Maladies des céréales - Les rotations fortement céréalières favorisent le piétin-échaudage
C’est un champignon qui contamine les racines des graminées. En fin de cycle, il conduit à un échaudage des épis. Aucun traitement foliaire n’est autorisé pour lutter contre le piétin-échaudage. Seul un traitement de semences peut être réalisé pour limiter le niveau d’attaque, mais la meilleure arme reste la rotation des cultures en évitant le retour trop fréquent des céréales.
Le piétin-échaudage est un champignon du sol qui dans un premier temps attaque les racines. Il est spécifique des graminées et peut être observé dès l’apparition des premières feuilles de la culture. Il survient le plus souvent derrière un précédent blé, mais il peut également se développer sur un blé assolé, sur orge ou triticale. Toutes les espèces ne présentent pas la même sensibilité : blé dur > blé tendre > orge > triticale > seigle. Il est fréquent d’observer des symptômes sur les andains de paille du précédent. Les pertes de rendement peuvent atteindre 50 % dans les cas les plus graves.
Des racines nécrosées
En sortie d’hiver, les plantes présentent une faible croissance associée à un mauvais tallage. Les feuilles jaunissent parfois par la pointe. Cependant, pour confirmer le diagnostic, il faut prélever les plantes les plus touchées avec leurs racines, puis laver soigneusement les racines. Les plantes présentent généralement quelques racines nécrosées, partiellement ou en totalité. La présence de piétin-échaudage peut se limiter à la présence de quelques taches noires ou brunes. La comparaison avec les racines de plantes saines confirme l’observation. A l’épiaison, les plantes atteintes sont de couleur blanche (paille sèche), et les épis sont blancs et desséchés. C’est un symptôme caractéristique de l’échaudage. Contrairement au piétin-verse où quelques épis isolés sont échaudés, le piétin-échaudage provoque l'échaudage complet de la plante.
Pas de solution en végétation
Les dégâts provoqués peuvent être importants, jusqu’à 50% de pertes de rendement. Aucun traitement foliaire n’est actuellement autorisé pour lutter contre le piétin-échaudage. Il est donc primordial de ne pas laisser s’installer en utilisant tous les leviers agronomiques existants : rotation des cultures, destruction des repousses et des adventices, broyage des résidus...
Une solution en protection de semence
Une matière active, (silthiofam) présente une activité contre le piétin échaudage en traitement de semence. Cette efficacité n’est pas totale (maximum 60 %) mais permet de contrôler suffisamment le piétin dans un grand nombre de situations. Pour tous les blés sur blés, il est conseillé d’utiliser ce traitement de semences. Par ailleurs, afin de limiter le risque d’apparition de résistance, il est interdit d’utiliser sur une même parcelle des semences traitées avec le silthiofam deux saisons consécutives.
Détruire les graminées adventices et allonger la rotation
Les rotations avec un retour fréquent de céréales sont favorisantes, en particulier lorsqu’elles se succèdent. Les blés sur blé sont les plus exposés. En effet, le piétin-échaudage est un faible compétiteur. Pour assurer sa survie, il recherche le plus vite possible un support vivant. Ses capacités de survie en saprophyte sur les racines contaminées sont limitées. L’année suivant l’attaque, il est donc préférable d’éviter les céréales à paille.
Broyer et répartir les andains de paille
Un autre levier d’action pour limiter les attaques consiste à broyer finement les résidus de paille et à rappuyer les sols soufflés après le semis.
Eviter les semis précoces
Le piétin-échaudage est favorisé par un climat doux et pluvieux à l’automne. Aussi, les semis tardifs de fin novembre ou décembre sont généralement moins exposés aux attaques car les températures sont plus froides à cette époque.
Attention aux remontées trop rapides de pH
Lorsque les apports d’amendements calcaires sont trop importants, la flore antagoniste du piétin-échaudage est détruite ce qui permet au champignon de s’installer. Un pH voisin de 6 est considéré comme optimum sur l’ensemble des grandes cultures.
La contamination primaire débute en fin d’été à partir de l’inoculum du champignon présent sur les résidus de récolte des céréales ou des graminées adventices. Le mycélium entre alors en contact avec les racines de la culture en place, infectant d’abord les poils absorbants et les radicelles. C’est à l’automne qu’a lieu l’infestation primaire des racines. L’activité du champignon s’arrête généralement en hiver pour reprendre au printemps avec le réchauffement du sol. Le champignon progresse alors dans les racines et passe aux plantes voisines. En fin de cycle, lorsque le manque d’eau commence à se faire ressentir, le champignon détruit progressivement les racines et la base des tiges perturbant la circulation de la sève et l’alimentation de la plante en eau et éléments nutritifs. Un manchon noir se forme à la base des tiges, où se déroule la phase d’initiation de la phase sexuée du champignon.
Réagissez !
Merci de vous connecter pour commenter cet article.