Désherbage des céréales : miser sur l’agronomie avant d’entamer les semis
Lors de la campagne céréales 2023/2024, les échecs de désherbage ont été assez répandus en céréales
En cas de forte infestation : réintroduire un labour occasionnel pour juguler les graminées
Lorsque l’on est confronté à une pression croissante de graminées – vulpins, ray-grass, bromes…, le labour est un des leviers les plus efficaces. Positionné après un échec de désherbage, il permet d’enfouir les graines produites pour empêcher leur émergence les années suivantes. Ce levier fonctionne sur les espèces dont les graines persistent peu dans le sol – essentiellement les graminées et dans une moindre mesure le séneçon. Il convient d’attendre 4 ans avant le prochain labour afin de ne pas remonter de graines encore viables à la surface. Le fait de labourer occasionnellement ne va pas anéantir tous les effets bénéfiques des techniques sans labour et peut sauver une situation à la dérive en matière de désherbage.
Réaliser des faux-semis : oui…, mais
La technique des faux-semis consiste à réaliser un déchaumage très superficiel et à rappuyer le sol pour faire lever des graines d’adventices à l’interculture. Elle n’est pertinente que si les graines sont aptes à germer lors de l’intervention. Avant les semis d’automne, cela suppose donc de viser une flore susceptible de lever en fin d’été - repousses de culture précédente (céréale, colza, pois …), bromes, séneçon, et dicotylédones estivales comme les renouées, mercuriale, amarantes et chénopodes, géranium, véronique de Perse... La technique fonctionne sur cette flore sous réserve d’avoir une météo propice. Cette année, les pluies régulières de l’été sont plutôt favorables à sa mise en œuvre. L’efficacité vis-à-vis des vulpins et ray-grass est beaucoup moins évidente car les graines de ces graminées vont germer surtout à partir de septembre – octobre.
En non-labour, arrêter le travail du sol trois semaines avant semis
Avant un semis d’automne, en l’absence de labour, il est impératif d’arrêter les déchaumages trois semaines avant le semis sous peine de dynamiser des levées d’adventices au-delà du semis de la culture. Les essais travail du sol ARVALIS montrent que plus on perturbe le sol juste avant semis, plus on s’expose à des levées dans la culture qui suit. Autrement dit, dans les parcelles les plus sales, il est préférable de labourer avant de passer un combiné herse rotative - semoir ou alors de semer avec un semoir adapté pour le semis direct qui perturbe très peu le sol et travaille juste la ligne de semis.
Retarder le semis de 10 à 15 jours sur les parcelles les plus sales
Afin de pouvoir actionner ce levier des faux-semis sur ray-grass et vulpin, il s’avère payant de décaler la date de semis d’une quinzaine de jours après la période de semis recommandée. Les essais ARVALIS montrent une très bonne efficacité de ce levier sur ces graminées, avec une réduction du salissement de 40 à 75 % en semis décalé à début novembre comparé à un semis du 20 octobre. Cette recommandation ne concerne que les parcelles les plus sales dans lesquelles un semis précoce conduira à une impasse de désherbage.
Une règle d’or : semer sur une parcelle propre !
Le jour du semis, on ne doit constater aucun repiquage suite au passage du semoir. Cela suppose d’avoir correctement nettoyé la parcelle avant de semer.
Les levées tardives doivent être détruites préalablement au semis, soit chimiquement soit par travail du sol : enfouies par le labour juste avant semis, ou par déchaumage mais dans ce cas, viser trois semaines avant semis.
Prudence quant aux destructions avec un désherbant non sélectif en post semis !
En technique de semis direct, il peut paraître séduisant de semer en direct dans les repousses et de détruire celles-ci postérieurement au semis. Attention toutefois à cette stratégie périlleuse : en cas d’impossibilité de passage aussitôt après semis, si la météo est perturbée, le risque est de se faire piéger et de ne plus pouvoir désherber la parcelle à temps avant la levée de la culture. Il sera alors impossible de gérer le couvert et les adventices associées, car les stades des plantes seront trop développés pour pouvoir être maîtrisés par le désherbage sélectif de la culture.
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