Résultats d’essais

En système bovin naisseur, l’autonomie protéique va de pair avec rentabilité et résilience

Les naisseurs sont parmi les plus autonomes des systèmes bovin viande. Augmenter encore ce niveau, via l’introduction de luzerne, la finition de certains animaux au pâturage et des « méteils » de protéagineux est bénéfique pour l’environnement et les résultats économiques, à production de viande inchangée. Le tout sans augmenter le travail, selon la simulation réalisée sur un cas d’étude du Centre-Val de Loire dans le cadre du projet Cap Protéines¹.

vaches allaitantes au pâturage

Le cas d’étude est une ferme reconstituée à partir des données du réseau d’élevage Inosys sur des systèmes naisseur Charolais dans le Centre, avec une performance optimisée. Il présente une autonomie protéique initiale de 92 % : 92 %2 des protéines consommées par les 110 mères et leur suite proviennent de l’exploitation de 220 hectares (figure 1).

Figure 1 : Structure et assolement du cas-type naisseur Charolais en Centre-Val de Loire
Figure 1 : Structure et assolement du cas-type naisseur Charolais en Centre-Val de Loire

Semis des prairies sous couvert de méteil, introduction de luzerne et augmentation du pâturage

Des échanges entre experts de l’Institut de l’élevage (Idele), d’ARVALIS et de la Chambre d’agriculture de l’Indre ont permis d’identifier une combinaison de leviers d’autonomie protéique adaptés au contexte de production. Ces leviers sont choisis de sorte à maintenir l’effectif, la production et la gestion du troupeau3. Contrairement aux autres systèmes d’élevage étudiés dans le projet, la gestion du pâturage évolue :

  • Les prairies voient leurs surfaces augmenter de 2 ha et leur durée s’allonger : 4 ans contre 3 ans pour une partie d’entre elles. Les prairies de 4 ans sont semées sous couvert de méteil de protéagineux, permettant ainsi d’enrichir en protéines et d’augmenter le rendement de la première coupe, en ensilage. De plus, 3 ha de luzerne sont introduits pour produire de l’enrubannage et du foin et les 8 ha de maïs fourrage sont supprimés. Les surfaces de céréales à paille et oléoprotéagineux augmentent de presque 3 ha (- 1,6 ha de blé mais + 4,4 ha de triticale). Toutes les génisses, une partie des réformes et le taureau sont désormais finis au pâturage plutôt qu’à l’auge. L’ensilage de maïs et l’aliment BV 27 % de matière azotée totale (MAT) sont supprimés de l’alimentation des animaux, au profit des fourrages et des céréales autoproduits. L’autonomie protéique monte à 98 % (+ 6 points).

L’introduction des nouvelles espèces fourragères est conditionnée par la disponibilité de matériel, en prestation ou non, pour la récolte, ainsi qu’à la réussite de leur conduite.

Une baisse de l’impact environnemental pour une charge de travail stable

La combinaison de leviers diminue les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 1 % pour les productions animales. Les émissions de GES des productions végétales reculent de 3 % grâce à la diminution de la fertilisation minérale, qui passe de 62 à 60 kg N/ha/an. L’indice de fréquence de traitement (IFT) est stable.

La charge de travail est inchangée, tandis que la consommation de carburant augmente très légèrement.

Un EBE systématiquement à la hausse et une résilience améliorée

Les indicateurs économiques ont été calculés au regard de trois conjonctures de prix :

  • année 2020, correspondant à un niveau de prix intermédiaire ;
  • année 2022 : prix hauts pour l’approvisionnement et la vente ;
  • « effet ciseaux » : projection avec des prix de vente en baisse (2021) et des prix d’approvisionnement hauts (2022).

L’excédent brut d’exploitation (EBE) des simulations est en hausse de 4 à 7 % par rapport à la situation initiale, selon la conjoncture de prix. Les charges opérationnelles animales diminuent et contrebalancent l’augmentation des charges sur les surfaces cultivées. En parallèle, le produit brut augmente légèrement via les productions végétales : même si la sole totale de céréales diminue, la surface dédiée à la vente augmente.

De plus, le système devient plus résilient face aux aléas climatiques grâce aux nouvelles conduites. L’exploitation est également moins exposée aux fluctuations de prix de marché puisqu’elle diminue ses approvisionnements en engrais minéraux et aliments achetés.

Pour en savoir plus, consultez la simulation avec luzerne, méteil et finition au pâturage.

Retour vers l'article de synthèse générale.

1 Cap Protéines est le volet de recherche-développement du Plan Protéines 2030 – la traduction dans France Relance que la souveraineté protéique est devenue un enjeu stratégique national.
2 Pour mesurer l’évolution des performances de cette ferme-type, les outils SYSTERRE, SIMULBOX, CAP2ER® et DEVAUTOP ont été utilisés.
3 La gestion de troupeau se caractérise notamment par le nombre et type d’animaux, ou la durée de leur présence

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