Désherbage de rattrapage des céréales : vérifier les délais avant récolte
Si un désherbage de rattrapage au printemps s'avère nécessaire, il faut vérifier au préalable les délais avant récolte des produits utilisés, en particulier pour les interventions après le stade 2 nœuds des céréales.
La gamme des herbicides disponibles pour des interventions au-delà du stade 2 nœuds des blés est restreinte, sauf pour quelques dicotylédones printanières et quelques vivaces. Ces possibilités d’utilisation doivent bien entendu tenir compte, si cela est mentionné, du Délai Avant Récolte (DAR), exprimé en jours, ou bien, pour les produits récemment homologués, d’un stade de culture exprimé en BBCH.
En présence de dicotylédones
La plupart des dicotylédones annuelles restées dans les cultures depuis l’hiver, comme les véroniques ou les pensées, sont à des stades trop développés pour être détruites facilement, surtout si aucun herbicide n’a été appliqué auparavant. A ce stade, leur nuisibilité est essentiellement indirecte (semences pour les cultures suivantes), la nuisibilité directe s’étant déjà exprimée. Il est inutile de les cibler, sauf pour les parcelles où ces adventices sont à un stade jeune.
Les gaillets doivent en revanche être contrôlés, leur nuisibilité directe étant encore trop élevée. A des stades développés, il est préférable de choisir des produits à base de fluroxypyr qui seront plus efficaces que des spécialités à base d'inhibiteurs de l'ALS. Les solutions à base de fluroxypyr seul permettent de contrôler, en plus, d’autres dicotylédones comme les renouées et les rumex (de semis ou vivaces). Associé à du florasulame (dans Starane Gold) par exemple, cela permettra d’élargir le spectre avec le contrôle de crucifères (actuellement en floraison dans les céréales), des matricaires, voire des coquelicots.
Le fluroxypyr associé à des inhibiteurs de l'ALS (metsufluron + thifensulfuron), comme dans Omnera LQM par exemple, permet également de contrôler ces adventices (matricaires, coquelicots, renouées) mais également le chardon, qui est au bon stade (boutons accolés, environ stade 2 nœuds de la céréale).
En présence uniquement de vivaces - chardon, rumex, liseron des champs -, les traitements au-delà du stade 2 nœuds permettent de les détruire sans les éradiquer totalement. La lutte contre ces vivaces se raisonne également sur la rotation, en mettant à profit l’interculture.
En présence de graminées
À ce stade, l’intervention ciblera davantage les folles avoines que le vulpin ou le ray-grass. Ces derniers sont à des stades trop avancés, et compte tenu des populations résistantes souvent présentes, l’application a peu de chance d’être efficace. Dans ce cas, la stratégie est de mobiliser tous les leviers possibles entre l’interculture et l’implantation de la culture suivante (faux-semis, travail du sol, décalage de la date de semis si possible, etc.).
Vigilance sur les mélangesUne intervention herbicide prévue entre les stades 2 nœuds et dernière feuille étalée (DFE) peut être l’occasion d’optimiser le passage en associant un fongicide, etc. Même si le mélange est autorisé réglementairement, il peut poser des problèmes dans certains cas. Plusieurs cas de stérilités des épis sur blé ont été signalés durant les campagnes passées dans plusieurs régions, avec pour origine présumée un mélange metsulfuron + fongicides.
Les investigations ont révélé qu’une conjonction de trois facteurs peut provoquer des stérilités d’épis, sans que ce soit systématique :
- l’application de metsulfuron en mélange avec un fongicide (de type Librax ou Elatus et du tébuconazole). Dans le cas de passages sans mélange des deux, aucun problème n’a été identifié ;
- réalisée autour de dernière feuille étalée (stade « méïose ») ;
- avec des températures fraîches/froides (< 5°C) le jour de l’application et les jours suivants.
Il n’y a pas, à notre connaissance, de variétés plus sensibles, les variétés les plus citées par ces problèmes de stérilités les années passées étant les plus cultivées (ou avec une précocité les amenant à être au stade dernière feuille étalée pendant une période de froid). Il est donc préférable de dissocier les applications (dans ce cas précis, de spécialités à base de metsulfuron et de fongicide).
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