec les dernières innovations.
La profession agricole réfléchit depuis plusieurs années aux moyens de réduire les quantités d’engrais azoté apportées sur les cultures, tout en garantissant, voire en augmentant les niveaux de production à l’hectare. L’apparition sur le marché de nouvelles formes d’engrais, plus efficaces que les formes traditionnelles, constitue une des solutions pour atteindre cet objectif. C’est pourquoi ARVALIS - Institut du végétal teste dans son réseau d’essais plusieurs nouvelles formes d’engrais commercialisés depuis 2012, en comparaison avec les références ammonitrate, urée granulée et solution azotée. Ces solutions se classent en plusieurs catégories selon leurs propriétés technologiques et agronomiques. Leurs fonctionnements se distinguent notamment en deux types : une action sur l’azote apporté par l’engrais (par exemple urée additionnée d’inhibiteur d’uréase) ou un effet biostimulant sur le métabolisme la plante.
Résultats positifs pour les urées additionnées d’un inhibiteur d’uréase
Dans la catégorie « urées additionnées d’un inhibiteur d’uréase », quatre produits disponibles sur le marché ont étés évalués :
- NexenTM (Koch Fertilizer Products SAS, commercialisé et testé depuis 2012),
- Utec© 46 (Eurochem Agro France, commercialisé à partir de 2014 et testé depuis 2013),
- Novius© (In Vivo, commercialisé à partir de 2014 et testé depuis 2015),
- Urée + Limus© (BASF, probablement disponible au printemps 2017, en test depuis 2014 dans nos essais).
L’additif présent, le NBPT (pour N-(n-Butyl) ThioPhosphoric Triamide), a la propriété d’inhiber l’hydrolyse de l’urée, et donc de ralentir sa transformation en ion ammonium (NH4+). Limus© est composé de deux molécules : le NBPT et le NPPT. Ce dernier est, comme le NBPT, un inhibiteur d’uréase mais qui cible une autre catégorie de cette enzyme.
Concernant les produits testés depuis au moins trois ans (Nexen, Utec 46 et urée + Limus), les résultats convergent. En situation de moindre performance de l’urée par rapport à l’ammonitrate (rendement et teneur en protéines), l’imprégnation d’urée avec un ou plusieurs inhibiteurs d’uréase permet de maintenir son efficacité au niveau de celle de l’ammonitrate pour le rendement. Pour la teneur en protéines, elle conduit parfois à une performance en léger recul (pas toujours significatif mais largement supérieure à celle de l’urée).
Si on considère toutes les situations, les trois produits testés affichent une performance légèrement meilleure que l’ammonitrate sur le rendement, tout en maintenant une teneur en protéines au même niveau.
Concernant Novius, les résultats disponibles sont encore peu nombreux et présentent peu de situations où l’efficacité de l’urée est mise en défaut par rapport à celle de l’ammonitrate. Il n’est donc pas encore possible de conclure.
Azokeep et AgroTain améliorent les performances des solutions azotées
Azokeep© (Jouffray Drillaud) et AgroTain© (Koch Fertilizer Products SAS) sont des additifs liquides extemporanés pour la solution azotée. Ils se composent de NBPT, ayant la propriété d’inhiber l’hydrolyse de l’urée, et donc de ralentir sa transformation en ion ammonium (NH4+). Selon la bibliographie internationale, cet additif devrait diminuer les pertes par volatilisation ammoniacale et ainsi prodiguer une meilleure efficacité à la solution azotée. L’homologation d'Azokeep© est annoncée pour le premier trimestre 2017 ; pour AgroTain©, la date n’est pas encore connue.
Un troisième produit, également en attente d’autorisation de mise sur le marché, a fait l’objet d’expérimentations : Limus© (BASF) qui contient du NBPT associé à un autre inhibiteur d'uréase, le NPPT.
Les résultats d’Azokeep© et d’AgroTain © convergent vers un positionnement intermédiaire de la solution azotée + additif entre la solution azotée solo et l’ammonitrate.
Ce dernier reste l’engrais le plus performant à la fois pour le rendement et la teneur en protéines. Par rapport à la solution azotée solo, l’ajout d’inhibiteur d’uréase engendre un gain significatif de teneur en protéines. Une légère tendance à un meilleur rendement semble se dessiner mais n’est pas confirmée statistiquement.
Concernant les résultats de la solution azotée + Limus©, il n’est pas encore possible d’avancer de conclusions, étant donné le caractère atypique de l’année 2016. Rendez‐vous en 2017 pour de nouveaux résultats.
Engrais avec additif microbien : des résultats à confirmer
Commercialisé depuis 2014, Fertévie-Wake® 1,8 % Azo 18 (Fertemis/Lallemand Plant Care) intègre un additif microbien - le Fertevie-Wake - à base de levure Saccharomyces cerevisiae inactivée. Selon la firme, cet additif stimulerait l’ensemble de la flore du sol, entraînant une accélération des phénomènes de minéralisation des matières organiques (pailles, résidus végétaux, produits résiduaires organiques). Il améliorerait ainsi l’implantation, la nutrition et la croissance des cultures. Il est préconisé pour un apport au stade tallage à 50 kg N/ha.
Les premiers résultats d'essais laissent entrevoir un meilleur rendement, bien que la significativité statistique du regroupement ne le confirme pas (effet significatif sur quelques essais individuels). Par contre, un effet négatif significatif sur la teneur en protéines est mis en évidence.
Par ailleurs, aucun impact significatif du fractionnement n’a été mis en évidence, confirmant que l’effet du produit n’est pas dû à un apport plus important d’azote au tallage. Au vu du caractère atypique de l’année 2016, il est nécessaire de réitérer les essais en 2017.
Réagissez !
Merci de vous connecter pour commenter cet article.