Désherbage : prévenir la résistance des dicotylédones
Après les résistances développées par les graminées (ray-grass et vulpin), certaines dicotylédones, en particulier le coquelicot, sont devenues résistantes à certains herbicides. Quels sont les leviers à mettre en œuvre pour réduire la sélection de populations résistantes ? Quelles sont les solutions herbicides encore possibles ?
Depuis quelques années, des populations de coquelicot résistantes aux herbicides de la famille des inhibiteurs de l’ALS (sulfonylurées par exemple) sont apparues en France. On en trouve désormais dans la plupart des régions françaises. Quelques cas de matricaires résistantes ont également été recensés en Normandie. Des premières populations de stellaires et de séneçons résistants aux inhibiteurs de l'ALS ont aussi été repérées ces deux dernières années, ainsi que quelques populations résistantes aux " dérivés auxiniques " (2.4D, MCPA).
Ces résistances aux inhibiteurs de l'ALS sont apparues à force d’utiliser cette famille d’herbicides, très efficace sur dicotylédones, une à deux fois par an sur une même parcelle. Cette fréquence est rendue possible par le fait que ce type d’herbicides est disponible sur de plus en plus de cultures de la rotation : céréales à paille, pois, féverole, maïs, tournesol et dernièrement colza.
Alterner les familles d’herbicides sur la rotation
Pour prévenir le développement des dicotylédones résistantes, l’alternance des familles herbicides utilisées constitue le premier levier d’action. Des produits qui s’utilisent à l’automne, en sortie d’hiver ou même plus tard sont tout aussi efficaces que les sulfonylurées pour gérer cette flore adventice. L’idée est donc de varier les herbicides entre chaque campagne et chaque culture de la rotation.
Plusieurs options herbicides possibles
En céréales à paille, des produits de désherbage précoce mixtes antigraminées et antidicotylédones, comme Trooper, Codix, Fosburi, Trinity ou du chlortoluron, seuls ou associés, permettent de contrôler dès l’automne à la fois les graminées, les coquelicots, les matricaires et les stellaires. Ces solutions sont à privilégier depuis la disparition des produits à base d’ioxynil.
De nouveaux produits de substitution à base de bromoxynil et de DFF (Brennus Xtra et Nessie) apportent également un spectre non négligeable sur dicotylédones à l’automne notamment sur coquelicots, matricaire et stellaires).
Des herbicides de sortie d’hiver, comme Picotop, sont également efficaces sur coquelicot en fin de tallage du blé. Associés à des antigraminées (type Axial Pratic, Atlantis ou Archipel), ils assurent un désherbage complet de la parcelle. Contre la matricaire, Bofix est également une option intéressante en sortie d’hiver.
Pour des traitements plus tardifs, au stade 1 à 2 nœuds du blé, les dérivés auxiniques telle que le MCPA ou les spécialités à base d'halauxifen présentent également de très bonnes efficacités.
Les pratiques agronomiques apportent également un plus dans le contrôle des dicotylédones. Contrairement aux graminées (vulpin, ray-grass par ex.), le labour ne sera pas très utile, voire déconseillé. En effet, le stock semencier de ces espèces est très persistant : plusieurs dizaines d’années. Il est donc recommandé de laisser les semences en surface, pour faciliter leur germination et leur destruction par l’emploi de faux-semis. Ce seront surtout les alternances de dates de semis (cultures d'automne et printemps) qui seront efficaces dans la gestion de ces dicotylédones, associées à des pratiques herbicides efficaces en culture.
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