Désherbage du maïs : quelles stratégies envisager ?

En cas de pression graminées, même faible, miser sur un premier passage en prélevée ou post très précoce (2-3F).

Sur des densités faibles à modérées en panic, sétaires et digitaires (PSD), l’usage de chloroacétamides en prélevée n’est pas indispensable. D’autres solutions racinaires existent et permettent de diversifier les modes d’action et préserver les solutions chloroacétamides.

En cas de présence de ray-grass ou de forte pression PSD, l’usage de chloroacétamides est indispensable, avec une base dmta-p.

Des programmes de désherbage selon la flore et la pression adventices

Les programmes de désherbage vont dépendre en premier lieu de la pression en graminées. En présence de graminées, même à des pressions faibles, il est recommandé d’effectuer une application de prélevée ou de postlevée très précoce (2 feuilles). Lorsque les densités de graminées PSD sont faibles à modérées (< 20 pl/m²), il n’est pas toujours nécessaire d’utiliser des chloroacétamides (dmta-p, s-métolachlore, péthoxamide). Leur usage est à réserver à des pressions fortes en graminées et/ou en présence de ray-grass.

Le type de dicotylédones influence également le choix des produits dans les programmes, pour gérer, notamment, les plus difficiles.

Tableau 1 : Proposition de 7 stratégies de programmes selon la flore présente

Des conditions d’efficacités des racinaires de prélevée réunies mais restez attentifs aux graminées !

Pour les parcelles désherbées en prélevée, les conditions d’efficacité des herbicides racinaires sont bonnes, ces solutions devraient avoir une efficacité correcte sur graminées. Néanmoins, sur ces parcelles semées « tôt », la durée de levée longue (trois semaines) appelle tout de même à la vigilance quant à la rémanence des produits appliqués. L’erreur serait de baser le rattrapage sur le stade foliaire du maïs. Or, il convient d’intervenir sur adventices très jeunes (<1-2 feuilles) pour avoir une efficacité intéressante : l’observation des levées doit piloter l’intervention de rattrapage. Cela est d’autant plus vrai sur graminées et dicotylédones difficiles.

Pour le rattrapage, il faut différencier les situations :

• Cible dicotylédones classiques (chénopodes, morelles, amarantes…) : les tricétones seules ou associées aux sulfonylurées permettent en général de gérer les infestations.
• Cible dicotylédones classiques et difficiles (renouées, mercuriales) : compléter le programme avec une sulfonylurées type prosulfuron ou tritosulfuron (tableau 2).

Tableau 2 : Exemples de possibilités de postlevée et efficacité sur dicotylédones difficiles

• Cible complexe de dicotylédones et de graminées : les produits les plus efficaces sont ceux à base de foramsulfuron (Monsoon 1 l si pas d’Adengo Xtra en prélevée, Equip 2 l) et/ou de thiencarbazone-méthyl (Capreno 0,25 l – et Monsoon). Sur adventices jeunes (et non résistantes), l’efficacité est satisfaisante, et les relevées tardives peuvent encore être gérées par un second passage plus tardif (ex. Monsoon fractionné à 1 l, puis 0,5 l). Sur adventices développées (3 feuilles et plus), il est possible de monter jusqu’à la dose homologuée en produit solo, ou alors d’envisager une association en respectant la dose de 75 g/ha de foramsulfuron. Malgré tout, sur ray-grass résistants, l’efficacité ne sera pas totale.
• En cas de vivaces, on peut bien compléter sans risque majeur de phytotoxicité une tricétone avec Banvel 4S, Kart, Casper, Conquerant ou Lontrel (dans ce cas sans huile) pour maîtriser à la fois les dicotylédones annuelles développées et vivaces (liserons, rumex, chardons…). Les interventions avec ces spécialités anti-vivaces pourront être réalisées à pleine dose jusqu’à 6 feuilles du maïs, limitées à 1/3 de la dose au-delà de ce stade (consulter toujours l’étiquette du avant intervention qui décrit les conditions d’emploi du produit).

Une possibilité avec le passage de post-précoce à 2-3 feuilles du maïs

Pour les parcelles n’ayant pas été désherbées à ce jour, il est recommandé en cas de graminées attendues de réaliser un désherbage de postlevée précoce, au stade 2-3 feuilles du maïs. Une intervention plus précoce sur des maïs au stade pointant est à proscrire pour éviter tout risque de phytotoxicité. Cette stratégie apporte l’avantage de gagner en persistance d’action, mais la fenêtre de tir est courte et nécessite de connaître : les adventices présentes, leurs stades, et les adventices encore à émerger. Comme pour les applications de prélevée, cette stratégie nécessite de réaliser l’intervention sur sol frais, avec une pluviométrie suffisante après l’application, et en plus, de bonnes conditions d’application (températures 10-20°C et hygrométrie > 70 %) pour les matières actives à mode d’action foliaire.

Tableau 3 : Exemples de stratégies de postlevée deux passages sur dicotylédones classiques et difficiles

Et si une forte pluie survient après l’application ?

L’abat d’eau va entraîner l’herbicide plus en profondeur, quelle que soit la molécule utilisée. D’une part, celui-ci ne bloquera pas la germination des adventices situées dans les premiers centimètres (manque d’efficacité) ; et d’autre part, s’il s’arrête à hauteur des semences de maïs, il va pouvoir être absorbé par celles-ci qui entrent en germination et provoquer des phytotoxicités. Toutefois, si l’orage a été très fort, il se peut que le produit soit même descendu plus bas que les graines de maïs et dans ce cas : pas de phytotoxicité mais pas d’efficacité non plus !