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Ce mois-ci dans Perspectives Agricoles : comment envisager l’allongement des rotations ?

Les atouts agronomiques de l’allongement des rotations sont souvent mis en avant mais se heurtent à des difficultés pratiques de mise en œuvre. Irène Félix, ingénieure chez ARVALIS - Institut du végétal en charge du suivi des essais rotations, revient sur les étapes à respecter.

Comment envisager l’allongement des rotations ?

Perspectives Agricoles : Quelles sont les implications concrètes de l’allongement des rotations ?

Irène Félix : Si la mise en place de nouvelles cultures peut être une contrainte dans le cadre de la règlementation sur la conditionnalité, c’est avant tout une solution agronomique qui contribue à la résolution de certains problèmes techniques. Je pense notamment à la gestion des bio-agresseurs tels que la chrysomèle sur maïs, le piétin échaudage sur blé ou encore le mildiou sur pomme de terre. C’est aussi un des leviers pour le maintien du potentiel de production face à la stagnation ou au ralentissement de la progression des rendements observés en rotation trop courte.

P.A. : Quelle approche convient-il d’adopter ?

I.F. : L’aspect économique est incontournable. L’allongement de la rotation peut être considéré comme un « investissement » pour résoudre un problème agronomique identifié (qui peut être très différent d’une situation à une autre), mais il n’en reste pas moins nécessaire d’en obtenir une valorisation économique. Des opportunités existent à travers des filières de production déjà en place : légumes, lin, lentille dans les terroirs des AOC, luzerne dans l’est de la France, etc. Dans d’autres cas, la filière peut être à organiser, comme celle des plantes à biomasse.

En zone d’élevage ou dans les zones céréalières proches des zones d’élevage, il est plus facile de trouver des complémentarités entre les productions en vue de l’introduction d’espèces prairiales, connues pour leur rôle de restructuration du sol. La déshydratation ou la méthanisation peuvent favoriser l’introduction d’autres espèces pluriannuelles dans les zones à dominante céréales.

Mais attention, il ne s’agit pas de remplacer massivement une culture par une autre, comme par exemple le colza par le pois : cela ne ferait que déplacer les problèmes. Allonger les rotations consiste, en s’adaptant au contexte régional, à combiner des solutions spécifiques, parfois même ponctuelles. Les productions dites de « niche » ne sont pas anecdotiques : elles sont au cœur des solutions de diversification.

P.A. : Quels sont les préalables à la réussite de cette démarche ?

I.F. : Cela passe par une attitude volontariste. Il s’agit par exemple de ne pas négliger les cultures « mineures ». L’acquisition de références techniques et les efforts de formation sont donc indispensables, de même que la sélection de nouvelles variétés et la valorisation des usages mineurs pour les produits phytopharmaceutiques.

ARVALIS - Institut du végétal travaille ainsi sur un large panel de cultures et réalise des essais de longue durée sur l’allongement des rotations depuis les années 1980 : actuellement près de Lyon sur des rotations à base de maïs, à En Crambade (31) sur tournesol et blé dur et avec les essais système de la station de Boigneville (91). En 2015, des plateformes de systèmes agro-écologiques seront aussi mises en place dans le cadre du projet SYPPRE. Les intercultures, dont certains effets peuvent être identiques à ceux de l’allongement des rotations, offrent également de nombreuses possibilités.

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